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Hulot ; mais ces succès furent plus que balancés par ceux du prince Maurice ; d’un autre côté, les négociations pacifiques échouèrent ; cependant, la paix entre l’Espagne et le France ayant été conclue à Vervins, en 1598, Philippe II maria, la même année, sa fille Isabelle-Claire-Eugénie à Albert, qui renonça alors à la pourpre romaine. Depuis cette époque, on regarda les deux époux comme souverains des Pays-Bas catholiques ; ils firent leur entrée publique à Bruxelles, avec une grande pompe, en 1589. Les Hollandais ne marquant aucune disposition pour rentrer sous l’autorité de la maison d’Autriche, l’archiduc recommença la guerre avec vigueur, et attaqua le prince Maurice à Nieuport, le 2 juillet 1600 ; mais il fut battu, après avoir vu la victoire près de se décider pour lui au commencement de la bataille. Cependant il tint encore la campagne avec une puissante armée ; et, l’année suivante, il fit le siége d’Ostende, qui dura trois ans. Cette entreprise était-devenue pour les Espagnols une affaire d’honneur et d’obstination ; elle leur coûta 100,000 hommes et des sommes immenses, et ne leur valut qu’1m monceau de cendres. Pendant ce temps, le prince Maurice leur enlevait Grave et l’Écluse, et rendait la situation d’Albert très-critique. Après avoir fait la guerre avec quelque gloire et peu de succès, ce prince s’estima heureux d’envoyer des députés à la Haye pour traiter avec les Hollandais, comme avec une puissance indépendante ; et il conclut d’abord une trêve de quelques mois, puis une autre de deux ans. Albert profita de ce moment de repos pour régler les affaires intérieures des provinces catholiques, et se rendre agréable au peuple par une administration douce et équitable. Peu de temps après l’expiration de la trêve, il mourut, en 1621, âgé de 62 ans, sans postérité, et regretté de ses sujets. B-p.


ALBERT, l’Ours, dit aussi le Beau, margrave de Brandebourg, comte d’Ascanie, de Wolge et de Bernbourg, fils d’Othon le Riche, né en 1106, fondateur de la maison de Brandebourg. La fortune le combla d’abord de faveurs : en 1133, il acquit le margraviat de Lusace, celui de Salzwedel, et l’empereur Conrad III lui donna le duché de Saxe. Il n’en jouit pas tant que vécut le duc Henri le Généreux ; mais, à sa mort, il voulut s’en emparer de force. Comme il se disposait à envahir aussi Brême, les princes saxons embrassèrent avec tant de chaleur la défense du jeune Henri, surnommé depuis le Lion, qu’Albert fut chassé de ses conquêtes et dépouillé de ses propres États ; il recouvra ses derniers par un traité conclu à Francfort-sur-le-Mein, eu 1143. Dès lors il prit le titre de margrave de Brandebourg, mais fut obligé de conquérir ce qui lui avait été rendu. Albert fut malheureux dans la croisade contre les Vénèdes, et plus encore dans la guerre qu’il eut à soutenir, en 1159, contre le roi de Pologne Jazko, qui s’empara de ses possessions, et prit même la ville de Brandebourg, qu’Albert reprit peu après. Il peupla ses États en invitant des Hollandais, des Flamands et autres étrangers ruinés à venir s’y établir. Tranquille possesseur enfin du Brandebourg il entreprit, en 1158, un pèlerinage à Jérusalem, dont le résultat le plus important fut l’introduction des chevaliers de St-Jean dans son margraviat. À son retour, il s’occupa d’étendre ses domaines et de fonder des villes. C’est à lui, probablement, que Berlin, Francfort-sut-l’Oder, Bernau, Landsberg, etc., doivent leur origine : il mourut en 1170. G-t.


ALBERT, margrave et électeur de Brandebourg, surnommé l’Achille et l’Ulysse de l’Allemagne, à cause de sa prudence et de sa valeur, né à Tangermund, le 24 novembre 1414, était le 3e fils de Frédéric Ier, à qui l’empereur Sigismond avait cédé la Marche électorale. Il fit ses premières armes au service de l’Empereur, et se distingua, en 1438, dans la campagne contre les Polonais. Louis le Contrefait, dyc de Bavière, ayant épousé la sœur d’Albert, fut menacé par son père, Louis le Barbu, d’être déshérité, à cause de ce mariage ; il appela Albert à son secours ; celui-ci accourut, battit le vieux duc en plusieurs rencontres, le fit prisonnier, et ne le remit à son cousin, Henri de Landshut, qu’à la charge par le prisonnier de payer les frais de la guerre, qui se montaient à 5,200 florins. La ville de Nuremberg, dont il était bourgrave, lui ayant donné divers sujets de plainte, il entra en campagne contre elle en 1449, et déploya dans ces nouveaux combats une valeur presque incroyable. Un jour, il résista seul a seize ennemis, en disant : « Ou pourrais-je mourir « plus glorieusement ? » Au siége de Grœfenberg, il monta le second à l’assaut, s’élança le premier dans la ville, et s’y maintint jusqu’à l’arrivée de ses soldats. Enfin, après avoir gagné sept batailles, et n’avoir été qu’une fois vaincu, il conclut avec les révoltés, en 1450, une paix dont l’Empereur fut le médiateur. En N64, la mort de son frère aîné, Jean l’Alchimiste, le rendit maître de sa principauté de Bareuth, et, en 1470, il parvint, par l’abdication de son second frère Frédéric, à l’électorat de Brandebourg. Se trouvant en possession de tous les pays qui avaient appartenu à son père, dans la Franconie et dans la haute Saxe, il se mit, en 1474, à la tête de l’armée que l’Empire faisait marcher contre Charles, duc de Bourgogne, qui assiégeait Neuss ; mais ce différend s’étant terminé à l’amiable, Albert n’engagea point d’action. En 1476, il abandonna la son fils, Jean le Cicéron, l’administration de ses États, se réservant la dignité électorale et le droit de conseil : il vécut encore dix ans à Francfort-sur-le-Mein. G-t.


ALBERT, margrave de Brandebourg, premier duc de Prusse, né le 17 mai 1490, fut nommé, en 1510, grand maître de l’ordre teutonique, et refusa de rendre à Sigismond, roi de Pologne, l’hommage qu’il lui devait à ce titre. Après d’inutiles négociations à ce sujet, la guerre fut déclarée : Albert fit tous ses efforts pour la soutenir avec vigueur ; il parcourut l’Allemagne, vendit ses biens pour lever des troupes, et essaya vainement d’engager la diète de l’Empire à lui prêter du secours. L’ordre teutonique avait perdu sa considération et sa puissance : Maximilien Ier avait promis au roi de Pologne de