Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
ADO

dolphe éprouvait affaiblit le souvenir de celles qu’il avait commises. L’Allemagne se divisa ; Adolphe parvint à réunir une armée supérieure à celle de son compétiteur, et le parti d’Albert semblait avoir tout à craindre ; mais ce dernier, trompant son ennemi par de faux rapports, l’enveloppa prés de Gelheim, dans les environs de Worms, et, le tuant de sa propre main, devint ainsi, de rebelle, souverain légitime. Adolphe périt le 2 juillet 1298 ; il avait combattu avec tant de bravoure, que l’auteur de sa perte, l’archevêque de Mayence, ne put s’empêcher de s’écrier en voyant son corps : « L’Allemagne a perdu en ce jour le plus brave chevalier de son siècle. » Adolphe fut enterré d’abord à Rosenthal, près du champ de bataille ; mais une destinée singulière mêla ensuite ses cendres à celles de son ennemi : Albert et Adolphe, transportés à Spire, et placés d’abord dans deux cercueils séparés, reposent ensemble confondus et paisibles, depuis la destruction de la cathédrale de cette ville. Adolphe avait essayé, dans les premiers moments de son règne, de marcher sur les traces de Rodolphe de Habsbourg. Il avait tenté de se créer des appuis par des alliances et des mariages. Il avait rappelé dans une diète les ordonnances de Rodolphe sur la paix publique. Il voyageait fréquemment pour juger par lui-même de l’état de l’Empire. Ses premières fautes ne vinrent peut-être que de la disproportion qui existait entre sa situation et ses moyens. Faible, il appela au secours de sa faiblesse la duplicité et l’injustice. Engagé dans cette route, il ne put s’arrêter ; il alla d’erreurs en erreurs, de crimes en crimes ; il en fut sévèrement puni ; et ce qu’il y a de triste, c’est que, ses peuples, qu’Albert n’opprima pas moins que lui, ne gagnèrent rien à sa punition. B. C-t.


ADOLPHE X, comte de Clèves et de la Marche, 2e fils d’Adolphe IX, comte de la Marche, et de Marguerite, fille de Théodoric X, comte de Clèves, était encore fort jeune lorsqu’il fut élu à l’évêché de Munster en 1357. Il se fit d’abord chérir de ses sujets ; mais s’étant mêlé des querelles de ses voisins, il attira dans ses États la guerre et ses désastres ; ce qui le rendit bientôt odieux. Guillaume de Gennep, archevêque et électeur de Cologne, étant mort en 1362, le pape Urbain V nomma Adolphe de Clèves archevêque, contre son gré et sans l’assentiment du chapitre de Cologne, qui ne tarda pas à accuser le nouveau primat de prodigalité et d’inconduite. Adolphe fut cité à comparaître devant le saint-père à Avin ; mais soit qu’il se défiât de ses moyens de défense, soit qu’il fût las de l’état ecclésiastique, il se démit de son archevêché, et épousa Marguerite, fille de Gérard, comte de Juliers et de Berg, qu’il aimait depuis longtemps, et qui avait été destinée d’abord à prendre le voile. Jean, comte de Clèves, étant mort sans enfants mâles, sa succession fut dévolue à Adolphe par l’empereur Charles IV, et il hérita pareillement du comté de la Marche, à la mort de son frère aîné, Engelbert, arrivée en 1392. On lui attribue l’institution de l’ordre des Fous, qui n’a subsisté que peu de temps, et qui n’avait guère d’autre but que d’entretenir l’union parmi les gentilshommes du pays de Clèves. Les chevaliers portaient sur leurs manteaux un fou brodé en argent. Le dimanche après la fête de la St-Michel, ils se rassemblaient à Clèves, faisaient des banquets a frais communs, et s’appliquaient à terminer les différends survenus entre eux. Adolphe mourut à Clèves le 7 septembre 1394, laissant plusieurs fils, dont l’aîné, Adolphe, fut élevé au rang de duc de Clèves. G-t.


ADOLPHE Ier, duc de Clèves, fils du précédent, né en 1371, surnommé le Victorieux, à cause des nombreuses victoires qu’il remporta, dut le titre de duc et de prince de l’Empire à la reconnaissance de l’empereur Sigismond, qui le lui conféra en 1417, au concile de Constance, pour le récompenser des services qu’il lui avait rendus. À peine revêtu de ces nouvelles dignités, Adolphe eut une longue guerre à soutenir avec son frère Gérard, qui s’opposa, en 1418, à la réunion des pays de Clèves et de la Marche. L’électeur palatin ayant rendu en 1425 une sentence fort avantageuse à Gérard, Adolphe mécontent en appela au pape, qui designa pour médiateur l’évêque de Cambray. La sentence de celui-ci n’ayant favorisé que le duc de Clèves, la guerre éclata de nouveau entre les deux frères ; elle dura dix ans, et se termina, en 1437, par un congrès où tous les différends furent enfin arrangés. En 1399, Adolphe avait épousé Agnès, fille de l’électeur palatin Ruperti ; cette princesse étant morte sans enfants deux ans après, le duc de Clèves épousa Marie, fille de Jean l’Intrépide, duc de Bourgogne. Ce mariage, en étendant ses États et son pouvoir, assura le bonheur de ses nouveaux sujets : sa piété, sa justice et sa fidélité étaient si reconnues, que sa simple parole avait plus de poids que les traités les plus solennels. Il mourut le 19 septembre 1448. G-t.


ADOLPHE VIII, duc de Sleswig, fils de Gérard, comte de Holstein, de la famille de Schaumbourg, n’avait que trois ans lorsqu’il perdit son père, tué dans une bataille. Élevé à la cour de l’empereur Sigismond, il montra une sagesse prématurée et un grand mépris pour le luxe. Marguerite, reine de Danemark, ayant voulu un jour attacher elle-même au cou de ce jeune prince un collier de perles, il jeta cette parure avec une sorte d’horreur, ce qui fut regardé a la cour comme un signe fâcheux. Ce fut en 1440 qu’il reçut du roi de Danemark l’investiture du duché de Sleswig. Le sage Adolphe ne s’occupa depuis que du bonheur de ses sujets : il étouffa leur esprit de révolte en leur donnant des lois. Après la mort de Christophe de Bavière, la couronne de Danemark lui fut offerte par les grands et le peuple ; mais il refusa, en disant que ce fardeau était au-dessus de ses forces ; il désigna Christian Ier, fils de sa sœur Hedwige, que les Danois couronnèrent en 1448. Adolphe mourut en 1459, estimé de ses contemporains, et chéri de ses sujets. B-p.


ADOLPHE, fils unique d’Arnold, duc de Gueldre, naquit en 1438. Dès son enfance, il montra une résistance formelle aux volontés de son père. Catherine de Bourbon, sa mère, femme méchante que le duc avait répudiée, le fortifia dans ses mauvaises