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ALC

ALCAMÈNE, fils de Téléclus, de la branche aînée des rois de Sparte, monta sur le trône vers l’an 747 avant J.-C. Il termina la guerre d’Hélos, et commença celle de Messène, en prenant Amphée, l’an 743 avant J.-C. ; il mourut peu de temps après, et eut pour successeur Polydorus, son fils. On a attribué à ce prince des apophthegmes, qui se trouvent dans le recueil des Apophthegmes laconiques, dont on a mal à propos désigné Plutarque comme l’auteur. C-r.


ALCAMÈNES, statuaire, élève de Phidias, était né à Athènes, où sa réputation brilla du plus grand éclat, 428 ans avant J.-C. Il décora sa patrie de plusieurs chefs-d’œuvre, parmi lesquels on citait la statue de Venus Aphrodite, dont on vantait surtout la gorge, les bras et les mains. Il concourut, pour une autre statue de Vénus, avec Agoracrite de Paros ; l’ouvrage d’Alcamènes fut préféré ; mais il dut moins cette faveur à la supériorité du talent qu’à la prévention des Athéniens pour leur compatriote. (Voy. Agoracrite.) L’un des plus beaux ouvrages d’Alcamènes fut le fronton postérieur du temple de Jupiter Olympien, dont Pausanias a laissé la description. L’artiste y avait représente le combat des Centaures contre les Lapithes, aux noces de Pirithoüs. Pausanias rapporte que, de son temps, on voyait encore une statue de Junon de la main d’Alcamènes, dans un temple situe sur le chemin de Phalère à Athènes. Cicéron et Valère Maxime parlent d’une statue de Vulcain. dans laquelle Alcamènes avait fait sentir que le dieu boitait, sans que ce défaut entrainât aucune difformité. La grande réputation de cet artiste lui valut l’honneur d’être placé dans un bas-relief au sommet du temple d’Eleusis. L-S-e.


ALCANTRA. Voyez Gomès.


ALCAZAR, ou ALCAÇAR, (Louis de), jésuite espagnol, né à Séville en 1554, enseigna la théologie à Cordoue, et passa une partie de sa vie à commenter l’Apocalypse : mais le résultat de ses recherches, déposé dans deux ouvrages, dont l’un est intitulé : Vestigatio arcani senus in Apocalypsi, Anvers, 1604 et 1619 ; Lyon, 1646, in-fol. ; et l’autre : In eas Veteris Testamenti partes quasarescpicit Apocalypsis, Lyon, 1631, in-fol., prouve qu’il a perdu ses veilles, comme tous ceux qui ont suivi cette route ténébreuse. Le premier de ces ouvrages, qui lui coûta vingt année§ de travail, parut de son vivant ; il y a joint une dissertation sur les poids et mesures dont-il est question dans l’Écriture sainte, et il a mis, à la fin du second, un discours de malis Medicis. Alcazar pense que l’Apocalypse est parfaitement accomplie jusqu’au au 20e chapitre et il y trouve les deux témoins, sans parler d’Élie ni d’Énoch. Grotius a pris beaucoup de ses idées. Alcazar mourut à Séville, en 1613, à 60 ans. D-g.


ALCAZAR (Balatazar de)[1], célèbre épigrammatiste espagnol, était, né, dans le 16e siècle, à Séville, d’une ancienne et illustre famille. On conjecture qu’il avait embrassé la profession des armes et qu’il fit plusieurs campagnes en Italie. En quittant le service il se maria et s’établit à Jaen[2], puis à Ronda, ou il mourut dans un âge avancé. Cervantes et la Cueva, deux de ses plus illustres contemporains, l’ont comblé d’éloges : le premier, dans son Chant de Calliope, félicite le Bétis d’avoir dans Alcazar un poëte qui rendra son nom plus célèbre que ceux du Mincio, du Tibre et de l’Arno ; le second, dans son Viage del Sannio, le compare à Ovide et à Martial. — Toutes les compositions d’Alcazar sont fort courtes ; elles se font remarquer par la finesse des pensées et par un style simple et facile, doux et gracieux. Elles ont été recueillies par Espinosa dans les Floresde poetas illustres ; on en trouve plusieurs d’inédites dans le Parnasse de Sedano, t. 9 ; enfin Ramir Fernandez a publié un choix des vers d’Alcazar, également inédits, dans le t. 18 de sa Collection des poëtes espagnols ; mais il n’existe aucun recueil complet des ouvrages de ce poëte si spirituel. W-s.


ALCÉE, poëte lyrique grec, compatriote et contemporain de Sapho, ne nous est connu que par des fragments et par le témoignage de Tantienite. Il naquit à Mytilène. dans l’ile de Lesbos, et florissait, selon Tusèbe, dans la 44e olympiade. Nous possédons peu de renseignements sur sa vie, encore sont-ils disséminés dans plusieurs auteurs qui ne parlent de lui qu’incidemment. Tous s’accordent à le présenter comme un homme efféminé, entièrement livré à la paresse et à la débauche. Hérodote raconte, au 5e livre de son Histoire, que des hostilité ayant éclaté entre les Mytileniens et les Athéniens, au sujet d’Achilleum et de Sigée, dont ils se disputaient depuis longtemps la possession. Alcée se fit soldat pour défendre les droits de sa patrie. Mais les fatigues et les périls de la guerre eurent bientôt lasse sa mollesse et effrayé son courage. Dans une rencontre où ses compatriotes eurent le dessous. il jeta ses armes et prit la fuite. Les Athéniens suspendirent son bouclier dans le temple de Sigée comme un trophée glorieux de leur victoire. Il ne parait pas que le poëte ait eu beaucoup de peine à se consoler de son malheur, à en juger du moins par une ode qu’il adressa à cette occasion à son ami Menalippe, et dans laquelle il lui annonçait assez gaiement ce qui lui était arrivé : « Alcée est sain et « sauf, disait-il, mais il n’en est pas de même de ses « armes, » Un autre citoyen de Mytilène, Pittacus, que le Grèce a mis au nombre des sept sages, et qui servait dans cette même guerre en qualité de général, se signala par son habileté et son courage. Les Mytiléniens, voulant récompenser ses services et en même temps mettre fin aux troubles qui désolaient leur ville, l’appelèrent à exercer sur eux l’autorité souveraine. Pittacus répondit à leur attente, gouverna avec sagesse, mit ses soins à calmer l’agitation des esprits et à faire revivre l’autorité des lois. Alcée, de retour à Mytilène, se déclara contre

  1. Et non pas Barthélemy, comme on l’a dit par erreur dans plusieurs biographies.
  2. On en a la preuve par les premiers vers de son joli poëme intitulé Cena (le Souper) : Ku Jaen unde pegido etc.