Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
AGI

et en 15,000 pour les Laconiens ; et comme il ne se trouvait pas un nombre suffisant de citoyens, il proposa de reconnaître pour citoyens des étrangers, choisis parmi ceux qui avaient reçu une bonne éducation, et qui étaient en âge de porter les armes. Il offrit de plus, pour obtenir que sa loi fût acceptée, toutes ses terres et 600 talents en argent ; mais ce fut en vain qu’il fit une offre si magnifique, les riches apportèrent tous les obstacles qu’ils purent à la loi ; et Agis, voyant qu’il ne pouvait vaincre leur opposition, consentit, d’après le conseil d’Agésilas, à diviser sa loi, et à proposer d’abord l’abolition des dettes qu’il fit adopter. Agésilas avait de bonnes raisons pour lui donner ce conseil : il devait de grosses sommes d’argent, et possédait des terres considérables. Agis ayant été oblige de conduire des troupes au secours des Achéens, emmena avec lui les jeunes gens qui lui étaient attaches ; il fut vainqueur dans une grande bataille, et se couvrit de gloire ; mais ses ennemis profitèrent de son absence pour soulever contre lui le peuple, qui était irrité de ce que le partage des terres n’était pas adopté ; et, de son côté, Agésilas, qui était à la tête de son parti, se fit tellement haïr par ses vexations, qu’il fut obligé de prendre la fuite. Agis, de retour, se voyant ainsi abandonné, se réfugia dans le temple de Minerve ; la attendant la mort, il méditait au pied des autels sur l’ingratitude de ses compatriotes ; mais Léonidas parvint, par artifice, à l’en faire sortir ; on le conduisit alors à la prison, où les nouveaux éphores établis par Léonidas s’étaient déjà rendus pour le condamner. Il répondit avec calme et noblesse aux reproches qui lui furent faits, et fut condamne à être étranglé. Les bourreaux et les soldats étrangers refusèrent exécuter ce jugement ; mais Démocharès, autrefois son ami, et l’un de ceux qui l’avaient livré aux éphores, le traina lui-même dans le cachot où se devait faire l’exécution. Agis, voyant pleurer un des exécuteurs, lui dit : « Mon ami, ne pleure pas sur moi, je n’ai pas mérité le supplice ; je suis plus heureux que ceux qui m’ont condamné contre toute loi et toute justice ; » en disant ces mots ; il tendit le cou au fatal cordon. Ampharès, qui présidait à l’exécution, ayant rencontré à la porte Agésistrate, mère d’Agis, et son aïeule Archidamie, qui craignaient pour Agis, les rassura, et fit d’abord entrer Archidamie qu’il livre à l’exécuteur ; quand il jugea qu’elle ne vivait plus, il dit à Agésistrate qu’elle pouvait entrer à son tour. Les premiers objets qu’elle vit furent son fils étendu mort à terre, et sa mère suspendue à un cordon. Lorsqu’elle fut un peu revenue de l’horreur d’un tel spectacle, elle aida les exécuteurs à détacher sa mère, puis, baisant tendrement le corps d’Agis : « O mon fils ! lui dit-elle, c’est l’excès de ta bonté qui t’a pendu, et qui nous a perdues avec toi ! » Ampharès furieux lui dit que, puisqu’elle approuvait son fils, il était juste qu’elle partageait son sort. À ces mots, Agésistrate présenta sa tête au cordon, et ne dit en mourant que ces paroles : « Veuillent les dieux qu’au moins ma mort puisse être utile à Sparte ! » Cet évènement tragique eut lieu vers l’an 235 avant J.-C.. Archidamas, frère d’Agis, parvint à mettre ses jours en sûreté par la fuite. La mort d’Agis fait le sujet de plusieurs tragédies : la Mort d’Agis, par Guérin du Bouscal, 1642, in-4o ; Agis, tragédie en cinq actes et en vers, par M. Laignelot, 1782, in-8o ; Agis, tragédie d’Alfiéri. Crébillon avait commencé une Mort d’Agis ; on prétend que c’était la de mort de Charles Ier, déguisé sous ce nom. C-r.


AGIS, ou, selon d’autres, HAGÈS. C’était, au rapport de Quinte-Curce, le plus détestable des poëtes, après Chérile, et l’un de ces vils flatteurs à gages qui tâchent de couvrir, à force d’adulation, la nullité de leur talent. Arrien n’en fait pas une mention plus honorable. Agis obtint la faveur d’Alexandre, en lui répétant sans cesse qu’à son arrivée dans l’Olympe, Hercule, Bacchus, Castor et Pollux s’empresseraient de lui céder leurs places. Athénée rapporte qu’il avait écrit sur l’art de la cuisine. — Pausanias (in Corinth.) parle d’un autre Agis qui avait composé un poëme sur Antiope. A-D-r.


AGIUS DE SOLDANIS (Pierre-François), savant maltais, était né vers le commencement du 18e siècle, dans l’ile de Gozzo. Il embrassa l’état ecclésiastique, fut pourvu d’un canonicat du chapitre de St-Jean, et dès lors partagea son temps entre ses devoirs et l’étude de l’archéologie. En 1750 il vint à Rome dans la seule intention, comme il nous l’apprend, de gagner les indulgences du jubilé ; mais s’étant rappelé que ses amis le pressaient depuis longtemps de donner une grammaire de la langue qui est en usage à Malte, il profita de ses loisirs pour la rédiger, et la publia, précédé de deux dissertations très-curieuses, sous ce titre : della Lingua punica presentamente usata du Maltesi etc., Rome, 1750, in-8o de 199 pages. Agius établit dans sa première dissertation que les Carthaginois, vaincus par les Romains, se réfugièrent d’abord en Sicile, puis à Malte, et que la langue qu’on parle en cette île n’est autre que l’ancien punique. Dans la seconde, il montre les avantages qu’on pourrait tirer de l’étude de cette langue pour l’intelligence de la langue étrusque, avec laquelle la punique a beaucoup d’affinité. Elles ont été traduites en français et insérées dans le Journal de Verdun, 1756, juillet, p. 23, et septembre, p. 193. Ces dissertations sont suivies de la grammaire maltaise et d’un petit dictionnaire maltais-italien et italien-maltais. Ce dictionnaire, plein de remarques intéressantes, n’est qu’un essai de celui qu’Agius se proposait de rédiger sur un plan beaucoup plus étendu ; mais il mourut vers 1760, laissant incomplet cet ouvrage dont Borch vit le manuscrit autographe à la bibliothèque de Malte, en 1776. (Lettres sur la Sicile, t. 1, p. 203.) Agius, dit l’auteur qu’on vient de citer, était un homme de mérite et rempli de zèle pour la gloire de sa patrie. Lui-même nous apprend qu’il avait un musée composé d’antiquités découvertes tant à Malte que dans les iles voisines. (Della Ling. punicca, p. 7.) Il promettait une histoire de Malte et de Gozzo (ibid., p. 27) ; enfin il annonce (ibid., p. 58) qu’il a sous presse des Notizie storiche, etc., sur la terrible conjuration formée en 1749 par les esclaves turcs pour exterminer, le même jour, tous les chrétiens maltais. (Voy. Bry-