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cultivé par l’étude, et il a laissé plusieurs recueils de sentences, de proverbes et de poésies. Golius et Letté ont publié des fragments de ces sentences ; le premier à Leyde en 1629, et le second en 1748, la suite du poëme de Ben-Zobaïr. Vattier a traduit en français, et fait imprimer à Paris en 1660, celles qui ont été publiées par Golius. Ockley a donné, dans la troisième édition de son Histoire des Sarrasins, une version anglaise de 169 sentences d’Ali. Wasmuth observe, dans la préface de sa Grammaire arabe, que Tocherning a publié une centurie de ses proverbes. Quant aux poésies, Guadagnoli est le premier qui les ait publiées, avec une traduction latine, à Rome, en 1612. Kuypers en a donné une nouvelle édition plus correcte, Leyde, 1745. in-8o. Ce recueil contient six petit spoëmes, dont le premier avait été donné par Golius, à la suite de la Grammaire d’Erpenius, Leyde, 1656 ; et les second, troisième et quatrième, par Agapito, à la suite de sa Grammaire arabe, Rome, 1687, Ali, tant que Fathimah vécut, n’eut pas d’autre femme : elle, lui donna trois fils, Haçan, Hoceïn et Mohaçan, morts en bas âge. Il contracta, après sa mort, plusieurs mariages, dont il eut douze autres fils et dix-huit filles. Sa postérité, multipliée à l’infini, s’est repandue dans tout l’Orient. Le titre vrai ou supposé d’Alide, ou descendant d’Ali, a consacré le règne des Almohades d’Afrique et d’Espagne, des Fathimites d’Égypte, des Ismaéliens, des princes de l’Yémen, des chérifs de la Mecque, et d’une foule d’imposteurs, dont la puissance passagère ne s’est établie que parle meurtre et les guerres civiles. La morale douce et facile d’Ali, ses vertus, et peut-être ses malheurs, lui avaient gagné l’estime et l’amour d’un grand nombre de musulmans, qui embrassèrent sa cause avec chaleur. Ils ne virent, dans l’élévation des trois premiers califes, que l’usurpation d’un pouvoir qui appartenait au gendre du prophète. Les sunnytes (orthodoxes), ou partisans des trois premiers califes, ne les regardèrent, au contraire, que comme des séditieux, des hétérodoxes, qualifications exprimées par le nom de chyïtes qu’ils leur donnent. Les deux partis en vinrent aux mains, et Bagdad vit plusieurs fois ses rues teintes du sang des croyants. Cette distinction de sunnytes et de chyïtes existe encore ; les Turcs sont sunnytes, les Persans sont chyïtes, et c’est une des principales causes de la haine entre ces deux nations. Ainsi, les Persans comme tous ceux de leur secte, maudissent la mémoire des trois premiers califes, et ne reconnaissent de succession légitime au califat que dans la maison d’Ali. Ils donnent le titre d’imam aux princes de cette maison. Ces princes sont au nombre de douze. Ali en est le premier, et Mehdy le dernier. (Voy. ce nom et celui de Haçan, qui succéda à Ali son père.) J-n.


ALI, roi de Maroc, troisième monarque almovaride, fils de Yusel, ou Joseph, lui succéda en 1110. Moins guerrier que son père, il négligea ses conquêtes en Espagne, et ne s’occupa, au commencement de son règne, qu’à faire batir de somptueux édifices, entre autres la grande mosquée de Maroc. Déterminé enfin par les pressantes sollicitations des musulmans d’Espagne, il vint à leur secours en 1113, mais ne fit rien de mémorable dans plusieurs compagnes consécutives, et dont la dernière fut très-malheureuse ; perdit le sceptre et la vie, dans une grande bataille contre Alphonse d’Aragon, en 1115. Ali aimait les sciences et les lettres. C’est lui qui fit former, par une société de savants arabes, le recueil des ouvrages d’Avicenne, tel que nous l’avons. B-p.


ALI-BEN-AL-ABBAS-AL-MADJOUCY, célèbre médecin, était d’origine persane, et mage de religion. Il est auteur de l’ouvrage connu sous le nom d’al-kamet (traite complet de médecine), et d’Al-Maleky (le Livre royal}. Ali le dédia à Adhad-Edaulah, prince bouïde. Ce traité a été traduit en latin, publié à Venise en 1492, in-fol., et réimprimé à Lyon en 1523. in-4o. J-n.


ALI-BEY, chef des mamelucks, naquit vers 1728, dans le pays des Abazes, ou Abares, voisin du Caucase, et pépinière des soldats et des beys qui tiennent l’Égypte sous le joug. Ali-Bey fut amené au Caire, comme esclave, à l’âge de-douze ou treize ans et vendu à Ibrahim-Kiaya, ou chef vétéran de janissaires, qui parvint, en 1746, à s’emparer de l’autorité, et à soustraire cette province à l’obéissance de la Porte ottomane. Élevé près de lui dans tous les exercices qui assimilent les mamelucks aux jeunes nobles des temps de la chevalerie, Ali-Bey s’y livra avec tant de pétulance et d’ardeur, qu’il reçut le surnom de Djendali (le fou). Affranchi à vingt ans, il se maria, et acquit le privilège de laisser croitre sa barbe. Bientôt il fut mis au rang des vingt-quatre beys qui gouvernaient l’Égypte. La mort de son protecteur, Ibrahim, en 1757, lui fit ensuite concevoir les plus hardis desseins. Il succomba d’abord sous les efforts d’une faction opposée, et fut exilé dans le Saïd, ou haute Égypte ; il y demeura deux ans, et employa ce temps à mûrir ses projets. En 1766, il les mit à exécution. Son adresse, ses intrigues, le portèrent au rang de chef suprême : il tua quatre beys, ses ennemis, chassa le pacha, simulacre de l’autorité légitime. refusa le tribut, et fit battre monnaie en son propre nom. La Porte, occupée de la guerre contre les Russes, fut obligée de temporiser. et Ali-Bey en profita pour reprendre un port du Saïd, dont un chef arabe s’était emparé. Il fit même sortir de Suez une flotte qui prit possession de Djedda, port de la Mecque, tandis qu’un corps de cavalerie, commandé par son favori et son fils adoptif, Mohammed-Bey, occupait et pillait la Mecque même. Un jeune marchand vénitien avait suggéré à Ali le projet de faire reprendre au commerce de l’Inde la route de la Méditerranée et de la mer Rouge. En 1770, il fit alliance avec le fameux cheik Daher, révolté contre la Porte, en Syrie, et projeta la conquête de toute cette province, ainsi que de la Palestine. Il envoya d’abord un corps de mamelucks s’assurer de Gaza, et fit marcher, sous les ordres de Mohammed, la plus forte armée qu’il pût lever. Ce général, s’étant joint dans Acre aux troupes de Daher, marcha sur Damas. Il livra bataille,