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de Junius, enrichie de notes et d’anecdotes très-utiles pour l’intelligence de plusieurs passages de ces lettres. On lui doit aussi la publication des écrits de Jean Wilkes, avec des mémoires très-étendues sur la vie de cet homme célèbre. Almon est mort le 12 décembre 1805. S-d.


ALMONDE (Philippe van), vice-amiral hollandais, naquit à la Brille, en 1646, et fit ses premières armes nous le capitaine de marine Kleidyk, l’un de ses oncles. Élevé bientôt au grade de capitaine de vaisseau, il eut le commandement du Dortrech, dans le long combat naval des 11, 12, 3 et 14 juin 1668, où Ruyter s’acquit tant de gloire. Depuis cette époque, Almonde ne cessa de donner des preuves de bravoure et d’habileté. Il délivra, en 1672, Ruyter, son amiral, enveloppé par deux vaisseaux ennemis ; l’année suivante, il commanda la flotte stationnée devant Gorée, rejoignit ensuite dans la Méditerranée l’escadre de Ruyter, et, à la mort de cet amiral. près de Palerme, en 1676, il reçut ordre de ramener en Hollande l’armée navale de la république. Almonde seconda Corneille Tromp dans ses tentatives pour affaiblir la puissance navale de la Suède, et mettre le Danemark hors de danger ; mais ce fut à la fameuse bataille de la Hogue, en 1692, qu’Almonde se signala le plus : il y commandait l’avant-garde des flottes combinées, et on attribua, en grande, partie, la victoire qu’elles remportèrent à sa bravoure et à ses savantes manœuvres. L’escadre française s’étant approchée de l’ennemi jusqu’à la portée du pistolet, sans qu’il fût tiré un seul coup de part ni d’autre, l’amiral hollandais, impatient de combattre, tira un coup de canon, qui fut le signal de cette bataille navale, l’une des plus sanglantes et des plus décisives qui se soient jamais livrées. On sait que les Français, dont l’armée était inférieure de plus de moitié à celle des alliés, rendirent la victoire douteuse toute la journée, et tirèrent autant de gloire de leur défaite que les Anglais et les Hollandais de leur triomphe. (Voy. Russel et Tourville). Almonde se distingua aussi dans l’expédition dirigée contre les côtes de France et d’Espagne. sous les ordres de l’amiral anglais Hooke. Les deux flottes combinées cherchaient à s’emparer des galions espagnols venus des Indes ; mais, la saison étant déjà trop avancée, l’amiral anglais était d’avis d’ajourner l’expédition ; Almonde seul, montrant la possibilité de vaincre, proposa d’exécuter l’entreprise sans retard, entraina tous les avis, et réussit comme il l’avait annoncé. Un riche convoi de galions espagnols, escorté par quelques vaisseaux de ligne français, fut pris ou miné dans le port de Vigo. Dès lors la renommée d’Almonde s’étendit dans toute l’Europe. Il termina sa longue et glorieuse carrière dans sa terre de Haaswyk, près de Leyde, le 6 janvier 1741, à 66 ans. Ses neveux lui érigèrent un mausolée dans l’église de Ste-Catherine, à la Brille. E-d.


ALNANDER (Jean), auteur de l’histoire de l’imprimerie en Suède, était, né vers la fin du 17e siècle, à Norkoping. En terminant ses études à l’université d’Upsal, il publia sa thèse intitulée : Historiola artis typographicæ in Suceia, Upsal, 1722, in-8o. Ce curieux opuscule n’ayant été tiré qu’à un petit nombre d’exemplaires fut reproduit à Rostock, en 1725, dans le même format. Il est divisé en quatre chapitres. Dans le premier, l’auteur, après avoir parlé zèle que les Suédois ont constamment montré pour les lettres, et des bibliothèques qu’ils avaient établies dans les cathédrales et les principaux monastères, arrive a l’introduction de l’imprimerie en Suède. Elle y fut apportée par Jean Snell, artiste allemand ; la première édition sortie de ses presses est le dialogus creaturarum moralisatus, Stockholm, 1483, in-4o. Un seul imprimeur ne pouvant suffire aux besoins des églises et des écoles de tout le royaume, plusieurs prélats, des la fin du 15e siècle, firent imprimer des missels et des bréviaires à Nuremberg et à Bale. Le second chapitre contient l’histoire des progrès de l’imprimerie en Suède depuis le 16e siècle jusqu’au commencement du 18e. On y trouve des détails intéressants sur les imprimeries particulières de Laurent Wallius, professeur en théologie à Upsal ; de Laurent Paulinus, archevêque de cette ville ; et enfin du célèbre Olaüs de Rudbeck. Le troisième chapitre offre le tableau de l’origine et des progrès de la typographie dans le Gothland. Des 1491, une imprimerie existait dans le monastère de Wadsten ; mais, détruite par un incendie en 1495, elle ne fut point relevée. Enfin, dans le quatrième chapitre, l’auteur parle des types ou caractères employés successivemen dans les imprimeries suédoises : le gothique le grec, l’arabe et le runique. On trouve une analyse de cet ouvrage dans les Acta eruditor. Lipsiens., Supplem., t. 8, p. 506. W-s.


ALOADIN, ou ALA-EDDYN, 7e prince des Ismaéliens, connus dans l’histoire des croisades sous le nom d’Assassins (voy. Haçan-Ben-Sabbah), succéda à son père Djelaleddyn, en 618 de l’hégire (1221 de J.-C.), selon Aboul-Féda. Placé sur le trône à l’âge de neuf ans, il fut élevé au milieu des flatteurs, qui corrompirent sa jeunesse, et laissèrent développer en lui un caractère de férocité qu’il montra dans tout le cours de son règne. On lui fit croire que les amis et les ministres de son père avaient voulu l’empoisonner ; ils furent tous immolés à ses soupçons. Passant sa vie dans les plaisirs, il laissa le soin du gouvernement à des femmes et aux compagnons de ses débauches. Il se vantait de tenir dans sa main la vie des rois ; il faisait trembler les princes de l’Asie et de l’Europe, qui lui envoyaient des présents, dans la crainte d’être assassinés par ses émissaires. La plupart des émirs de la Syrie, les sultans et les califes du Caire et de Bagdad étaient comme ses tributaires : André, roi de Hongrie, Frédéric II, empereur d’Allemagne, à leur arrivée dans la terre sainte, payèrent son amitié par de riches tributs. Chef de quelques misérables peuplades dans le mont Liban, Aloadin enrichissait ainsi son trésor par la crainte qu’il inspirait ; l’Europe et l’Asie fournissaient aux dépenses de sa cour. Lorsque Louis IX, après sa captivité d’Égypte, vint dans la Palestine avec les débris de son armée,