que la succession des pontifes est hors de doute. On ne connait aucune particularité de la vie de St. Alexandre. Les Épitres imprimées sous son nom paraissent supposées.Il eut pour successeur Sixte Ier. D-s.
ALEXANDRE II, élu pape en 1061, s’appelait Anselme de Badage ou de Bagio, d’une famille noble et ancienne du Milanais. Il montra de bonne heure des talents et des vertus, et fut honoré de deux légations par Étienne IX et Nicolas II, l’une dans le Milanais et l’autre en Allemagne ; il devint ensuite évêque de Lucques. Ce fut vers cette époque que partirent deux hommes célèbres dans l’histoire : Henri IV, roi de Germanie, depuis Empereur ; et Hildebrand, connu ensuite sous le nom de Grégoire VII. Après la mort de Nicolas II, l’élévation du nouveau pontife souffrit quelques lenteurs : les Romains étaient partagés. Ils envoyèrent vers Henri, âgé alors de dix ans et vers l’impératrice sa mère, Agnès, le cardinal Étienne, auquel on refusa tout accès ; il rapporta ses lettres, qu’on n’avait pas daigné ouvrir. L’archidiacre Hildebrand craignit qu’un plus long délai ne jetât encore plus de division dans les esprits ; il tint conseil avec les cardinaux et les nobles romains, et ce fut après trois mois de vacance qu’Anselme fut élu, et prit le nom d’Alexandre II. On espérait qu’il serait agréable à la cour d’Allemagne, où il était connu ; on se trompa. Didier, cardinal, abbé du Mont-Cassin, et Robert Guiscard, duc de Pouille, appuyèrent cette nomination ; mais Guibert, chancelier du royaume d’1talie, excita les évêques de Lombardie, la plupart, dit Fleury, simoniaques et concubinaires, et les détermina à un autre choix. Ils passèrent les monts, portant une couronne d’or pour le jeune Henri. avec l’offre de la dignité de patrice. Cette démarche les fit accueillir de l’impératrice mère. On tint une assemblée on diète générale à Bâle, dans laquelle on apprit l’élection faite à Rome sans le consentement de l’Empereur. Ce défaut de forme parut une injure, et l’on élut Pierre Cadalous, évêque de Parme, sous le nom d’Honorius II. Ce prélat de mœurs scandaleuses, avait été excommunié dans trois conciles différents. Le défaut de consentement de l’Empereur pour l’élection du pape n’était pas un incident nouveau dans les annales ecclésiastiques. St. Étienne, St. Corneille, St. Clément, St. Alexandre, St. Pierre lui-même, n’avaient pas été élus par les Empereurs de leur temps. D’ailleurs, dans la circonstance actuelle, toutes les démarches nécessaires avaient été faites pour obtenir ce consentement ; c’était le silence affecté de la cour d’Allemagne qui avait forcé les Romains de passer outre. Ces raisons étaient exposées avec beaucoup d’énergie dans un écrit de Pierre Damien, l’un des hommes les plus éloquents et les plus vertueux de son siècle. Cet écrit était destine à être lu dans le conseil d’Osbov, en Saxe, ou Cadalous fut déposé. Cependant cet anti-pape voulait soutenir son élection par la force des armes. Ce fut dans cet appareil qu’il se présenta à l’improviste devant Rome, le 14 avril 1062. Ses troupes eurent d’abord quelque avantage ; mais Godefroy, duc de Toscane, étant venu au secours qu’Alexandre, Cadalous se trouva tellement pressé, qu’il ne put se sauver qu’à force de prières et de présents. Il retourna à Parme, sans renoncer toutefois à son entreprise. Condamné de nouveau comme simoniaque, par le concile de Mantoue, il voulut joindre la ruse à la force ; et, après avoir gagné quelques troupes par des présents, il se glissa de nuit dans la cité Léonine, et s’empara de l’église de St-Pierre. Le peuple y accourut en foule, et les soldats de Cadalous furent tellement épouvantés, qu’ils se dispersèrent et coururent se cacher ; Cadalous lui-même se réfugia dans le château St-Ange, auprès de Cencius, fils du préfet, méchant homme, dévoué au parti de l’Empereur, et que l’on vit encore figurer sous le pontificat de Grégoire VII. Les partisans d’Alexandre tinrent Cadalous assiégé pendant deux ans, au bout desquels il parvint à s’échapper déguiser en pélerin, après s’être racheté à prix d’argent des mains de Cencius lui-même. Cet intrus survécut peu à cette catastrophe. Cependant Alexandre était, toujours méconnu par Henri. Parvenu à l’âge de dix-huit ans, ce jeune Empereur annonçait des passions violentes, auxquelles il sacrifiait toutes les bienséances. Fleury le peint comme le plus méchant des hommes. La séduction, le rapt étaient les moyens les plus doux qu’il employât pour satisfaire ses désirs inconstants. Il voulait répudier Berthe, fille du marquis d’Italie, qu’il avait épousée depuis peu. La diète assemblée à Worms lui avait refusé son approbation ; il écrivit à Alexandre, qui envoya Pierre Damien comme légat au concile de Mayence, convoqué pour prononcer sur cette grande querelle. Le divorce fut rejeté de la manière la plus humiliante pour Henri, dont le ressentiment eut des conséquences si fâcheuses sous le pontificat du successeur d’Alexandre. Ce fut vers cette époque que Guillaume de Normandie entreprit la conquête de l’Angleterre. Il crut devoir se rendre le pape favorable, et envoya vers lui. Alexandre lui donna un étendard comme une marque de la protection. de St. Pierre. Après l’expédition, Guillaume donna au pape l’étendard d’Harold qu’il avait vaincu ; il y ajouta de grandes sommes en or et en argent pour le denier de St. Pierre, et cette union fut encore cimentée par les soins que le pape se donna pour assurer la primatie à l’archevêché de Cantorbéry, occupé alors par Lanfranc. Alexandre, aidé des conseils d’Hildebrand et des vertus de Pierre Daùien, entreprit de réprimer la simonie, et de corriger les mœurs du clergé. Le scandale de ces abus était alors à son comble, surtout en Allemagne. En France, il fit régler plusieurs objets de discipline, et loua les évêques français de s’opposer au massacre des juifs, qu’un zèle inhumain livrait au fer des bourreaux. Après 11 ans 6 mois et 22 jours de pontificat, Alexandre mourut, le 20 avril 1073, regretté universellement. On lui attribua plusieurs miracles. Il est resté quarante cinq lettres de lui, toutes relatives à des points de discipline et de morale religieuse. Alexandre II eut pour successeur Grégoire VII. D-s.
ALEXANDRE III était né de parents pauvres à Sienne et se nommait Roland Rainuce. D’abord