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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/635

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AMU

porté à punir les fautes qu’à récompenser les services. S-y.


AMURATH IV, neveu et successeur de Mustapha, déposé en 1023, naquit l’an de l’hégire 1018, (1669), et prit les rênes de l’empire dans les circonstances les plus difficiles, à peine âgé de treize ans. La sultane Kirsem, sa mère, lui apprit à régner, et bientôt il sut se faire craindre de ses sujets et de ses ennemis. Après cinq règnes faibles, les Ottomans virent sur le trône le prince le plus absolu qui leur eût jamais commandé. Doué d’un esprit ferme et intrépide, la nature lui avait donné une force de corps extraordinaire, et une majesté qui appuyait ses qualités morales de tout ce que les formes extérieures ont de plus imposant : aucun spahis ne maniait un cheval comme lui ; aucun Tatar ne décochait une flèche avec plus d’adresse et de force. Il se mit sans crainte au-dessus des lois et des préjugés de la nation, et fut le premier des sultans qui osa ouvertement permettre l’usage du vin ; lui-même en buvait avec excès, et ses deux favoris les plus chers, qu’il éleva aux premières dignités, n’eurent d’autres titres à la fortune que la crapuleuse passion qui les dominait comme lui. Peu de règnes cependant ont été plus glorieux que celui d’Amurath IV. Maître de ses passions, il était sobre quand il se montrait à ses troupes. Ses guerres contre les Polonais et contre les Persans, où toujours il combattit en personne ; la prise de Van, et celle, à jamais fameuse, de Bagdad, où il en entra sur les cadavres de 30,000 vaincus, lui ont valu le titre de Ghazy (le victorieux ), surnom que les sultans ont toujours été jaloux de mériter ; mais ses débauches avancèrent le terme de ses jours, et le conduisirent à une mort prématurée. Sous son règne, l’empire ottoman fut plus florissant qu’il n’avait jamais été. La terreur qu’il avait su inspirer contenait dans leur devoir les pachas qui gouvernaient les provinces ; et les magistrats qui rendaient la justice, n’osaient plus prévariquer. Amurath, accoutumé à accueillir toutes les plaintes, était toujours prêt à punir. Souvent déguisé, et, par-là, présent dans des lieux où il était le moins attendu, son nom seul suffisait pour faire pâlir ceux qui n’auraient contrevenu qu’à ses moindres ordres. On compte jusqu’à 14,000 individus frappés par sa justice, aussi prompte qu’inexorable. La mort de ce terrible sultan fut digne de sa vie : quelques heures avant d’expirer, on l’entendit menacer ses médecins de les faire périr, s’ils ne se hâtaient de le guérir. Il mourut. l’an de l’hégire 1050 (1640), à l’âge de 31 ans. S-y.


AMURATH, bey de Tunis, fils de Mohammed-Bey, fut renfermé au château de Sour, vers 1690, par ordre de son oncle Ramadan. Condamné à perdre la vue pour ravoir aspiré au gouvernement, Amurath corrompît ses gardes, tua l’aga qui les commandait, et s’enfuit, vers les montagnes, à З0 lieues de Tunis, où il fut joint par une grande partie des troupes à la solde du bey. Il marcha alors sur Tunis, s’en empara, et fit étrangler Ramadan. Les Algériens, qui avaient favorisé son oncle, éprouvèrent son ressentiment ; il leur fit la guerre avec tant de fureur, qu’il attira les plus grandes calamités sur son royaume. Sa cruauté n’eut point de bornes ; mais il fut enfin égorgé lui-même par Ibrahim, son capitaine des gardes, qui se fit proclamer bey à sa place, vers l’an 1695. B-p.


AMY Voyez Lamy.


AMY (....), avocat au parlement d’Aix, mort en 1760, a publié quelques ouvrages de physique ; ils décèlent un homme ami de l’humanité, et qui emploie ses lumières à chercher ce qui peut être utile ou nuisible à ses semblables. 1o Observations expérimentales sur les eaux des rivières de Seine, de Marne, etc., 1749, in-12. 2o Nouvelles fontaines domestiques, 1750, in-12. 3o Nouvelles fontaines filtrantes, 1752-1754, in-12. 4o Réflexions sur les vaisseaux de cuivre, de plomb et d’étain, 1751, in-12. On croit que cet auteur était de la Provence, mais on ignore le lieu de sa naissance, et le temps auquel il se rendit à Paris. K.


AMYN-AHMED, razy, ou natif de la ville de Rey en Azerbaïdjan, était un savant persan qui florissait au commencement du IIe siècle de l’hégire. Nous n’avons pu recueillir aucun renseignement sur cet écrivain, mais son existence et sa vaste érudition nous sont attestées par un traité, à la fois géographique et biographique, de la plus haute importance. Cet ouvrage, intitulé Heft Iclym (les Sept Climats), contient la description des principales contrées et des villes connues des Orientaux. Ces descriptions ont été recueillies par les écrivains arabes et persans les plus estimés. À la suite de la description de chaque pays, on trouve les notices biographiques sur chacun des personnages célèbres auxquels il a donné naissance. Ces notices peuvent être d’une grande utilité pour l’histoire civile et littéraire de l’Orient, tant par l’exactitude des dates que par la nomenclature de tous les ouvrages de chaque auteur. L’Heft Iclym fut terminé en 1002 de l’hégire, comme l’auteur nous l’apprend lui-même, fol. 2 du manuscrit de la bibliothèque royale, et non en 1010 ou en 1012, comme on lit dans la Bibliothèque de Hadjy-Khaifa. Nous possédons à la bibliothèque royale une excellente copie de cet ouvrage ; c’est un gros volume in-fol. de 582 feuillets, copié en l’an 1094 de l’hégire (1683). J’ai donné plusieurs descriptions extraites de cet ouvrage, dans les notes que j’ai ajoutées à la traduction française des deux premiers volumes des Recherches asiatiques, ou Mémoires de la société de Calcutta, et à la nouvelle édition des Voyages de Chardin. L-s.


AMYN (Mohammed), surnommé Al, c’est-à-dire le Croyant, 6e calife abbasside, fils et successeur d’Haroun-Al-Réchyd, né au mois de chawal 170 de l’hégire (787), fut proclamé calife le 3 de djamady 1er, 193 de l’hégire. À peine fut-il sur le trône qu’il se livra à toutes ses passions, et surtout à celles du vin et des femmes. Il déposa ses frères Mamoun et Motassem des gouvernements que leur avait légués leur père, et priva même le premier, dont il était jaloux, des biens qui lui revenaient. Haroun avait désigné Mamoun comme successeur d’Amyn ; celui-ci fit couronner son fils, qui n’avait