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na tarda pas à fortifier contre lui une nouvelle ligne. César marcha contre ce prince, et, sachant qu’il projetait de trainer la guerre en longueur, en évitant les actions générales, il porta d’abord la terreur chez ses alliés, pour lui ôter toute retraite, et marcha ensuite sur ses États. Surpris par la cavalerie de César, Ambiorix, qui n’avait pas encore rassemblé ses troupes, ne dut son salut qu’à la situation de son château, au milieu de la forêt des Ardennes ; Cativulcus, qui était entre dans ses projets, accablé de vieillesse, et ne pouvant plus supporter les fatigues de la guerre et de la fuite, s’empoisonna ; les Gaulois eux-mêmes, et les Germains, qui d’abord s’étaient alliés à Ambiorix, furent appelés a partager ses dépouilles. Deux fois encore César marcha contre les Éburons, et poursuivit leur malheureux roi, qui se cachait dans les bois et les cavernes, sans autre escorte que quatre cavaliers à qui seuls il osait confier sa vie. Il vécut ainsi longtemps proscrit, fugitif, et sans pouvoir jamais reprendre les armes. B-p.


AMBLIMONT (Fuschember, comte d’), officier général de la marine française, passa au service d’Espagne pendant la révolution, commanda un vaisseau espagnol de 112 canons en 1796, et fut tué dans le combat où l’amiral Jervis, depuis lord St-Vincent, battit la flotte espagnole. On a de lui une Tactique navale, Paris, Didot jeune, 1788, in-4o, fig., très-bon ouvrage. N-l.


AMBLY (le marquis Claude-Jean-Antoine d’), né en 1711, à Sezanne, en Champagne, fut d’abord page de la grande écurie, puis cornette dans le régiment de royal-dragons, et se trouva en cette qualité au siége de Prague, en 1742. Devenu capitaine, il se signale dans plusieurs occasions, notamment à Donnaverth, où il reprit les étendards de son régiment, dont l’ennemi s’était emparé. Il fit toutes les campagnes de Flandre sous le maréchal de Saxe. devint successivement brigadier, mestre de camp, et prit part en cette qualité à la guerre de sept ans en Allemagne, où il reçut plusieurs blessures sur le champ de bataille ; il fut nommé maréchal de camp en 1767, et un peu plus tard commandeur de St-Louis, puis commandant de la ville de Reims. En 1768, la terre d’Ambly fut érigée en marquisat pour récompense de ses services. Député aux états généraux en 1789, il s’y montra zélé défenseur de l’autorité royale, et signa toutes les protestations de la minorité contre les innovations révolutionnaires. Dans la discussion du droit de chasse qui eut lieu le 7 août, d’Ambly fut un des premiers qui demandèrent que le port d’armes fût restreint aux propriétaires de terres. « En Angleterre, disait-il, les propriétaires seuls d’un fonds de cent guinées peuvent porter un fusil, » Le 2 décembre 1789, Mirabeau ayant pris la défense de Gouy d’Arcy qui avait dénoncé le ministre de la marine et soutenu qu’un député ne pouvait être réputé calomniateur, le marquis d’Ambly proposa d’exclure tout député qui ferait une dénonciation sans preuves, et provoqua en duel Mirabeau ; ce qui causa un grand tumulte dans l’assemblée. « Élevé, dit-il, dans les camps depuis l’âge de douez ans, je n’ai point appris à faire des phrases, mais je sais faire autre chose. L’honneur me dit et m’ordonne de soutenir qu’une dénonciation sans preuves est une injure dont ne doit jamais se charger un député. » De même que Faucigny (voy. ce nom), il s’emporta souvent contre le côté droit, et donna lieu plus d’une fois à des scènes de désordre, notamment dans la séance, du soir du 19 juin 1790, à l’occasion de la suppression des titres nobiliaires. Le discours touchant qu’il prononça en faveur de son ancien compagnon d’armes Toulouse-Lautrec (voy. ce nom) fit une vive impression, même sur ses adversaires. Le marquis d’Ambly demanda que les députés fussent exclusivement choisis parmi les éligibles du département électeur ; qu’on définit ce que c’est qu’un crime de lèse-nation ; que les pensions dont les notes ne seraient pas imprimées fussent rayées ; que les administrations rendissent leurs comptes ; enfin il proposa la question préalable sur une motion de Robespierre en faveur de légalité politique ; et il annonça un plan sur l’organisation de l’armée, pour lequel il désirait être adjoint au comité militaire. Il excita beaucoup d’intérêt, lorsqu’à propos du serment que l’on exigeait des chevaliers de St-Louis, après la fuite du roi, il dit, avec toute la franchise d’un vieux militaire : « Je suis fort âgé ; j’avais demandé à être employé, et j’avais été mis sur la liste des lieutenants généraux ; j’ai été rayé par les jacobins, qui ont substitue à ma place M. de Montesquieu. Cela m’est égal ; ma patrie est ingrate envers moi ; je jure de lui rester fidèle. » Dans l’une des dernières séances de cette longue session, d’Ambly ayant informé l’assemblée que la populace avait exerce des violences dans une de ses terres où se trouvaient sa femme et son fils, le député Chabroud fit observer froidement qu’il devait pour cela s’adresser aux tribunaux, et l’on passa à l’ordre du jour. Le marquis d’Ambly émigra aussitôt après la session, et, malgré son grand âge, il fit plusieurs campagnes dans l’armée des princes. Il mourut à Hambourg en 1797. — En de ses neveux est mort sur le champ de bataille a l’armée du prince de Condé. M-d j.


AMBOISE (George d’), connu dans l’histoire sous le nom de Cardinal d’Amboise), naquit en 1460, au château de Chaumont-sur-Loire, d’une maison illustré, et fut nommé évêque de Montauban, n’étant encore que dans sa quatorzième année, ce qui prouve le désordre où la discipline ecclésiastique était à cette époque. On peut le remarquer avec d’autant plus d’assurance, que d’Amboise, étant devenu ministre, porta la réforme dans cette partie, comme dans toutes les autres branches de l’administration publique. Ayant été choisi par Louis XI pour être un de ses aumôniers, son désintéressement et son aversion pour l’intrigue empêchèrent qu’il ne fût remarqué de ce monarque soupçonneux. Cependant il eut besoin de prudence, car il aimait beaucoup le jeune duc d’Orléans, qui était assez mal à la cour pour que ce fût un crime d’être du nombre de ses amis. Louis XI, à sa mort, ayant confié le soin de