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lui résister, les Grecs, après avoir rallié quelques troupes, se joignirent aux Berbers qui avaient pris les armes contre les musulmans ; mais, quoique réunies, ces deux nations furent battues de nouveau par Akbéh, qui s’empara de tout le pays soumis aux Grecs et marcha ensuite sur Tanger. En vain les Berbers voulurent s’opposer à son passage : ils furent complètement défaits. Akbéh les poursuivit, et entra avec eux dans Sous, où il fit un butin immense, Tout plia alors devant lui, et il ne s’arrêta qu’a l’extrémité de l’Afrique occidentale. Ce fut la qu’avec tout l’enthousiasme d’un zèle musulman, il poussa son cheval dans l’océan, tira son sabre, et s’écria : « Grand Dieu ! si je n’étais pas retenu par les flots, j’irais jusqu’aux royaumes inconnus de l’Occident ; je prêcherais sur ma route l’unité de ton saint nom, et j’exterminerais les peuples qui adorent un autre Dieu que toi. » Mais les vaincus, qui n’étaient soumis qu’en apparence, profitèrent de la dispersion des forces d’Akbéh, et l’attaquèrent avec une armée nombreuse ; il se défendit avec fureur, parvint à se faire jour, et se réfugia sur la montagne d’Ouras, où il fut assassiné par Kouseiléh, l’an 63 de l’hégire (682 de J.-C.) après avoir rangé sous la domination des Arabes une grande partie de l’Afrique, et préparé la conquête de l’Espagne. B-p.


AKENSIDE (Marc), né le 9 novembre 1721, à New-Castle, sur la Tyne. Son père, riche boucher, et de la secte presbytérienne, le fit élever avec soin. À dix-huit ans, il fut envoyé à l’université d’Édimbourg, où il commença les études nécessaires pour embrasser l’état ecclésiastique ; mais il renonça bientôt à cette carrière pour se livrer à l’étude de la médecine. Il passa, en 1741, à Leyde, où il reçut le degré de docteur en 1744. De retour en Angleterre, il s’établit d’abord à Northampton, de là à Hampstead, et se fixa enfin à Londres, où il n’aurait pas été en état de former un établissement, du moins dans la premières années, sans le secours d’un ami, M. Dyson, qui le força d’accepter une pension annuelle de 300 livres sterling. Il fut successivement médecin de l’hôpital de St-Thomas, agrégé au collège des médecins de Londres, et membre de la société royale. Il a écrit plusieurs ouvrages de médecine, publiés dans les Transactions philosophiques et dans d’autres recueils périodiques ; le plus considérable est un traité sur la dyssenterie, écrit en latin avec beaucoup d’élégance, et imprimé séparément, en 1764 ; mais ce n’est pas comme médecin qu’Akenside s’est fait une réputation brillante dans son pays, son goût le portait vers la poésie, qu’il n’a cessé de cultiver, tout en pratiquant la médecine. La première, comme la plus célèbre de ses productions poétiques, est son poëme des Plaisirs de l’imagination, qu’il avait commencé à Leyde. et qu’il publia à son retour à Londres. Il publia ensuite, à différentes époques, des odes, des épîtres, et d’autres poëmes de différents genres ; mais ces derniers ouvrages n’ont eut qu’un médiocre succès, et sont presque oubliés aujourd’hui. Le poème des Plaisirs de l’imagination, qui a été accueilli avec enthousiasme dans son origine, est encore regardé comme un des plus beaux monuments de la poésie anglaise ; il est cependant moins lu qu’il n’est admiré. Il est écrit en vers blancs, comme le poëme de Milton ; et Akenside a peut-être mieux connu que Milton même l’harmonie propre à ce genre de poésie. Il semble avoir pris l’idée de son poëme dans un des essais du Spectateur, écrit par Addison, et qui porte le même titre des Plaisirs de l’imagination. Le style est digne du sujet ; le ton en est élevé, la couleur brillante, et la diction très-figurée ; mais les idées trop métaphysiques qui y dominent, l’emploi trop fréquent des termes abstraits, et l’abus des métaphores, répandent sur tout l’ouvrage une certaine obscurité qui fatigue l’esprit. C’est ce qui faisait dire au lord Chesterlield ; « C’est le plus beau des ouvrages que je n’entends pas ; » Tout ce qu’a écrit Akenside, respire un amour de la liberté qui va souvent jusqu’à l’excès ; c’est le sentiment qui domine en Angleterre, parmi ce qu’on appelle les dissenters, presque tous presbytériens. Le républicanisme est l’esprit essentiel de la doctrine presbytérienne. Samuel Johnson, qui était un ardent tory, implacable ennemi des principes républicains, dit, en parlant d’Akenside, « qu’il montrait un zèle outrageux pour ce qu’il appelait liberté ; zèle qui cache trop souvent le désir de dépouiller les riches et d’abaisser les grands ; dont la tendance immédiate est l’innovation et l’anarchie, avec le besoin impétueux de renverser et de détruire, sans s’embarrasser de ce qu’on pourra mettre à la place. » En écrivant cette phrase, Johnson pensait à quelque autre chose encore qu’au poëme des Plaisirs de l’imagination. Lors qu’Akenside voulut faire imprimer son poème, il en porta le manuscrit au libraire Dodsley, et lui en demanda 150 guinées. Le libraire trouva la somme un peu forte, pour l’ouvrage d’un. jeune homme qui n’avait pas encore de nom en littérature. Il alla consulter Pope, qui, après avoir lu le poème, dit à Dodsley : « Je vous conseille de n’y pas regarder de si près, ce n’est pas la un auteur de tous les jours. » Le poème des Plaisirs de l’imagination a été traduit fidèlement en français par le baron d’Holbach, 1769, in-12, et 1806, in-18 ; la seconde édition est accompagnée de notes et notices sur l’auteur et le traducteur, par M. Pissot. Akenside préparait une nouvelle édition de son poëme, corrigée et augmentée, lorsqu’une fièvre putride l’enleva a-la poésie et à la médecine, le 23 juin 1770, âgé seulement de 49 ans. M. Dyson a publié une édition complète des Œuvres poétiques d’Akenside, Londres, 1772, in-4o. S-d.


AKERBLAD (Jean-David) philosophe et antiquaire suédois, né vers 1760, se livra dès son enfance à l’étude des langues orientales, et fut attaché très-jeune à l’ambassade de Suède à Constantinople. Nommé plus tard secrétaire de cette ambassade, il eut l’occasion de visiter la Palestine et la Troade. Vers 1800, il vint habiter Goettingue, qu’il quitta peu de temps après pour occuper la place de chargé d’affaires à Paris. Ses fonctions diplomatiques lui laissant assez de loisirs, il se mit à exa-