AGOULT (Charles-Constance-César-Loup-Joseph-Matthieu D’), né à Grenoble, en 1747, de la même famille que le précèdent, fut destiné des l’enfance à l’état ecclésiastique, et vint terminer ses études théologique au séminaire de St-Sulpice à Paris. Il fut ensuite pourvu du grand vicariat de Rouen avec le titre d’archidiacre du Vexin français, et, le 13 mai 1787, il fut élevé sur le siége épiscopal de Pamiers ; mais son goût l’entraînait vers l’administration publique ; il avait fait une étude particulière de l’économie politique, des sciences financière et commerciale, et se serait probablement distingué dans cette carrière, si les événements de la révolution n’étaient venus lui en fermer feutrée. En 1789, il rédigea le Rapport unanimement adopté par les commissaires de l’ordre de la noblesse du comté de Foix, nommés par délibération de la noblesse du 9 février, pour examiner les plaintes et demander de quelques communes, in-4o ; et peu de temps après, il quitta la France pour se retirer à Soleure. Ce fut de cette ville qu’il envoya son adhésion à l’Exposition des principes des évêques de l’assemblée, qui avait été rédigée par M. de Boisgelin, relativement au serment d’obéissance à la constitution civile du clergé, que l’on exigeait des ecclésiastiques. Il publia aussi, sous la date de Soleure, le 9 mai 1791, une Ordonnance sur l’élection de Bernard Font, curé de Serres, comme évêque constitutionnel de l’Ariège, et un Avertissement pastoral au clergé et aux fidèles du diocèse de Pamiers, pour les prémunir contre le schisme. Cependant, au mois de novembre 1790, un ordre de Louis XVI avait engage M. d’Agoult à revenir à Paris : il y eut plusieurs conférences avec l’infortuné monarque et avec la reine, entra dans la confidence de leur projet de quitter la France, en concerta avec eux les principales dispositions, et ne sortit de Paris, pour retourner en Suisse, qu’environ un mois avant le funeste voyage de Varennes. Quelques années après, les événements politiques le contraignirent de passer en Angleterre : mais en 1801 ayant donné sa démission de son évêché de Pamiers, il put rentrer en France, où il a depuis constamment vécu sans fonctions publiques. On prétend cependant qu’après la seconde rentrée de Louis XVIII, il fut question de lui confier le portefeuille des finances. Ce prélat est mort à Paris, le 21 juillet 1824. Outre les opuscules cités, on a de lui : 1o Principes et réflexions sur la constitution française (anonyme), in-8o de 26 pages. 2o Conversation avec E. Burke, sur l’intérêt des puissances de l’Europe, Paris, Égron, 1815, in-8o, imprimé à petit nombre d’exemplaires. L’auteur avait eu, pendant son séjour en Angleterre, quelques relations avec ce célèbre publiciste. 3o Projet d’une banque nationale, Paris, Égron, 1815, in-4o de 9 feuilles. C’est un mémoire qui avait été présenté à Louis XVI, mais auquel l’auteur fit subir quelques modifications avant de le livrer à l’impression. 4o Éclaircissement sur le projet d’une banque nationale et réponse aux objections faites contre ce projet, Paris, Égron, 1816, in-4o de 6 feuilles. 5o Lettre à un jacobin, ou Réflexions politiques sur la constitution d’Angleterre et la charte royale, considérée dans ses rapports avec l’ancienne constitution de la monarchie française, Paris, Égron, 1815, in-8o ; ─ seconde édition, 1816 : l’auteur a rassemblé dans l’appendix les principes de l’ancienne constitution française, qu’il met au-dessus de toutes celles des peuples connus. 6o Des Impôts indirects et des Droits de consommation, ou Essai sur l’origine et le système des impositions françaises, comparé avec celui de l’Angleterre, suivi d’un examen de deux projets de finances, attribués à des membres de la commission du budget de 1816, Paris, Égron, 1817, in-8o. 7o Essai sur la législation de la presse (anonyme), Paris, 1817. in-8o de 53 pages. Barbier, dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes, lui attribue un pamphlet politique intitulé : Ouvrez donc les yeux, 1789, in-8o. Z.
AGOULT (Antoine-Jean, vicomte d’), frère du précèdent, naquit à Grenoble en 1750, et suivit la carrière des armes. Il servait en 1768 dans les mousquetaires, d’où il passa, le 30 mars 1781, dans les gardes du corps avec le grade de sous-lieutenant. Devenu mestre de camp en 1783, et commandeur de l’ordre de St-Lazare en 1787, il sortit de France en 1791, et alla rejoindre l’armée des princes, avec laquelle il fit la campagne de 1792. Après le licenciement, il se rendit auprès de Louis XVIII à Vérone, s’attacha à la personne de ce prince, l’accompagna dans ses voyages en Allemagne, en Russie, en Angleterre, et rentra avec lui en France en 1814. Il fut promu, la même année, au grade de maréchal de camp et de commandeur de l’ordre de St-Louis. L’année suivante, il obtint le titre de premier écuyer de madame la duchesse d’Angoulême. En 1821, le vicomte d’Agoult fut nommé gouverneur du château de St-Cloud, et le 25 décembre 1825, pair de France. Il prit peu de part aux travaux de cette assemblée, et mourut à Paris le 9 avril 1828. F-ll.
AGRÆUS (Claude-Jean), savant jurisconsulte suédois du 17e siècle. Il enseigna le droit à l’université de Dorpat, relevant alors de la Suède, et publia des ouvrages qui répandent du jour sur la législation des pays du Nord ; le principal a pour titre : Leges Sudromanicæ et Wesmaciœ, ex antiquis archici regii cod. descriptœ, et ad leges regni suetici reliquas collatœ, Stockholm, 1666. ─ Il y a eu en Suèdee quelques autres savants du même nom qui ont écrit sur les antiquités, l’histoire et la morale. C-au.
AGRAIN (Eustache d’) fut, pendant la première croisade, prince de Sidon et de Césarée, connétable et vice-roi de Jérusalem. Il était parti de Languedoc en 1096, avec Raymond, comte de Toulouse, qui conduisait une armée forte de 100.000 croisés, à la tête desquels on voyait les plus illustres chevaliers du temps. (Voy. Raymond) Les brillants exploits de d’Agrain lui méritèrent, du roi Baudouin, les dignités dont nous venons de parler, et, de plus, la souveraineté de Sidon et de Césarée, qu’il transmit à ses enfants. Ce monarque ayant été