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propositions. Toujours attaché aux Grecs, Alexandre eut soin, la veille de la bataille de Platée, d’avertir Panannias qu’il serait attaqué le lendemain. Devenu très-riche par la libéralité du roi de Perse, il envoya à Delphes et à Olympie plusieurs statues d’or. Il attira à sa cour Pindare, le poête lyrique ainsi que les musiciens les plus célèbres de son temps. Il mourut vers l’an 408 avant J.-C., et eut pour successeur Pediccas, son fils. C-r.


ALEXANDRE II, fils d’Amyntas II, monta sur le trône de Macédoine l’an 367 avant J.-C. Étant passé dans la Thessalie, à l’invitation des Alenades, qui voulaient renverser Alexandre, tyran de Phéres, il reprit Larisse et Cronon, où il mit garnison pour son compte. Rappelé dans la Macédoine, par la révolte de Ptolémée Alorites, il perdit bientôt ces deux places, qui lui furent enlevées par Pélopidas ; et il se vit même obligé d’appeler ce général à son secours. Pélopidas fit rentrer les rebelles dans le devoir, et contracta une alliance avec Alexandre, qui lui donna en otage Philippe son frère. Peu de temps après son départ, Alexandre fut assassiné, au milieu d’une fête, par Ptolémée Alorites, à l’instigation d’Eurydice, sa propre mère, dont ce Ptolémée était l’amant. Il ne régna qu’un an. C-r.


ALEXANDRE, tyran de Phérès, était fils de Polydore, que les Thessaliens avaient choisi pour chef, conjointement avec son frère Polyphron. Ce dernier ayant assassiné Polydore pour gouverner seul, Alexandre, sous prétexte de venger la mort de son père, tua lui-même Polyphron, s’empara de l’autorité, l’an 368 avant J.-C., et chercha bientôt à subjuguer toutes les villes de la Thessalie. Magnifique dans ses dons, terrible dans ses vengeances, d’un caractère très belliqueux, il se fit, de tous les hommes pervers, d’avides et zélés partisans. Les dépouilles des citoyens furent le partage de ses soldats. Les Thessaliens, accablés d’un tel joug, eurent d’abord recours à Alexandre II, roi de Macédoine, et ensuite aux Théhains, qui leur envoyèrent Pélopidas avec une armée. Le tyran fut réduit à embrasser les genoux de Pélopidas, dont les reproches l’alarmèrent : il s’évada avec ses gardes, et rassembla une armée. Ce fut alors que le général thébain eut l’imprudence de venir, pour traiter avec lui, sans escorte et sans armes. Le tyran, le voyant ainsi sans défense, le fit plonger dans un cachot, et ne le remit en liberté que lorsqu’Epaminondas, à la tête d’une nouvelle armée, vint le menacer de la vengeance des Thébains. Il recommence négocier, et on lui accorda une trêve, à condition qu’il n’entreprendrait plus rien contre la liberté des peuples ; mais a peine les Thébains furent-ils éloignés, que le tyran reprit les armes, et renouvela ses violences et ses cruautés. Il entre dans Scottusse, ville de la Thessalie, convoque une assemblée générale des citoyens, et, les ayant fait entourer par ses troupes, les fait tous massacrer. La ville de Mélibée éprouva le même sort. Pélopidas rappelé par les cris d’une nation au désespoir, arrive avec 7,000 hommes, et marche contre Alexandre, qui lui en oppose 20,000 ; malgré cette inégalité de forces, Pélopidas obtint plusieurs avantages, et, défit complètement le tyran dans la plaine de Cynocéphale ; mais il périt lui-même au milieu de sa victoire. Alexandre, affaibli et vaincu, fut obligé de rendre toutes les places, et s’engagea par serment à ne plus prendre les armes contre les Thébains, qui ne lui laissèrent que la seule ville de Phérès. N’osant plus faire la guerre sur terre, il se livra à la piraterie, et envoya des vaisseaux pour ravager les Cyclades ; défit les Athéniens près de Péparetos, et eut l’audace d’aller piller le Pirée. Devenu odieux même à sa famille, il fut assassiné par ses beaux-frères, que sa femme Thébé introduisit, pendant la nuit, dans la chambre où il était couché et endormi. Quoiqu’elle lui eût ôté son épée, ses frères hésitaient de frapper ; mais elle les menaça de l’éveiller, et de lui tout dévoiler : ils l’égorgèrent, l’an 357 avant J.-C. Ce monstre se plaisait à faire enterrer des hommes vivants, et à lâcher des chiens affamés sur des malheureux couverts de peaux d’ours et de sangliers. Il conservait avec vénération la lance avec laquelle il avait tué son oncle Polyphron, et lui offrait des sacrifices comme à une divinité. Un jour qu’il assistait à une représentation de la tragédie des Troyennes d’Euripide, il quitta brusquement le théâtre ; et, comme on lui en demandait la raison : « Je suis honteux, dit-il, si l’on me voyait pleurer sur les malheurs d’Andromaque et d’Hécube, moi qui n’ai jamais eu pitié de personne. » K.


ALEXANDRE le Grand, fils de Philippe, naquit à Pella, le 6 du mois hécatombœon de la 1re année de la 106e olympiade (le 20 septembre 356 avant J.-C.), la nuit même que fut consumé le temple de Diane à Éphèse. Il descendait d’Hercule par son père[1] ; et sa mère, Olympias, fille de Néoptoléme, roi d’Épire, était de la race des Æacides. Né avec les dispositions les plus heureuses, des son enfance il annonça un grand caractère. Les ambassadeurs du roi de Perse étant venus à la cour de Philippe, loin de les questionner sur des frivolités, comme on devait l’attendre d’un enfant, il s’informa de ce qui concernait l’administration de ce royaume, de sa topographie, de ses forces, du caractère du prince régnant ; et, ce qu’il y a de plus remarquable, du nombre des journées de marche de la Macédoine à Suze[2]. Comme on le pressait un jour d’entrer en lice pour disputer le prix de la course aux jeux olympiques : « Oui, répondit-il, si j’ai des rois pour concurrents. » Les victoires de Philippe l’attristaient. « Mon père, disait-il aux enfants de son age, ne me laissera donc rien à faire ? » De pareilles dispositions avaient besoin

  1. Comme tous les princes de Macédoine jusqu’alors, la dynastie des Caranides, qui s’éteignit dans les mâles avec les deux fils d’Alexandre. se disait héraclide ; mais rien de moins démontré que cette origine. Val. P.
  2. Ce fait, s’il est vrai (ce que nous pensons), ne prouve qu’une chose, c’est que l’idée de la conquête de l’empire médo-perse par les Grecs devenait populaire. L’expédition de Cléarque, en compagnie du jeune Cyrus, en avait donné l’odée ; les campagnes d’Agésilas avaient semblé en entamer la réalisation ; l’illustre Jason de Phères y pensait (voy. son article); et personne n’ignore que Philippe s’y disposait lorsqu’il lat assassiné. C’est ainsi qu’en 1811, les enfants même ne parlaient que de Guerre de Russie, demandaient combien d’étapes de Moscou à Pétersbourg. Val. P.