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et le dessin en est d’une rare correction. Le carton en fut longtemps placé dans la grande salle du palais de Séville. Quelques éloges qu’Alésio ait reçue pour son ouvrage, et surtout pour cette figure, sa franchise et sa modestie étaient telles, qu’il reconnaissait la supériorité du peintre espagnol Louis de Vargas, son contemporain. Contemplant un jour un tableau d’Adam et Éve, par cet artiste, il vanta surtout le raccourci d’une des jambes d’Adam, et dit que cette jambe seule valait mieux que tout son St. Christophe. Il fit plus encore : malgré l’estime générale dont il jouissait, il prit le parti de retourner en Italie, parce que, disait-il, on n’avait pas besoin de ses talents dans un pays qui avait donné le jour à un aussi grand maître que Louis de Vargas. Alésio mourut en 1600. D-t.


ALESSANDRI (François), médecin, était fils d’un praticien de Verceil, où il naquit en 1529. Reçu docteur à l’université de Pavie, il acquit bientôt une grande réputation et fut nommé médecin du duc Emmanuel-Philibert de Savoie, qu’il accompagna dans ses campagnes de Flandre, ainsi que le conseiller Hugues Michaud, dont il était l’ami. (Voy. Savoie.) On a de lui 1° Bivium virtutis Papiæ, 1551. D’après l’avis de l’historien Ranza, cet ouvrage est écrit avec élégance. 2° Apollo Omnem compositorum, et simplicium normam suo fulgare ita irradians, ut efus moridiuna luce contenti modiet et pharmacopolæ, omni librorum copia neglosia, omni denique erroris nebula fugata, ad quævis opera facillime se accingere valeant, lib. 12 ; Venetiis, 1565, in-fol., et Francfurtii, 1624. On a encore de ce docteur plusieurs poésies latines, et l’ouvrage suivant, dans le préface duquel l’auteur exprime sa gratitude envers le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert : Pestis et pestilentium Febrium Tractatus, in-4o, Vereslli, 1578, et Taurini, 1586. Les historiens Tiraboschi, Gesnerus, Bovius, et Orico on fait de grands éloges du médecin Alessandrini, que, suivant l’observation de Mazzuchelli, il ne faut pas confondre avec le Florentin Alessandrini son contemporain. Un frère d’Alessandri passa au service du roi de France, et eut un commandement dans le marquisat de Saluces. ─ Un autre frère fut aussi médecin et publia des poésies sous ce titre ! Alexandri ex Alexandria Primiti ad Franciscum fratrem, ad ejus opus cujus titulus Apollo, Venitiis, 1565. G-G. Y.


ALESSANDRI (Jean Deoli), né à Florence le 8 septembre 1765, d’une famille praticienne, se livra dès sa jeunesse à la culture des beaux-arts. Les connaissances qu’il y avait acquises fixèrent sur lui l’attention de Ferdinand III, grand-duc de Toscane, qui, en 1796, le nomma vice-président de l’Académie des beaux-arts, emploi qu’il conserva sous Louis Ier, infant de Parme, en faveur de qui la Toscane, d’après le traité de Lunéville, avait été érigée en royaume d’Étrurie. Alessandri, qui dans des temps difficiles avait consacré une partie de sa fortune à la prospérité de l’Académie, lui donne un nouvel éclat en appelant dans son sein le peintre Benvenuti et le sculpteur Canova. Mais bientôt une autre carrière s’ouvrit pour lui : la Toscane ayant été réuni à la France en 1808, il fut décoré de la Légion d’honneur et député au corps législatif par le département de l’Arno. Douze princes souverains, au nom desquels se trouvait Ferdinand IIII, alors grand-duc de Wurtzbourg, assistèrent à l’ouverture de la session en 1809 ; dans celle de 1810, Alessandri coopéra à la rédaction du Code pénal, plus sévère que celui quels grand-duc Léopold avait donné à ses États en 1786 ; mais les observations des députés de l’Italie à ce sujet restèrent sans effet Après les événements de 1814 et le retour de Ferdinand III à Florence, Alessandri reprit, par ordre de ce prince, la direction de l’Académie des beaux-arts, et fut envoyé à Paris en 1815, en qualité de commissaire du grand-duc, pour réclamer les objets d’art dont les conquêtes des Français avaient enrichi les musées et les bibliothèques de cette capitale. La manière dont il s’acquitta de cette commission lui valut des éloges et des récompenses de la part de son souverain. Il mourut à Florence, le 20 septembre 1828. On a de lui des discours pour les distributions de prix, insérés dans les Actes de l’Académie des beaux-arts de Florence. G-G-y.


ALESSANDRO ALESSANDRI (Alexander ou Alexandro), jurisconsulte napolitain, s’est rendu célèbre par son ouvrage intitulé : Genialium diorum libri 6. Il était de l’ancienne et ’noble famille des Alessandri de Naples. Né vers l’an 1461, il étudia à Rome sous trois habiles maîtres, Fr. Phidelphe, Nicolas Perotti et Calderino. Il exerce d’abord à Naples la profession d’avocat ; mais il y renonce bientôt, dégouté, disait-il, par l’iniquité des jugements, plus que par les difficultés de la science des lois. Il se livra entièrement aux lettres, surtout à la philologie et à l’étude de l’antiquité. Bayle s’est trompé dans son Dictionnaire critique, en disant qu’il avait été protonotaire apostolique. Il allègue l’autorité de Pancirole, dans son traité de Claris legum interpretibus ; mais Pancirole dit qu’Alexandre fut protonotaire royal, et non pas apostolique. On ignore l’époque de sa naissance, et l’on a beaucoup varié sur celle de sa mort. Le savant Apostolo Zeno l’a fixée, d’après un renseignement positif, au 2 octobre 1523. (Voy. Dissertaz. Vossiane. t. 2, p. 186.) Alexandre mourut à Rome, à l’âge de 62 ans. Il était alors abbé commandataire de l’abbaye de Carbonne, de l’ordre de St-Basile, située dans cette partie de l’ancienne Lucanie qu’on nomme la Basilicate. Son livre Gentalium diorum est un ouvrage d’érudition et de philologie, fait sur le modèle. des Nuits attiques d’Aulu-Gelle, des Saturnales de Macrobe, du Policraticus de Jean de Salisbury, etc. On a beaucoup loué l’érudition dont ce livre est rempli, et l’on s’est moqué, avec raison, des preuves de crédulité que l’auteur y donne en parlant des sortilèges, des apparitions d’esprits, et de l’explication des songes. Tiraboschi se tient, à son ordinaire, dans un sage milieu entre la louange et le blâme, en parlant de cet ouvrage singulier. « On peut le comparer, dit-il, à un grand magasin où l’on trouve des marchandises de toute espèce ; parmi la confusion et le désordre qui y règnent, et au milieu