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Le 15 février 1791, comme rapporteur, il demanda et fit décréter l’abolition des maîtrises et jurandes, et l’établissement du droit de patente. Il demanda que la contribution foncière fut évaluée à 240 millions. Il combattit, le 5 mai suivant, avec beaucoup de force, mais sans succès ; la proposition de Rabaut-St-Étienne sur l’émission des petits assignats. Prévoyant les malheurs qui devaient bientôt peser sur la France, après la session il conduisit ses enfants aux États-Unis, où il avait de grandes propriétés. Ses talents financiers, qu’il dirigea vers le commerce, lui servirent à réparer les torts que la révolution avait faits à sa fortune. Après le 18 brumaire il fut charge de réorganiser l’octroi de Paris et en devint le fermier. Les avances qu’il fut forcé de faire au trésor ne lui ayant pas été remboursées, il se vit dans la nécessité de déposer son bilan. Mais les causes de sa faillite étaient trop connues pour que cet événement pût porter atteinte à sa réputation. Il vendit ses domaines pour payer ses créanciers, et se fit réhabiliter en 1807. Ayant recueilli les débris de sa fortune, il acquit en Franche-Comté des forges qu’il comptait exploiter lui-même. Ses affaires l’avaient conduit à Besançon, et il y mourut d’apoplexie le 9 septembre 1809, au moment de monter en voiture pour revenir à Paris. Il était âgé de 60 ans. Son fils aîné, l’un de nos chansonniers les plus spirituels, et auteur d’un grand nombre de vaudevilles, est connu dans la littérature sous le nom de Francis. W-s.


ALLART (Mary Gay, femme), née à Lyon vers 1750, reçut une éducation beaucoup plus soignée que ne semblait le comporter son sexe, à l’époque où elle vécut. À peine âgée de dix-huit ans, elle savait très-bien la plupart des langues modernes, et particulièrement l’anglais. Mariée de bonne heure, elle ne fut pas heureuse, et des chagrins domestiques l’obligèrent à faire de ses talents une ressource fort honorable sans doute, mais aussi faible que pénible. Venue à Paris, madame Allart y publia d’abord plusieurs traductions de romans anglais, et ensuite un roman de sa composition, qui eut beaucoup de succès, sous le titre d’Albertine de Sainte-Albe, Paris, 1818, 2 vol. in-12. Les romans qu’elle a traduits de l’anglais sont : 1o  Éléonore de Rosalba, ou le Confessionnal des pénitents noirs, par Anne Radcliffe, Paris, 1797, 7 vol. in-18. L’abbé Monellet avait déjà traduit ce roman nous le titre de l’Italien, et l’on peut dire quels comparaison avec le travail de cet académicien n’est point trop défavorable à madame Allart. 2o  Les Secrets de famille, par miss Peatt, 1799, 5 vol. in-12 ; 2e  édition, 1802., 5 vol. in-18. Chénier, qui, dans son Tableau de la littérature depuis 1789, a parlé avec éloge des romans d’Anne Radcliffe, loue aussi d’une manière tort remarquable les traductions de madame Allart. Elle mourut à Paris en 1881. ─ Il ne faut pas la confondre avec mademoiselle Hortense Allart, sa fille, dont a la Conjuration d’Ambois et des Lettres sur les ouvrages de madame de Staël. Z.


ALLATIUS. Voyez Allccin.


ALLÉ (Jérôme), né à Bologne vers la fin du 16e siècle, entra dans la congrégation de St-Jérôme de Fiésole, la théologie à Bologne, sa patrie, et parvint aux premières dignités de son ordre. Il joignit l’étude des lettres aux sciences ecclésiastiques ; il se distingua dans la prédication, et publia des sermons et quelques ouvrages en vers, entre autres quatre représentation, comme on les appelait alors, espèce de drames pieux où l’on mettait en action des sujets tirés de l’histoire sainte ; Ce sont : la Bienheureuse Catherine de Bologne ; l’Infortuné et la fortunée Clotilde ; la Contrition triomphante, et l’Épouse inconnue et connue de Salomon, avec la intermèdes de Samson, de David et d’Abasolon. Elles furent imprimées successivement à Bologne, de 1641 à 1650 ; l’affectation antithétique de tous ces titres, traduits de l’Italien, annonce celle qui règne dans les pièces mêmes : c’était le style de la mode dans le temps où elles furent écrites. Voici le titre d’un ouvrage de morale du même auteur, que nous mettrons en italien, en avouant qu’il serait illicite de le traduire : il Concatenato aconcatenamento de i pensieri, parole et attioni ummune, cheletto et praticato concatena le virtue nell’ animo, e li concatene i vitii, etc., Bologne, 1855, in-4o . G-é.


ALLECTUS, tyran de la Grande-Bretagne, au 3e siècle ; sa naissance et son origine sont restées ignorées. Devenu le confident et le ministre de l’usurpateur Carausius, qui régnait en Angleterre, il finit par l’assassiner, afin de n’être pas recherché pour ses malversations, Allectus, revêtu de la pourpre impériale, prit le nom d’Auguste, l’an 294, et maintint pendant trois ans son autorité. Constance-Chlore, qui régnait alors, ayant résolu de le soumettre, forma le projet de faire une descente en Angleterre. Une de ses flottes, commandée par Asclépiodote, échappa, à la faveur d’un brouillard, à celle d’Allectus, qui était mentionnée près de l’île de Wight. « convainquant ainsi les Bretons, dit Gibbou, que la supériorité des forces navales ne protégerait pas toujours leur pays contre une invasion étrangère. » Asclépiodote mit à terre ses troupes de débarquement, vis-à-vis Boulogne, et Constance-Chlore débarqua lui-même sur un autre point. Allectus était campé à quelque distance ; mais soit qu’il n’osât point en venir à une action décisive, soit qu’il crut plus facile de vaincre Asclépiodote avant que les deux corps d’armée eussent pu se réunir, il quitta le poste qu’il occupait, et alla au-devant du lieutenant de Constance-Chlore. Ce prince marcha aussitôt au secours d’Asclepiodote ; mais il n’arriva qu’après la bataille, dans laquelle Allectus fut défait et tué, après 5 ans de règne. Il avait ôté sa robe impériale pour n’être pas reconnu, de sorte que les vainqueurs ne trouvèrent qu’avec peine son corps mutilé, parmi les morceaux de barbares qui avaient péri. Allectus avait mérité la haine des Bretons par son avidité et par la dureté de son gouvernement. Sa défaite les fit rentrer sous la domination romaine. B-p.


ALLEGRAIN (Christophe-Gabriel), sculpteur, naquit à Paris, en 1710, d’Étienne Allegrain, paysagiste, peintre du roi. Cet artiste est un de ceux qui ne peuvent être appréciés, si l’on ne distingue