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des nouvelles observations de Vaugelas, qu’il publia sous ce titre : Nouvelles Remarques de M. de Vaugelas sur la langue française, ouvrage posthume, avec des observations de M. H…, Paris, 1690, in-12. Alemand mourut à Grenoble, en 1728. On a de lui : 1o Nouvelles Observations, ou Guerre civile des Français sur la langue, 1688, in-12 : c’était l’essai d’un dictionnaire historique et critique des mots : l’Académie française en arrêta l’impression, se disposant à publier le sien ; 2o Histoire monastique d’Irlande, 1690, in-12 ; 3o journal historique de l’Europe pour l’année 1694, Strasbourg (Paris), 1695, in-12 de 600 pages : on peut, sur cet ouvrage, consulter les Nouveaux Mémoires d’histoire, etc., de l’abbé d’Artigny, t. 1er, p.282 ; 3o une traduction de la Médecine statique de Sanctorius. Alemand se proposait de publier un traité de l’ancienneté des médecins méthodiques, et un ouvrage ou il essayait de démontrer que les protestants ne sont pas toujours inutiles à la religion catholique. — Son frère, avocat au parlement.de Grenoble, avait dédié au P. la Chaise un ouvrage à peu près semblable, contenant un nouveau système contre les protestants. A. B-t.


ALEMANNI (Niccolo), antiquaire : ses parents étaient Grecs et originaires d’Andros ; il naquit à Ancône le,12 janvier 1583, vint à Rome en 1592, et fut élevé dans le collège fondé par Grégoire XIII pour les jeunes Grecs ; il y fit de grands progrès dans les sciences, et surtout dans les langues latine et grecque. Comme il se destinait a l’état ecclésiastique, il prit le sous-diaconat dans le rite grec, et ensuite dans l’Église romaine. Il enseigna la rhétorique et la langue grecque dans le collège ou il avait reçu son éducation, et où l’on a conservé son portrait. Il eut pour élèves plusieurs personnages distingués, entre autres Léon Allatius ou Allacci, François Arcudi, et Scipione Cobelluti. Celui-ci, étant devenu secrétaire des brefs du pape Paul V, le fit entrer, en qualité de secrétaire, chez le cardinal Scipione Borghese. Alemanni ne remplit pas cet emploi à la satisfaction du cardinal, qui eut souvent à se plaindre des défauts de son style, du peu d’usage qu’il avait des manières du monde, et surtout de ce qu’il mélait toujours du grec dans ses lettres latines. Il lui fit pourtant obtenir, en 1614, la place de garde de la bibliothèque du Vatican, à laquelle son érudition le rendait si propre. En 1623, Alemanni publia, à Lyon, en un volume in-fol., le 9e livre des Histoires de Procope, qu’il accompagne d’une traduction latine et de notes très-savantes. Cet ouvrage a été réimprimé l’année suivante à Rome, aussi in-fol. ; à Helmstaedt, en 1654, in-4o, et à Cologne, en 1669, in-fol. On le trouve aussi, mais sans les notes critiques d’Alemanni, dans l’édition complète des œuvres de Procope, Paris, 1662-1663, in-fol. Mazzuchelli cite encore une édition donnée a Rome en 1524 ; mais c’est une faute typographique, puisqu’à cette époque Alemanni n’était pas né. Les notes d’Alemanni sont critiques, historiques, et très-estimées ; mais on lui reproche d’avoir été quelquefois trop hardi dans sa manière de traduire ; il a excité de vives réclamations, à cause des crimes dont il charge la mémoire de Justinien (Voy. Procope, Justinien, Echeluis.) Deux ans après, Alemanni publia encore une Description de St-Jean-de-Latran, où, après avoir tracé l’histoire de cette célèbre basilique, il en décrit les mosaïques. et les autres monuments, et en explique avec une grande sagacité les inscriptions. Cet ouvrage est curieux pour l’histoire civile et ecclésiastique du moyen âge, et pour celle des arts dans la même période ; mais l’auteur s’est attiré de vifs reproches de la part des écrivains français, et principalement de le Blanc, dans son Traité des monnaies de Charlemagne, pour avoir dit que les empereurs n’avaient jamais exercé dans Rome de souveraineté, et qu’ils n’avaient agi qu’au nom du pape, et comme ses représentants. Cet ouvrage a été réimprimé dans le 8e tome du Thesaurus antiquatum Italiæ. Il en a paru une nouvelle édition à Rome, en 1756, in-4o, avec deux dissertations de César Rasponi et de Joseph-Simon Assemani. Elle a été publiée par Jean Bottari, et elle est précédée d’une notice sur son auteur. Mazzuchelli fait encore mention d’un autre ouvrage d’Alemanni, qu’il dit exister en manuscrit, sous ce titre : de principal apostolorum Sepulcro ; mais on ignore où il a puisé cette notice. Alemanni a sûrement composé plusieurs des notes sur l’Odegon d’Anastase le Sinaïte, qui a été publie par Jacques Gretser ; il dit lui-même avoir composé une dissertation de Ecelesiasticorum Prœlatione ; mais on doit surtout regretter qu’il n’ait pas achevé et publié son grand ouvrage sur les Antiquités ecclésiastiques, dont il parle lui même en plusieurs occasions. Le véritable nom de cet auteur est Alemanni, c’est ainsi qu’il l’écrit toujours lui-même, et non pas Alamanni, connue on le trouve dans plusieurs ouvrages. Cette leçon vicieuse a trompé Jules Negri, qui le compte parmi les écrivains nés à Florence, et parmi les membres de l’ancienne et illustre famille Alamanni. On lui doit encore une édition d’une donation faite à l’église de Malte, par Roger, comte de Calabre, avec la traduction du grec en latin, Rome, 1644, in-fol. Il mourut à Rome, le 24 juillet 1626, à l’âge de 43 ans, victime de son zèle pour une mission qui lui avait été confiée : c’était de veiller à ce qu’on n’enlevât rien d’une terre ou se trouvaient des ossements de martyrs, et que l’on fut obligé de fouiller pour élever des colonnes dont on voulait orner le grand autel de l’église St-Pierre. A. L. M.


ALEMBERT (Jean le Rond d’), l’un des hommes les plus célèbres du 18e siècle, naquit à Paris le 16 novembre 1717, et fut exposé sur les marches de St-Jean-le-Rond, église située près Notre-Dame, et détruite maintenant. L’existence de cet enfant parut si frêle, que le commissaire de police qui le recueillit, au lieu de l’envoyer aux Enfants trouvés, crut nécessaire de lui faire donner des soins particuliers, et le confia, dans cette vue, à la femme d’un pauvre vitrier. Peut-être avait-il déjà quelques instructions pour agir de la sorte ; car, quoique les parents de d’Alembert ne se soient jamais fait connaître publiquement, peu de jours après sa naissance, ils réparèrent l’abandon où ils l’avaient laissé : son père lui assura 1200 livres de rente, revenu suffisant alors