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AME

et, faisant voile à l’ouest, parvint jusqu’au continent d’Amérique, après trente-sept jours de navigation : elle visita le golfe de Parias, l’ile de Ste-Marguerite, et côtoya la terre ferme, dans un espace de plus de 400 lieues. Après un voyage de treize mois, elle revint en Espagne, et mouilla à Cadix, le 15 octobre 14198. Améric, qui, par ses connaissances, avait beaucoup contribué au succès de l’expédition, fut très-bien reçu à la cour de Séville. Au mois de mai 1499, il repartit de Cadix pour le cap Vert, passa en vue des îles Canaries, et, quarante-quatre jours après son départ d’Espagne, aborda a une terre inconnue, située sous la zone torride. Cette contrée était la continuation de celle qu’il avait découverte dans son premier voyage. Après quelques courses le long de la côte, il revint à l’île espagnole de Santo-Domingo, ou Ojéda eut des démêlés avec les Européens, qui, six ans auparavant, y étaient venus avec Christophe Colomb. La flotte se dirigea ensuite au nord, et découvrit plusieurs îles, dont Améric fait monter le nombre à plus de mille, calcul que son biographe se contente d’appeler une exagération poétique. L’amiral Odéja voulait continuer sa route ; mais les plaintes de l’équipage le forcèrent à revenir en Europe. Au retour de la flotte. Ferdinand et Isabelle, à qui Améric présenta plusieurs productions du nouveau monde, lui firent l’accueil le plus flatteur. Lorsqu’un apprit à Florence les découvertes de Vespuce, la république fit des réjouissances, et s’honora d’avoir vu naître un grand homme. Séduit par les promesses d’Emmanuel, roi de Portugal, Améric quitta le servira d’Espagne, et partit de Lisbonne, le 10 mai 1501, avec trois vaisseaux portugais. Il arriva au cap St-Augustin, et côtoya presque tout le Brésil jusqu’à la terre des Patagons. Assailli par des tempêtes, il fut obligé de revenir en Portugal, où il arriva le 7 décembre 1502. Emmanuel, satisfait de ce voyage, voulut qu’Améric en entreprit un autre, et le navigateur florentin s’embarqua, pour la quatrième fois, le 10 mai 1503, sur une flotte de six vaisseaux, avec le projet de trouver, par l’occident, un nouveau chemin pour aller à Malacca Cette expédition fut moins heureuse que les précédentes. Après avoir perdu un vaisseau et couru les plus grands dangers, la flotte portugaise entra dans la baie de Tous-les·Saints au Brésil, et ne tarda pas à retourner en Europe. Améric demeura en Portugal jusqu’en l’année 1506, époque de la mort de Colomb. La cour de Séville rendait alors de grands honneurs à la mémoire de cet illustre navigateur, et songeait à réparer la perte qu’elle venait de faire ; elle rappela à son service Améric Vespuce, qui s’embarqua de nouveau, en 1507, sur une flotte espagnole, avec le titre de premier pilote. Pendant ce voyage, les Indes occidentales commencèrent à porter le nom du navigateur florentin, honneur qui aurait du être réserve à Colomb. « Ainsi, dit Raynal, le premier instant où l’Amérique fut connue du reste de la terre est marqué par une injustice. » Améric vécut assez longtemps pour jouir de cette gloire usurpée, et pour revoir plusieurs le vaste continent qui portait son nom. Il mourut en 1546, au service du Portugal. Emmanuel, pour honorer sa mémoire, fit suspendre les restes de son vaisseau dans la cathédrale de Lisbonne, et Florence combla d’honneurs sa famille. L’abbé Bandini a publié, en 1745, 1 vol. in-4o, Vita e Lettere di Amerigo Vespucci, etc, Cette notice, beaucoup trop étendue, et chargée de détails inutiles, n’est qu’un panégyrique continuel du navigateur florentin, auquel l’historien n’hésite pas d’accorder l’honneur d’avoir découvert l’Amérique. D’après les dates qu’il donne des deux premiers voyages d’Améric Vespuce, et que nous avons suivies dans cet article, il paraîtrait que le navigateur Florentin aurait eu connaissance, le premier, du continent de l’Amérique ; mais les auteurs espagnols reculent de deux ans les époques de ces deux voyages, et placent le premier en 1499, au lieu de 1497. Au reste, cette question serai discutée à l’article Christophe Colomb. Tout le monde s’accorde à dire qu’Améric ne commanda jamais en chef une expédition, qu’il ne voyagea qu’en qualité de géographe et de pilote, et qu’il ne partit pour faire des découvertes qu’après le retour de Christophe Colomb. Améric dut sans doute sa gloire à son mérite, à ses travaux ; mais il dut aussi quelque chose à son caractère, et principalement à la fortune qui se mêle de tout. Tandis que Colomb accusait hautement ses envieux, et que sa gloire importunait les maîtres de la Castille, Améric, modeste et paisible, ne donna point d’ombrage aux rois ni à ses rivaux ; la moitié de la terre prit son nom, sans qu’il eut cherché cet honneur, et sans que l’envie pût y prendre garde, Améric Vespuce a laissé un journal de quatre de ses voyages, imprimé, en latin. Paris, 1532 ; Bâle, 155, et ensuite traduit de l italien en français, Paris, 1519. On a imprimé à Florence, en 1516, quelques-unes de ses lettres, en italien, petit in-4o de 22 feuillets, tiré à très-petit nombre, et sur lequel on peut Consulter le Répertoire de Bibliographie spéciales, de M. Peignot, 1810. in-8o, p. 139, Ces lettres, adressées à Pierre Soderini et à Laurent de Médicis, annoncent un homme supérieur dans les connaissances de la navigation. En 1788, le comte de Durfort, ambassadeur de France en Toscane, a proposé un prix au meilleur discours sur les titres qu’Améric Vespine avait eus pour donner son nom au nouveau monde, et le P. Canovai a obtenu ce prix. M-d.


AMERVAL, ou plutôt AMERLAN (Éloi d’), né à Béthune vers la fin du 14e siècle, était maitre des enfants de chœur dans sa ville natale. Cet auteur n’est connu que par un ouvrage rare et curieux, intitulé : le Livre de la Diablerie, en rimes et par personnaiges, Paris, 1508, in-fol. ; 1551, in-4o. Il est divisé en deux parties ; les deux principaux personnages sont Lucifer et Satan, qui rapportent, tout au long, et sans rien requérir, les abuz, faultes et pechiez que les hommes commettent journellement. Les discours des deux démons sont appuyés de passages tirés tant de l’Écriture sainte que des anciens poëtes, et enfin et de toute l’érudition du 15e siècle. R-t.


AMES (Guillaume), théologien anglais, né à