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ADO

in-4°. Consultant plus son zèle que ses forces, Adorno s’était dévoué tout entier aux missions. Epuisé de fatigues, il vint a Gènes et y mourut le 13 janvier 1586. Outre un traité de Discipline occlesiastica (libri duo) qu’il composa sur la demande de St. Charles, on cite d’Adorno des sermons, des vers latin, des conseils à Hubert Foglieta ; de Ratione illtustrandœ Ligurum historiæ, et un traité des changes (de Cambiis) que l’on conserve a la bibliothèque Ambrosienne. W-s.


ADRAMAN, plus connu sous le nom de fils de la Bouchère de Marseille, pris par les Turcs dans son enfance, devint pacha de Rhodes, grand amiral et général des galères, se rendit cher aux soldats par sa justice et son désintéressement, apaisa une révolte de janissaires, fut accusé par ses envieux d’avoir suscité un incendie dans la capitale, et étranglé en janvier 1706, laissant vingt-deux enfants, dont l’aîné, capitaine de vaisseau, hérita de la valeur de son père. Son innocence fut reconnue après sa mort, et ses ennemis furent punis du dernier supplice. N-l.


ADRAMYTTUS, frère de Crésus, roi de Lydie, fonda la ville d’Adramyttium, dans la Lydie. Il imagina le premier de faire subir à des femmes une opération du même genre que celle que subissent les eunuques, pour les employer ensuite dans son palais aux mêmes fonctions. On croit avoir trouvé son portrait sur une médaille d’Adramyttium. C-r.


ADRASTE, philosophe péripatéticien, né à Philippes, ville de Macédoine, fut disciple d’Aristote et vécut entre la 105e et la 115e olympiade (360 a 217 avant J.-C.), il a laissé un traite de musique en 3 livres intitulé Περὶ Ἁρμονιϰῶν (Harmonicorum libri tres). Ger.-J. Vossius (de Scient. mathemat., p. 58, § 14) et Fabricius (Biblioth. grœca, t. 2, p. 268) disent que cet ouvrage existe dans la bibliothèque du Vatican, et qu’un autre manuscrit, qui était autrefois dans la bibliothèque du cardinal Saint-Ange, a passé dans celle du cardinal Farnèse, son frère. C’est donc à tort que Forkel, dans son Almanach musical de 1789, et N.-E.-L. Gerber, d’après lui, ont dit que l’on croyait généralement cet ouvrage perdu, puisqu’en 1788 les journaux annoncèrent que M. Pascal Baffi, conservateur de la bibliothèque du roi de Sicile, venait de retrouver dans cette bibliothèque un beau manuscrit sur vélin du traité d’Adraste, et qu’il s’occupait de le traduire. Cette traduction n’a point paru. Porphyre, dans son Commentaire sur les Harmoniques de Ptolémée (p. 270, édit. Wallis), dit qu’Adraste parle d’un phénomène observé de son temps, lequel consistait à faire résonner les cordes d’un instrument de musique en pinçant celles d’un autre instrument place a une assez grande distance, et qu’il résultait de ce mélange de sons un ensemble agréable : on ne pouvait aller plus prés de la science de l’harmonie. Il est bien singulier que les Grecs n’aient pas vu au delà. Au reste, le phénomène dont il s’agit a été observé et analysé depuis par Sauveur, de l’Académie des sciences, et par d’autres. F-t-s.


ADRETS (François de Beaumont, baron des), de l’ancienne maison de Beaumont en Dauphiné, naquit dans cette province, au château de la Frette, en 1513. Étant entré dans une compagnie de gentilshommes volontaires, il lit, dès l’âge de quinze ans, son apprentissage de la guerre en Italie, et il en avait a peine dix-neuf lorsqu’il fut reçu dans la 1re compagnie des cent gentilshommes ordinaires de l’hôtel du roi François Ier, formée de la première noblesse du royaume. Après la mort de ce prince, la guerre s’étant rallumée en Allemagne et en Italie, le maréchal de Brissac, général de l’armée de Piémont, lui fit donner le titre de colonel des légions de Dauphiné, de Provence, de Lyonnais et d’Auvergne. Un événement de cette guerre fit alors beaucoup de bruit, et fixa l’attention de la cour sur le baron. Des Adrets Moncalvo, place du Montferrat, où il occupait un poste, fut prise par les Espagnols (1559) sans que d’Ailly de Pecquigny, qui en était gouverneur, eut fait la moindre résistance. Outre de ce revers, Des Adrets en rejeta hautement la faute sur le gouverneur, et offrit de prouver par le duel, selon les anciennes lois du royaume, la vérité de ce qu’il avançait. Ce différend partagea la cour : Brissac était pour Des Adrets ; mais d’Ailly, soutenu par les princes de la maison de Lorraine alors tout-puissants, obtint un jugement qui le déchargea de cette accusation du baron. On fit défense à l’un et a l’autre de s’attaquer, sous peine d’être traités comme criminels de lèse-majesté. Des Adrets, irrité, jura hautement de se venger, non de d’Ailly, à qui il avait eu, disait-il, la satisfaction de reprocher en face sa lâcheté, en présence du roi, mais des princes de la maison de Guise, qu’il regarda dès lors comme ses ennemis particuliers. Tel fut le premier motif qui l’entraîna dans un parti qu’il n’aima jamais. Vers le même temps, s’allumèrent les premières étincelles des discordes civiles qui bientôt embrasèrent la France. Les Guises, regardés comme les défenseurs de la religion catholique, avaient élevé leur pouvoir sur l’opinion des peuples. Condé, trop longtemps humilié, chercha en vain à opposer une digue a la puissance des princes lorrains ; il ne vit de ressource que dans la faction contraire, dont il se déclara l’appui. Médicis, se flattant de régner sur les deux partis écrasés, se jeta dans les bras des protestants, pour y chercher un contre-poids à l’ascendant des Guises. Alors cette reine se ressouvint du baron Des Adrets, et elle lui écrivit : « Qu’il lui ferait plaisir de s’attacher à détruire en Dauphiné l’autorité du duc de Guise ; que tous les moyens étaient bons, pourvu que l’affaire réussit ; qu’il pouvait prendre parmi les protestants des forces pour lui opposer ; que ce n’était point ici une affaire de religion, mais de politique ; que l’Église y était moins intéressée que le roi ; qu’enfin elle prenait tout sur elle, et le soutiendrait partout. » (Voy. Bayle, art. Beaumont Des Adrets, Mézerai, etc.) Cette lettre, comme Médicis l’avait prévu, réveilla tous les ressentiments du baron, et il se déclara pour le prince de Condé, qui venait de surprendre Orléans. L’esprit de parti, et sa réputation, firent courir en foule sous ses drapeaux la noblesse du pays, qui avait en secret adopte la nouvelle doctrine, et il fit, en moins d’une année, à la tête des