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lettres ne furent qu’un délassement pour d’Amboise, et il y renonça de bonne heure pour s’occuper de sa fortune. Ses ouvrages, mal indiqués par la Croix du Maine et par Duverdier, le sont plus exactement par Niceron, t. 33. En voici les principaux : 1o Notable Discours, en [orme de dialogue, touchant la vraie et parfaite amitié, traduit de l’italien de Piccolomini, Lyon, 1577, in-16, 2o Dialogue et Devis des Damoiselles, pour les rendre vertueuses et bienheureuses en la vraye et parfaite amitié, Paris, 1581 et 1583, in-16 ; 3o Regrets facétieux et plaisantes Harangues funèbres sur la mort de divers animaulx, traduit de l’italien d’Ortensio Lando, Paris, 1576, in-16, 1583, in-12 : ces trois ouvrages ont été publiés sous le nom de Thierry de Thymophile, gentilhomme picard ; 4o les Néapolitaines, comédie française fort facétieuse, sur le sujet d’une histoire d’un Espagnol et un François, Paris, 1584, in-16 ; 5o une édition des œuvres d’Abailard (voy. Abailard) ; 6o Désespérades, ou Églogues amoureuses, esquelles sont au vif dépeintes les passions et le désespoir d’amour, Paris, 1572, in-8o. — Son frère puiné, Adrien, né à Paris en 1551, mort à Tréguier, le 28 juillet 1616, successivement recteur de l’université, grand maître du collège de Navarre, curé de St-André-des-Ares, et, en 1604, évêque de Tréguier, était composé, dans sa jeunesse, une pièce intitulée : Holopherne, tragédie sainte, extraite de l’histoire de Judith, Paris, 1580, in-8o. Il mourut le 28 juillet 1616. R-t.


AMBOISE (Jacques d’), frère des deux précédents, embrassa d’abord la profession de son père, puis se fit recevoir docteur en médecine. En 1594, après la réduction de Paris sous l’obéissance de Henri IV, il devint recteur de l’université, qu’il trouva, dit Crévier, dans le plus grand état de délabrement, et qu’il laissa florissante. Ce fut sous son rectorat que cette compagnie prêta serment de fidélité à Henri IV. Ce serment avait été procédé d’une démarche spontanée, faite par une partie de la Sorbonne. le recteur à la tête, pour aller implorer clémence du roi (samedi 2 avril 1594), et fut rédigé dans une assemblée générale de l’université, en présence de l’archevêque de Bourges, le vendredi 22 avril 1594, et signé d’un grand nombre de docteurs en théologie. On en trouvera la teneur dans le Journal de l’Étoile t. 2, p. 55. D’Amboise ayant été continué dans sa dignité, l’université reprit avec chaleur son ancien procès contre les jésuites, et obtint leur expulsion. J. d’Amboise se signala par un zèle ardent dans cette affaire, et alla jusqu’à les accuser, dans une harangue publique, d’être les ennemis de la loi salique et de la maison royale. Il mourut de la peste, en 1606. On a de lui : 1o Orationes duæ in senatu habitæ pro universis academiæ ordinibus, in Claromontenses, qui se jesuitas dieunt, où il déploya beaucoup d’animosité, Paris, 1595, in-8o ; 2o Questions médicales, citées dans la Bibliothèque de la médecine ancienne et moderne, par Carrère. N-l.


AMBOISE (Michel d’), écuyer, qui prenait, en tête de ses ouvrages, le titre de seigneur de Chevillon, était fils naturel de Chaumont d’Amboise, amiral de France, et lieutenant général du roi en Lombardie. Il naquit à Naples, dans les premières années du 16e siècle. À peine au sortir du berceau, son père l’envoya à Sagonne, dont il était seigneur, pour y être élevé avec George d’Amboise, son fils légitime, qui n’était guère plus âgé que lui. En 1511, Michel perdit son père, qui l’aimait tendrement, et cette mort fut si précipitée, que ce dernier n’eut pas le temps de faire ses dispositions en sa faveur, Amené à Paris peu de temps après, on le fit étudier avec son frère George, qui avait pour lui beaucoup d’amitié. Ses parents, qui le destinaient au barreau, le mirent chez un procureur ; mais, au lieu de s’appliquer à l’étude du droit, Michel suivit son penchant pour la poésie, et, malgré les représentations qui lui furent faites, et le peu de succès qu’obtinrent ses premiers ouvrages, il continua de rimer en dépit de Minerve et de ses parents, qui l’abandonnèrent. La bataille de Pavie lui enleva son frère, et, par cette perte, il fut privé de tout secours, S’étant ensuite marié avec une demoiselle de condition sans fortune, il fut renvoyé de chez le seigneur de Barbezieux, son parent. Il perdit, au bout de deux ans de mariage, son épouse et un fils qu’elle lui avait donné. De nouveaux chagrins vinrent encore l’assaillir : il fut enfermé deux fois, et manqua souvent du nécessaire. Tant de malheurs abrégèrent ses jours, et il cessa de vivre, ou plutôt de souffrir, à la fin de l’année 1547. Il ne faut chercher dans les poésies d’Amboise ni élégance, ni finesse. ni élévation ; ce n’est proprement qu’une prose rimée. Il avait beaucoup de facilité ; mais, travaillant pour vivre, il ne corrigeait jamais ses productions, dont on trouve la liste dans les Bibliothèques françaises de la Croix du Maine et de Goujet, t. 10, ainsi que dans le 33e vol. de Niceron ; mais, ces auteurs s’étant trompés dans dans le catalogue qu’ils en ont présenté, nous allons le rétablir : 1o Complaintes de l’Esclave fortuné, Paris, 1529, in-8o ; 2o la Panthaire de l’Esclave fortuné, Paris, 1530, in-8o, fig. ; 3o les Bucoliques de Baptiste Mantuan, traduites du latin en rime française, Paris, 1530, in-4o ; 4o Cent Épigrammes, traduites du Mantuan, et la fable de Biblis et de Caunus, traduite d’Ovide, Paris, 1532, in-16 et in-8o ; 5o les Epistres vénériennes de l’Esclave fortuné, Paris, 1532, 1534 et 1536, in-8o : ces épitres sont des plaintes ou des demandes d’amour, des morts métaphoriques, où l’auteur s’exprime avec une licence mérite ; 6o le Babylon, autrement la Confession de l’Esclave fortuné, Paris, 1535, in-16 et in-8o, sans date ; 7o le Blason de la dent, dans le recueil intitulé : les Blasons anatomiques du corps féminin : cette pièce a été réimprimée dans le recueil de Blasons publié à Paris en 1808, in-8o ; 8o les Contre-Epistres d’Ovide, Paris, 1540, in-10 et in-12 ; 9o Secret d’amours, Paris, 1542, in-8o ; 10o le Guidon des gens de la guerre, Paris, 1542, in-8o ; c’est le seul recueil en prose de Michel d’Amboise ; 11o Déploration de la mort de messire Guillaume du Bellay, seigneur de Langry, Paris, 1543, poëme en vers héroïques, 12o Quatre Satyres de Juvénal (les 8, 10, 11 et 13), translatées en rime Françoise, Paris, 1544, in-16 ; 13o le Ris de Démocrite et le