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immense ; mais le recueil des peintures qui ont servi d’originaux aux gravures de son ouvrage a été transporté, pendant que révolution, au muséum d’histoire naturelle de Paris. L’histoire naturelle d’Aldrovande est en 13 volumes in-fol., dont il n’a publié lui-même que quatre ; savoir : trois sur les oiseaux, qui parurent en 1599, en 1600 et en 1603, et un sur les insectes, en 1602. Sa veuve publia le volume des autres animaux, à sang blanc, immédiatement après sa mort, en 1606. Corneille Uterverius, son successeur, natif de Delft, en Hollande, rédigea, sur ses manuscrits, le volume des solipèdes, celui des pieds fourchus, et celui des poissons et cétacés. Thomas Demster, gentilhomme écossais, également professeur à Bologne, travailla, après Uterverius, à celui des pieds fourchus. Un autre des successeurs d’Aldrovande, Barthélemy Ambrosinus, s’acquitta du même devoir pour les volumes des quadrupèdes digités, des serpents, des monstres et des minéraux ; et Montalbanus, pour celui des arbres. Tous ces volumes parurent successivement à Bologne, en différentes années. Ils y ont été réimprimés, ainsi qu’à Francfort, et il est difficile de les avoir tous de la même édition ; quelques-uns même, comme celui des minéraux, sont beaucoup plus rares que les autres. On ne peut considérer les livres d’Aldrovande que comme une énorme compilation sans goût et sans génie ; encore le plan et la matière en sont-ils, en grande partie, empruntés de Gessner. Buffon dit, avec raison, qu’on le réduirait au dixième, si l’on en ôtait toutes les inutilités et les choses étrangères à son sujet. « À l’occasion de l’histoire naturelle des coqs et des bœufs, ajoute ce grand naturaliste, Aldrovande vous raconte tout ce qui a jamais été dit des coqs et des bœufs, tout ce que les anciens en ont pensé, tout ce qu’on a imaginé de leurs vertus, de leur caractère, de leur courage, toutes les choses auxquelles on a voulu les employer, tous les contes que les bonnes femmes en ont faits, tous les miracles, qu’on leur fait faire dans certaines religions, tous les sujets de superstition qu’ils ont fournis, toutes les comparaisons que les poëtes en ont tirées, tous les attributs que certains peuples leur ont accordés, toutes les représentations qu’on en fait dans les hiéroglyphes, dans les armoiries, en un mot, toutes les histoires et toutes les fables dont on s’est jamais avisé au sujet des coqs ou des bœufs. » Néanmoins cet ouvrage est encore nécessaire aux naturalistes, à cause de quelques figures et de quelques détails qui ne se trouvent point ailleurs. Les planches sont toutes en bois, et assez grossières[1].On peut consulter sur Aldrovande sa vie écrite en italien par Fantazzi, publiée d’abord à Bologne en 1774, et ensuite insérée par l’auteur dans ses Scrittori Bolognesi. On en trouve un extrait curieux dans la Décade philosophique, an 8, no 28, p. 31-39. Ginguené a consacré quelques pages substantielles à ce grand naturaliste, dans son Histoire littéraire d’Italie, 2e  édition, t. 7, p. 111-116. Saxius, dans son Onomasticon, t. 3, p. 362 et 647, indique les autres biographes d’Aldrovande. C-v-r.


ALDRUDE, comtesse de Bertinoro. Voyez Adelards.


ALDUIN. Voyez Audoin.


ALEA (Léonard, et non Léon, comme le dit M. Quérard), né à Paris dans une famille de finances, et mort en cette ville vers 1812, a publié : 1o  l’Antidote de l’athéisme, ou Examen critique du Dictionnaire des athées, in-8o, Paris, imprimerie de la Décade, 1801, sans nom d’auteur. Il donna une seconde édition de cet ouvrage, refondue et augmentée considérablement, sous ce titre : la Religion triomphant des attentats de l’impiété, dédiée à M. Portalis, conseiller d’État (depuis ministre des cultes), avec cette épigraphes tirée de Cicéron : Interest reipublicœ cognosei malos. 2 vol. in-8o, Paris, Moussard et Maradan, 1802, avec le nom de l’auteur. Cet ouvrage ainsi perfectionné est devenu par son objet, son opportunité et son exécution, un livre important et dont le succès a été complet. C’est la collection la plus utile que nous connaissions des sentiments des amis de la religion, et des aveux de ses adversaires. Le mrdinal Gerdil en faisait grand cas ; Portalis, qui mettait sa conscience et son hon-

  1. Aldrovande n’avait pas préparé moins de matériaux pour écrire sur la botanique que sur les autres branches de l’histoire naturelle ; mais il n’en a paru qu’une très-petite partie ; elle forme le 13e et dernier volume de son grand ouvrage, sous le titre particulier de Dendrologia. Montalban, qui en fut l’éditeur, nous apprend qu’elle devait être composée de six parties, et que les deux livres qui composent ce volume ne sont encore qu’une portion de la première, qui aurait été subdivisée elle-même en sept autres livres, qui devaient fermer l’histoire de tous les arbres. Le premier comprend les arbres glandifères, et le second les pomifères. L’auteur, suivant son usage, y a réuni tout ce qui était venu à sa connaissance sur les objet qu’il traite même sur les arbres de l’Inde, dont on connaissait à peine les noms. La, comme dans toutes les autres parties de son ouvrage, il supplée à la stérilité de ses connaissances positive par une excessive érudition ; ainsi sans l’histoire des chênes y est traitée avec la même étendue, la même profusion de savoir que celle du coq. Il ne faut donc regarder chacun des articles que comme un répertoire des plus complets de tout ce qui a été écrit sur la matière ; et, sous ce point de vue, il peut avoir un certain degré d’utilité. Chaque objet décrit est accompagné d’une figure en bois qui donne une idée assez exacte de son ensemble ou de son port, quoique exécuté grossièrement. Dans le nombre, il s’en trouve quelques-unes de chtampignons assez bonnes, et dont quelques espèces avaient été inconnues jusqu’alors. Ce volume a été réimprimé seul à Francfort en 1690, comme ayant été entièrement composé par Montalban, et seulement disposé suivant la manière d’Aldrovande. Il est précédé d’une préface de Georges Francus. — Montalban donne dans sa Bibliothèque botanique une liste nombreuse de traités particuliers sur les plantes composés par Aldrovande, et qui sont restés inédits. Cependant, quelques-uns, par leurs titres, semblent faits pour exciter la curiosité ; ainsi il y en a un sur les différences de formes que présentent les parties principales des plantes, comme les feuilles et les fleurs. Il avait aussi composé un commentaire fort étendu sur Dioscoride, que Joachim Camerarius dit avoir vu. C’était le résumé des leçons qu’Aldrovande avait données pendant quarante années sur cet auteur grec. Il a laissé un Herbier en 16 vol. in-fol. avec un catalogue fort étendu. On voit par cette énumération qu’Aldronvande consacra une partie de sa vie aux progrès de la science, et que s’il n’a pas mieux réussi, il faut s’en prendre à l’esprit de son temps, qui le dirigea plutôt vers l’érudition que vers l’observation de la nature. Son concitoyen Monti a récompensé ses efforts en consacrant à sa mémoire, sous le nom d’Aldroranda, un genre de plantes remarquable ; il ne comprend qu’une seule espèce : c’est une plante aquatique très-singulière ; elle se soutient à la surface de l’eau par des vésicules remplies d’air. Elle a été trouvée d’abord en Italie, dans les environs de Bologne, patrie d’Aldrovande, et ensuite aux Indes Orientales. D-P-S