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ADO

où la vieillesse indigente trouva un asile. Il établit une compagnie d’assurance, et fit réparer les fortifications de la Finlande ; mais l’acharnement des factions ne s’était pas apaisé, et les atteintes que portaient continuellement les états et le sénat à l’autorité royale entravèrent plus d’une fois ses projets d’améliorations. Obligé de permettre que le sénat se servit du sceau royal, lorsqu’il refusait sa signature, il ne lui resta bientôt plus qu’une ombre d’autorité. Cependant ces usurpations excitèrent l’indignation de quelques grands du royaume, et un complot se forma pour soustraire le roi a cette humiliante dépendance ; mais ce complot fut découvert au moment de l’exécution, et les conjurés furent arrêtés et livrés a la question par la faction aristocratique connue sous le nom de parti des chapeaux. Les états firent nommer une haute cour de justice qui les condamna à être décapités, pour avoir voulu rétablir l’autorité arbitraire, à laquelle Ulrique, sœur de Charles XII, avait renoncé à son avènement, Le comte de Brahe, le baron de Horn, et plusieurs autres seigneurs subirent leur jugement, malgré les sollicitations auxquelles le roi et la reine ne dédaignèrent pas de s’abaisser pour les arracher à la mort. Le triomphe du parti dominant mit le comble à son audace, et acheva de plonger l’autorité royale dans le dernier avilissement. L’influence des cours étrangères ne servit qu’a prolonger les dissensions. Tandis que la France, cherchant à entretenir la mésintelligence entre la Russie et la Suède, demandait que cette dernière puissance s’unit au Danemark, l’Angleterre s’efforçait de diminuer l’influence de la France, par la distribution de quelques faibles libéralités dans le parti des bonnets ; mais les sommes promises hautement par cette dernière puissance, à titre de subsides, assurèrent l’influence de sa politique, et le roi se jeta entièrement dans son parti. Ce fut par les conseils du cabinet de Versailles qu’il abdiqua la couronne, le 12 décembre de la même année, et la reprit huit jours après, lorsque la convocation des états eut été décidée. À cette diète, ouverte le 17 avril 1769, quelques chefs du parti des chapeau, qui penchaient pour la couronne, parurent d’abord l’emporter ; mais les principaux nobles, excités par l’Angleterre et la Russie, suspendirent les résultats de la révolution préparée en faveur du pouvoir monarchique. Le roi ne montra pas d’ailleurs assez de fermeté ni de résolution. Près de la vieillesse, né avec un caractère paisible et presque indolent, et effrayé d’une tentative périlleuse, il se contenta d’envoyer son fils Gustave à Paris, afin de régler, avec le ministère français la marche qu’il serait convenable de suivre pour substituer à la constitution existante une monarchie plus absolue ; mais il mourut pendant le voyage de son fils, en février 1771, laissant ce jeune prince l’exécution de ses projets. (Voy. Gustave III.). B-p.


ADON (Saint), archevêque de Vienne, en Dauphiné, naquit dans le Gâtinais, vers l’an 800, d’une famille ancienne. Élevé dans l’abbaye de Ferrières, il s’y consacra à la vie monastique, et passa quelque temps au monastère de Prum, ou il éprouva des contrariétés. Il alla alors voyager en Italie, séjourna cinq ans a Rome, et partout amassa des matériaux pour les ouvrages qu’il composa depuis. St. Remi, archevêque de Lyon, le retint à son retour, et, après l’avoir employé dans son diocèse, le fit élire archevêque de Vienne, en 860. Le pape Nicolas lui envoya le pallium. Adon ne changea rien à l’humilité de sa vie chrétienne. Son clergé attirait sa principale attention. Il fit aussi de sages règlements pour la décence du culte, fonda des hôpitaux, parut avec éclat dans divers conciles, et en tint lui-même plusieurs à Vienne pour maintenir la pureté de la foi et des mœurs. Adon mérita la confiance des papes Nicolas Ier, Adrien II, et l’estime des rois Charles le Chauve et Louis II, qui déférèrent souvent à ses avis. Il eut aussi part aux affaires publiques ; et lorsque Lothaire voulut renvoyer la reine Thietberge, il fit à ce prince les plus fortes représentations pour l’en détourner. Il mourut le 19 décembre 875, à 76 ans. L’Église de Vienne a toujours honoré sa mémoire. La longue carrière d’Adon fut remplie par les devoirs de la religion, de l’épiscopat, et par l’étude des lettres et surtout de l’histoire. Il est auteur : 1° d’une Chronique universelle, commençant à la création du monde, et divisée en six âges : elle a longtemps fait autorité pour les premiers temps de l’histoire de France. On voit qu’Adon connaissait les bons auteurs ; mais le défaut de critique lui a fait mettre beaucoup de confusion dans son ouvrage, qui fut imprimé à Paris, en 1512, 1522, in-fol. ; 1561, in-8o ; Rome, 1745, in-fol. 2" D’un grand et d’un petit Martyrologe. Le 1er fut bien accueilli, parce qu’il était dans un meilleur ordre que ceux qui avaient déjà paru, qu’il ne laissait point de jours vides, et qu’on y trouvait d’assez longs extraits de la vie des saints. On remarque qu’Adon a, le premier, inséré dans la liste des fêtes celle de la Toussaint ; qu’il a préféré les anciens actes de St. Denis à la fabuleuse histoire fabriquée par Hilduin ; qu’il ne confond point Ste. Marie-. Madelaine avec la pécheresse de l’Évangile, et qu’a l’exemple des Grec, il donne le nom de Dormition à l’Assomption de la Ste. Vierge. La meilleure édition est celle qu’a donnée Rosweide, Anvers, 1613 ; Paris, 1645, in-fol. C’est la même qui est dans la Bib. des Pères[1]. Ces deux ouvrages annoncent

  1. La première édition du Martyrologe d’Adon fut publiée à Venise en 1534 par L, Lippomani (voy. ce nom) ; mais il ne connut pas le vrai nom de l’auteurr. Trompe par une lettre mise à la tête de son manuscrit, et qui portait pour suscription : Epistola Adanis archæpicope trevirensis, il donna cet ouvrage sous le nom d’Udon ou Odon de Treres, que Grégoire VII employa en 1078, en qualité de legat pour négocier la paix entre Henri et Rodolphe. J. Mosander, ou Macsman, religieux de l’ordre des chartreux, ayant recouvré quatre manuscrits que Lippoman n’avait point vus, donna en 1581 une seconde édition beaucoup plus correcte, et il la fit réimprimer à Cologne en 1586. La troisième édition esr celle de Rosweyde. (Voy. ce nom.) Outre les manuscrits dont Mosander avait fait usage, le savant jésuite hollandais eut communication de ceux de l’abbaye d’Everhode et de P. Scriverirus, lesquels étaient, sans contredit, les meilleurs. Ce fut Rosweyde qui decouvrit et prouva le premier que ce martyrologe n’était point d’Odon, archevêque de Trèves, mais bien d’Adon, archevêque de Vienne, dont le manuscrit d’Everbode portait le nom sur le frontispice. — L’édition la plus complète et la plus critique est cette dont nous transcrivons le titre en entier : Martyrologium Adonis, archiepiscopi Viennensis, ab, H. Rosucyd jampridem ad Ms. exemplaria recensitum, nunc ope codicum bibliothecæ Vaticannæ Georg II. accessere martyrologia et calendaria aliquot (sex) Romæ, ex typographie Palladis, 1745, in-fol. On trouve dans cette édition les variantes de trois manuscrits qui, après avoir successivement appartenu à Pétau, conseiller au parlement de Paris, et a la reine Christine, passèrent dans la bibliothèque du Vatican. C-D-É.