Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
616
AMT

l’hégire, et son adroite politique le fit appeler par les chrétiens le plus rusé des Arabes. J-n.


AMSDORF (Nicolas d’), né en 1483, près de Würtzen, en Misnie, d’une famille noble. Ses liaisons intimes avec Luther sont aujourd’hui sont principal titre à une place dans dictionnaire historique ; car ses ouvrages ne sont que des traités pôlémiques contre l’Église romaine, les sectateurs de Schwenckfeld, les approbateurs de l’Intérim, les réformés, et contre tous les théologiens dont les idées s’écartèrent, sur quelques points, de celles de Luther. Il professa la théologie, et remplit les fonctions de pasteur à Wittenberg, Magdebourg et Naumbourg. En 1527, il accompagna Luther à la diète de Worms, et, en revenant de là, se trouva dans la même voiture que le réformateur, lorsque celui-ci fut enlevé par les ordres de l’électeur de Saxe, et conduit à Wartbourg. En 1537, il concourut à la rédaction des articles de Smalkalde, et fut nommé, en 1542, évêque de Naumbourg, l’électeur Jean-Frédéric, qui était mécontent du choix que le chapitre avait fait pour cette place, dans la personne de Jules de Pflug. Cinq ans après, ses protecteurs ayant été fait prisonnier par Charles-Quint, il fut obligé de céder son évêché à Pflug, et se retira à Magdebourg. Il concourut ensuite à la fondation de l’université d’Iéna, qui était destinée à être la rivale de celle de Wittenberg, et mourut à Eisenach, le 14 mai 1565. Son zèle pour la défense de la doctrine de Luther, et une fausse interprétation d’un passage de St. Paul (Rom. III, 28), le portèrent à soutenir, dans la chaleur de sa dispute avec G. Major, que les bonnes œuvres étaient pernicieuses pour le salut, assertion dont l’immoralité égalerait l’absurdité, si, dans l’intention d’Amsdorf, elle n’eût été identique avec la proposition reçue, avec plus ou moins de modifications, par toutes les communions chrétiennes, que nos bonnes actions ne peuvent nous mériter le ciel, et qu’une foi sincère en J.-C. nous donne seule des droits à la miséricorde céleste. Amsdorf enseignait d’ailleurs, comme tous les théologiens, que cette foi était nécessairement féconde en vertus ; et il n’avait d’autre but que de répéter énergiquement ce qu’ils avançaient tous, c’est-à-dire que c’était à la foi, et non à ses fruits, qu’étaient attachés, selon les saintes Écritures, les bienfaits de Dieu et le pardon de nos péchés ; mais, ayant mal exprimé sa pensée, il n’en fallut pas davantage pour donner naissance à une longue controverse, et pour enrichir l’Histoire des hérésies d’un nouveau chapitre. Walch, dans son Histoire des controverses qui se sont élevées dans l’Église luthérienne, t. Ier, p. 98, et Planck, Histoire de l’origine et des vicissitudes du protestantisme, t. 4, p. 469, sont ceux qui ont jugé cette dispute avec le plus d’équité et de sagacité. Les écrits d’Amsdorf sont indiqués dans Jœcher et Adelung. S-r.


AMTHOR (Christophe-Henri), jurisconsulte, né à Stolberg, en 1678, fut élevé à Rundsbourg, par un de ses oncles, et, en 1704, nommé professeur de droit et de politique à Kiel, où il acquit une grande considération. Des vers qu’il composa à la louange des ministres danois, le rendirent odieux à la cour de Hollstein-Gottorp. En 1713, il entra au service du Danemark, et fut nommé historiographe royal, et conseiller de la chancellerie du duché de holstein-Schleswig. Il composa, par ordre du roi, plusieurs pamphlets relatifs aux différends qu’avait alors le Danemark avec la Suède et le duché de Holstein-Gottorp. Ces écrits eurent un si grand succès, qu’en 1715, on l’engagea à venir à Copenhague, où il fut nommé conseiller de justice, et eut pour logement le château royal de Rosembourg, dans lequel il mourut, le 21 février 1721. Parmi ses nombreux ouvrages, on peut citer : 1° Meditationes philosophicœ de justitia divina et materiis cum sa connexis ; 2° Poésies et traductions (en allemand), Flensbourg, 1717 ; 3°. ses Ecrits politiques (en allemand), entre autres : Essai historique sur l’état passé et présent de la Noblesse du duché de Hollstein-Schleswig ; la Recherche des causes qui ont fait naître les différends existants entre la Suède et le Danemark, 1715, in-4o, etc. G-t.


AMULIUS, roi d’Albe, fils de Procas, dixième descendant d’Ascagne. Il renversa du trône son frère Numitor, qui y était monté par droit d’aînesse, et fit périr son fils Ægestus. Il obligea ensuite Rhéa Sylvia, fille de Numitor, à se consacrer au culte de Vesta, afin qu’elle ne pût jamais être mère ; mais Rhéa Sylvia devint enceinte, et prétendit que, comme elle allait puiser de l’eau à une fontaine, le dieu Mars lui avait fait violence. Cette fable, toute digne qu’elle était de ces temps grossiers, ne fut pas crue par Amulius, et, lorsque Rhéa Sylvia mit au monde deux jumeaux, son oncle la fit condamner à mort. On ordonna en même temps que les enfants fussent jetés dans le Tibre. Suivant quelques auteurs, Amulius, à la prière de sa fille Antho, commua la sentence de mort, portée contre sa nièce, en celle d’une prison perpétuelle. On a prétendu que lui-même il lui avait fait violence, non par amour, mais pour avoir un prétexte de la faire mourir. Les deux enfants, Romulus et Rémus, ayant été sauvés par un prodige (voy. Romulus), voulurent, lorsqu’ils eurent atteint leur dix-huituème année, venger leur mère et leur aïeul. Ils se mirent à la tête de plusieurs troupes de paysans, forcèrent la garde qui défendait le palais d’Amulius, le tuèrent, et rétablirent Numitor sur le trône. On rapporte cet événement à l’an 754 avant J.-C., et on ajoute qu’Amulius avait alors régné 42 ans. D-t.


AMULIUS, peintre, vivait sous le règne de Néron ; ses plus beaux ouvrages furent exécutée dans la Maison-Dorée. Il était d’un caractère grave et sévère, et ne peignait que durant quelques heures de la journée, sans quitter sa toge. Pline parle d’une Minerve qu’Amulius avait peinte, et qui semblait toujours regarder le spectateur, à quelque place qu’il se mit. L-S-e.


AMURATH Ier, ou MORAD, 3e sultan, fils et successeur du sulthan Orkan, naquit l’an de l’hégire 740 (1319 de J.-C.), et monta sur le trône à 41 ans. Jusqu’à son règne, les Ottomans maîtres de l’Asie mineure, n’avaient fait que des incursions en Europe. Sous cet heureux conquérant, ils réduisirent les empereurs grecs à ne régner que sur Constantinople et