Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
571
AMB

ville, apprenant la manière terrible dont ils venaient d’expier cette seconde sédition, fut accablé de la plus profonde douleur. Dans son premier chagrin, il s’abstient d’écrire à Théodose, qui avait quitte Milan quelques jours avant le massacre. Il sort de la ville, souffrant et malade, et va se livrer, dans le silence de la campagne, au chagrin qui l’accable, et au regret de n’avoir pas empêché l’exécution de cet ordre barbare. Enfin, au bout de quelques jours, il écrit a Théodose une lettre touchante, où il lui représente l’énormité de son crime, et lui dit que le péché ne s’efface que par les larmes. Il l’avertit qu’il ne peut offrir le sacrifice, si Théodose veut y assister. Cependant, quelque temps après, l’empereur, de retour à Milan, voulut se présenter à l’église où officiait St. Ambroise. Le saint pontife s’avance à sa rencontre, et lui représente que, d’après les règles de la discipline, il ne lui est pas permis d’entrer dans le temple. L’empereur cherche à excuser son crime ; il rappelle le pardon accordé autrefois au roi David. « Vous l’avez imité dans son péché, répond Ambroise, imitez-le dans sa pénitence. » Théodose s’abstint d’aller à l’église pendant huit mois entiers ; il se soumit à la pénitence publique, et, pour prévenir dans la suite les funestes effets de la colère des princes, il signa, à la demande d’Ambroise, une loi qui ordonnait de suspendre pendant trente jours après la sentence les exécutions des coupables condamnés à la peine capitale. Théodose, réconcilié avec l’Église, fut toujours depuis l’ami de St. Ambroise ; il vengea, par la défaite du tyran Eugène, la mort du jeune Valentinien, assassiné sur les bords du Rhône ; et, avant d’être attaqué de la maladie dont il mourut, il fit venir de Constantinople deux de ses en enfants, Honorius et Placidie, qui se trouvaient dans cette ville, tandis qu’Arcadius était dans l’Orient, et les mit entre les mains du saint évêque, le priant d’être leur père, comme il l’avait été des infortunés enfants de Valentinien Ier. Ambroise tomba malade vers le mois de février de l’an 397 ; son troupeau, alarmé pour ses jours, l’envoya conjurer d’en demander à Dieu la prolongation. On regardait l’Italie comme menacée d’une ruine totale, par la mort d’un-évêque respecté des barbares eux-mêmes, chéri, du peuple, des princes et des empereurs, et dont l’autorité imposait aux méchants et étendait le règne de la vertu. Le vendredi saint, troisième jour d’avril. le saint évêque, quoique fatigué par une maladie longue et douloureuse, demeura en prière depuis cinq heures du soir jusqu’après minuit, et il expira, âgé de 57 ans, ayant occupé pendant 23 ans le siége de Milan. Son corps fut porté dans la grande église de cette ville, nommée depuis la basilique ambroisienne. Il s’était montré toute sa vie doux, compatissant, affable, sensible à l’amitié, modeste, ennemi du faste et de la grandeur, et n’usant de son crédit que pour l’avantage des autres. Ses écrits portent l’empreint de son caractère ; il y règne beaucoup de douceur et d’onction ; mais, au besoin, il sait s’élever avec force et majesté. Son style est sans doute bien éloigné de la pureté des écrivains du beau siècle d’Auguste ; mais il est toujours agréable et animé, et il faut se rappeler que St. Ambroise a vécu sur la fin du 4e siècle. la morale en est pure ; on admire surtout son explication du psaume 118. Ses traités de la Virginité, de l’Éducation des Vierges, et des Offices, renferment les plus belles maximes. Quant aux écrits dogmatiques d’Ambroise, on les cite souvent dans l’Église, ou leur autorité est d’un grand poids. La meilleure édition des œuvres de St. Ambroise est celle des bénédictins (J. du Frische et Lenourry), 2 vol. in-fol., 1686-90. Les ouvrages de St. Ambroise, traduits en français, sont : 1° le Traité du Bien de la mort, Paris, Sim. Vostre, in-8o, gothique, sans date. 2° Les trois Discours intitulés les Vierges, avec la sévère réprimande que fait St. Ambroise à une religieuse qui avait forfait à son honneur, trad. en français, avec des annotations, par J. Bertaut, abbé de Notre-Dame d’Aunay, 1604, in-12. Le P. Duranti de Bonrecueil en a donné une nouvelle traduction. (Voy. Duranti.) 3° Trois Harangues (dont une de Symmache et deux de St. Ambroise) sur le sujet de la démolition de l’autel de la Victoire, 1639, in-12. 4° La Morale des Ecclésiastiques, etc., ou traduction des Offices de St. Ambroise (par l’abbé Morvan de Bellegarde), 1691. in-12. Le traducteur avait d’abord publié ce volume sous le titre de : Devoirs de l’honnête homme et du chrétien, 1689, in-12. 5° Lettres. ( Voy. Duranti.) 6° Lettres aux Souverains, 1787. Godefroi Hermant a publié, en 1678, une vie de St. Ambroise, d’après celle qui a été composée par Paulin, prêtre de Milan, contemporain de St. Ambroise, qu’il ne faut pas confondre avec S. Paulin. C’est dans ses ouvrages qu’on lira avec intérêt tout ce qui concerne un des Pères que l’Église latine a placé avec raison au premier rang, qui a été le modèle des évêques de son temps, qui eut St. Augustin pour disciple, des monarques pour amis, pour sœur Ste. Marceline, et pour frère St. Satyrus. C-T.


AMBROISE (dit Ausbert ou Autpert), l’un des écrivains ecclésiastiques les plus remarquables du 8e siècle, fut élu abbé bénédictin de St-Vincent-sur-le·Voturne, près de Bénévent. Quelques religieux ayant réclamé, Charlemagne renvoya l’affaire au pape Adrien. Ambroise, se rendant à Rome, mourut le 19 juillet 778. Nous avons de lui des écrits remarquables pour le temps où il vivait : 1° Commentarius in Apocalypsin, Cologne, 1536, in-fol. l’ouvrage est d’un style simple et net ; la latinité se distingue par une pureté que l’on trouve rarement dans les écrits de cette époque. À la fin du dernier livre on lit : « Moi, Ambroise, appelé aussi Ausbert (d’autres manuscrits portent Autpert), né dans la province des Gaules, et instruit dans les lettres divines. en grande partie dans le Samnium, au monastère de St-Vincent, j’ai fait et achevé le présent ouvrage dans les temps de Paul, pontife romain, de Didier, roi des Lombards, et d’Arrochise, duc de cette principauté. Cet ouvrage étant écrit d’un style qui le rend si facile à comprendre, je l’ai appelé le Miroir des enfants. » D’après les données que l’auteur indique, il doit avoir été composé vers l’an 760. 2° Traité des combats des