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cette époque importante pour l’histoire. Il fit sept voyages sur toute l’étendue de la mer Baltique, un dans les mers du Nord et un autre à travers les glaces. Il visita les eaux de la Bothnie, une partie de la Finlande, l’Uplande, on confinent les paisibles contrées des Lapp-Marks, Abo, St-Pétersbourg et Upsal. En quittant le Danemark, il vit sur son passage, dans le détroit du Sund, l’emplacement du célèbre observatoire d’Uranibourg, dont il ne put reconnaître les traces. En 1774, il reçut des passe-ports pour se rendre de Venise à Constantinople, et revint en France quelque temps après ; mais, obligé, en 1789, de s’éloigner de nouveau, il partit pour la Suède, chargé, à ce qu’il prétend, d’une mission des princes français émigrés. Quoi qu’il en soit, il fut à même de voir ou de puiser à des sources sûres les circonstances de l’attentat qui priva la Suède de son roi, Gustave III. Il commença, en 1798, le récit des faits qu’il avait recueillis, et rentra en France en 1802. Ses ouvrages sont : 1o  Causes anciennes et modernes des événements de la fin du 18e siècle, 4 vol. in-fol., bibliothèque de S. M. l’empereur de toutes les Russies, Alexandre Ier. 2o  Découverte de l’orbite de la terre, du point central de l’orbite du soleil, etc. ; Paris, 1806, l vol. in-8o, accompagné de 8 planches. L’auteur, s’appuyant continuellement sur de fausses hypothèses, y développe un système entièrement opposé à celui de Newton. Voici le jugement qu’il porte sur le commencement du siècle où nous vivons : « Ce 19e siècle, presque sur tous les points importants à l’existence humaine, s’annonce comme voulant réclamer ce qui est bon, juste, utile et vrai. Qu’il y persiste donc, et qu’il sache que c’est à la suite de la tempête qu’on doit habilement s’emparer de la force des vagues pour doubler l’écueil et entrer plus vite dans le port. » 3o  La Sphère mécanique, ouvrage dont il parle lui-même, mais qu’il serait difficile de retrouver. 4o  Histoire des événements mémorables du règne de Gustave III, roi de Suède et des Goths, avec cette épigraphe tirée de Tacite Non aliud discordantis patriæ remedium fuisse, quam ut ab uno regeretur ; 2 vol. in-4o, enrichis d’une vue de Stockholm et d’une carte de Finlande. Cet ouvrage ne répond pas complètement : à son titre, car on y remarque des lacunes considérables l’auteur s’est attaché surtout à la révolution de 1772, à la guerre de Finlande, et à l’assassinat du roi. On lui a reproché sa partialité pour son héros ; mais on est obligé de convenir que ce sentiment est justifié par les actions et les paroles qu’il attribue à ce prince. Il ne faut pas chercher dans ce livre le mérite du style ; il est surtout déparé par une extrême impropriété d’expressions. D’Aguila mourut à Paris, en mai 1815. Sa veuve présenta, en 1816, une nouvelle édition de l’Histoire du règne de Gustave III à Louis XVIII, qui en accepta la dédicacé. F-A et L.


AGUILAR (Jérôme d’). Fernand Cortez était parti de la Havane le 10 février 1519, et se dirigeait vers la Nouvelle-Espagne. Les habitants de la petit-île de Corumel, où un hasard heureux le fit aborder, affirmèrent qu’ils avaient vu dans l’intérieur des terres quelques hommes blancs et barbus, venus d’un pays nommé Castille. Aussitôt Cortez envoya des matelots à la découverte, et déjà l’on jugeait cette tentative inutile, quand l’attention des Espagnols fut attirée par les cris de joie d’un homme placé dans un canot que des Indiens conduisaient vers le navire. Cet homme nu, basané, était en tout point semblable aux indigènes. Dans le filet qui lui servait de sac, on voyait, parmi des instruments de pêche inconnus en Europe, un livre d’heures parfaitement conservé. Cette circonstance, autant et plus peut-être que l’espagnol mêlé d’indien que parlait le nouveau venu, le fit reconnaître pour Castillan. À mesure que la connaissance de sa langue naturelle lui revint, on sut qu’il se nommait Jérôme d’Aguilar, et qu’il était né à Écija, en Andalousie. Homme bien né et fort instruit, mais pauvre, Aguilar avait cherché fortune en Amérique à l’époque des querelles de Nicuessa avec Nunez de Balboa. L’aventurier Valdivia partant peu après pour St-Domingo, d’Aguilar l’avait suivi ; mais un naufrage dans lequel sept espagnols périrent avait jeté les autres, au nombre de treize, sur les terres du cacique de Maya. Valdivia et quatre de ses compagnons furent égorgés, puis mangés par le chef indien. D’Aguilar et quelques autres, qu’on avait enfermés dans une cage où on les engraissait avec soin, parvinrent s’échapper. Depuis plusieurs jours déjà ils erraient à travers les bois sans autres aliments que de l’herbe et des racines, quand ils tombèrent aux mains d’un cacique moins barbare que le premier, car il se contenta d’employer les malheureux Espagnols aux plus rudes travaux. D’Aguilar se fit bientôt distinguer par son intelligence, et rendit, dans plusieurs combats, de grands services à son maître. Lorsque les matelots de Cortez rencontreront Aguilar, le vieux cacique était mort depuis quelque temps ; son fils, qui lui avait succédé, accorda sans difficulté la liberté à d’Aguilar. Don Solis et Herrera ajoutent que d’Aguilar, versé dans la connaissance des langues américaines, fut, comme interprète, extrêmement utile à Cortez ; et pourtant ce dernier, dans ses Lettres à Charles-Quint, ne fait pas une seule fois mention de Jérôme d’Aguilar. V-n.


AGUILLON (François d’), jésuite de Bruxelles, qui introduisit le premier l’étude des mathématiques parmi ses confrères Pays-Bas, professa la philosophie à Douai, la théologie à Anvers, où il fut recteur du collège, et mourut en 1647, a l’âge de 50 ans. Il est auteur d’un Traité d’optique imprimé Anvers, 1613, in-fol. C’est dans cet ouvrage qu’on vit, pour la première fois, le nom de projection stéréographique ; cette projection connue depuis Hipparque, n’avait pas reçu de nom. Aguillon travaillait à la catoptrique et à la dioptrique quand il mourut. D-L-e.


AGUIRRE (Jean Saenz d’), cardinal, né le 24 mars 1630, a Logrono, en Espagne, fut d’abord religieux de l’ordre de St-Benoit, successivement professeur de théologie à Salamanque, secrétaire du saint-office et cardinal. Il mourut a Rome, le 19 août 1699, estimé pour son savoir et ses vertus. Bossuet l’appelait la lumière de l’Église, le modèles des mœurs, l’exemple de la piété. Ses principaux ouvrages sont 1o  Ludi Sal-