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AMA

et de Jean-Baptiste, né à Oderzo vers l’an 1530, fut médecin et poëte. Le république de Raguse le prit pour secrétaire, après son frère Jean-Baptiste. Il repassa en Italie en 1561, et fut appelé à Rome par Paul Manuce, pour l’aider dans le travail que lui avait confié Pie VI, et qui consistait à rédiger, dans le latin le plus pur, le Catéchisme romain pour la belle édition qui parut la première année du pontificat suivant, Roma in Ædibus populi romani, apud Paulum Manutium, 1566, in-fol. Corneille Amalthée mourut en 1603 ; ces poésies ont été imprimées, avec celles de ses deux frères, dans les recueils cités ci-dessus. On y distingue surtout son poëme intitulé : Urbis Venetiarum Pulchritudo, divinaque Custodia, qui est le premier, et le second, adressé à Jean d’Autriche, commandant de la flotte chrétienne combinée, intitulé Proteus, où il prédit poétiquement la victoire de Lepante, ou plutôt de Curzolari, comme l’appellent les auteurs italiens. Ce poëme fut d’abord imprimé seul, en 1572, à Venise, in-4o. G-é.


AMAMA (Sixtinus), théologien protestant du 17e siècle, né dans la Frise occidentale. fut élève à l’université de Francker, sous Drusius, et s’y instruisit dans les langues orientales. Vers l’an 1613, il voyagea en Angleterre, vint à Oxford, résida quelque temps dans le collège d’Exeter, et enseigna l’hébreu dans l’université ; de retour dans son pays natal, il fut nommé professeur d’hébreu à l’université, et y demeura jusqu’à sa mort. Il rejeta l’offre que l’université de Leyde lui fit de la chaire qu’avait occupée Erpénius, un des plus savants orientalistes de ce siècle. Le premier ouvrage d’Amama fut une critique de la version du Pentateuque, dite la Vulgate ; on l’imprima en 1620. in-4o, à Franeker, Sous le titre de : Censura Vulgatæ latinæ editionis Pentateuchi. Il méditait un ouvrage plus considérable, dans lequel il se proposait de censurer généralement la Vulgate, déclarée authentique par le concile de Trente ; mais il interrompit ce travail, pour conférer la version hollandaise des Écritures avec les originaux et les meilleures traductions. Le résultat de ses travaux fut mis sous les yeux du public, dans un livre écrit en hollandais, et intitulé : Bybelsche conferencie, Amsterdam, 1623, informé que le savant P. Mersenne avait entrepris la défense de la Vulgate, et écrit une réfutation de la critique sur les six premiers chapitres de la Genèse, il reprit son premier dessein, en 16Z7, publia une lettre au P. Mersenne, et, en 1628, un ouvrage tous le titre d’Antibarbarus Biblicus contenant une réplique plus étendue. et une critique de la version vulgate des livres historiques de l’Ancien Testament, de Job, des Psaumes, des livres de Salomon, et quelques dissertations détachées. Ce livre fut réimprimé en 1656, augmenté de la critique de la même version des prophéties d’Isaïe et de Jérémie. Amama écrivit aussi une dissertation, sous le titre de : de Nomine Tetragrammato, publiée in-8o, à Franeker, en 1620. Les travaux d’Amama attirèrent l’attention sur l’étude de la Bible ; et, depuis ce temps, plusieurs synodes ordonnèrent qu’on ne serait point admis dans le clergé sans avoir au moins quelque connaissances de la bible en hébreu, et du Nouveau Testament en grec. Lorsque Amama vint à l’université de Franeker, l’ivrognerie et la débauche y étaient des vices très-communs. Lui-même déclare que tous les nouveaux venus étaient enrôlés au service de Bacchus, en grande cérémonie, et obligés de jurer, par une statue de bois de St. Étienne, qu’ils dépenseraient tout leur argent. Si quelqu’un des étudiants avait plus d’égard au serment qu’il avait prêté un recteur de l’université qu’à cette initiation bachique, les autres le tourmentaient de telle sorte, qu’il était forcé de quitter l’université. Amama contribue beaucoup à détruire ces abus abominables, et les attaqua très-énergiquement dans un discours public. en 1621. Les habitants de la Frise avaient pour lui tant d’attachement, qu’après sa mort, arrivée en 1621, ils se montrent très-généreux envers ses enfants, ainsi que Nicolas Amama, l’un d’eux, le reconnaît dans l’épître dédicatoire d’un ouvrage qu’il publia, en 1651, in-8o, sous le titre de Dissertationum marinarum Decas. D-t.


AMAN, Amalécite, descendant du roi Agag, qui régnait au temps de Saül. Devenu le favori d’Assuérus, roi de Perse, il fut élevé par ce prince au-dessus de tous les grands de sa cour, et il était ordonné ài tous ceux qui se présentaient sur son passage de fléchir le genou devant lui, chaque fois qu’il entrerait au palais, ou qu’il en sortirait. Le juif Mardochée fut le seul à s’y refuser. Aman, qui avait hérite de l’ancienne haine de sa nation contre la postérité de ceux qui l’avaient chassée de la Palestine, connut dès lors le projet d’assouvir sa vengeance contre Mardochée, par la ruine de tout le peuple juif répandu dans la vaste étendue de l’empire d’Assuérus. Il représenta ce peuple du monarque, comme étant extrêmement dangereux pour l’État, par sa prodigieuse multiplication, par son opiniâtreté à vouloir se gouverner selon ses lois particulières, par sa persévérance à pratiquer une religion exclusive, différente de celle des autre§ sujets ; et, pour trancher la difficulté qui pouvait naître du vide que la perte de tant d’hommes industrieux opérerait dans le trésor public, il offrit de le combler par la somme immense de 10,000 talents d’argent de son propre bien. Aman obtint donc un édit adressé aux gouverneurs des provinces pour faire exterminer tous les Juifs à un jour marqué. Cet édit, publiquement affiché dans la ville de Suze, capitale de l’empire, jeta la consternation parmi tous les individus de cette nation qui s’y trouvaient en grand nombre. La reine Esther réussit à le faire révoquer. Le nom de Mardochée rappelant à Assuérus le service signalé qu’il en avait reçu, par la découverte d’un complot formé dans sa cour : « Que doit-on faire, dit-il à Aman, pour honorer un et homme que le roi désire combler d’honneurs ? » Aman, convaincu qu’il était l’objet de cette question, n’hésite pas à répondre qu’il faut que cet homme, revêtu de la pourpre royale, la tête ceinte du diadème, monté sur un cheval du roi, soit promené en triomphe dans tome la ville, précédé du premier des grands de la cour, qui, tenant les rênes