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décrire, sur un globe, les contours de la terre et des mers, autant que le permettait l’état d’imperfection des connaissances géographiques, et construisit une sphère céleste, au moyen de laquelle il expliquait ses disciples le système du Monde. Toutes ces assertions, néanmoins, ne sont pas rigoureusement prouvées. Quant aux opinions d’Anaximandre, il regardait l’infini (Ἀπείρων), comme le principe de toutes choses, sans toutefois déterminer la nature de ce principe, éternel, incorruptible, qui engendre et absorbe tout, dont les parties sont mobiles, et l’ensemble, immuable. Les mondes, selon lui, sont en nombre infini, et se résolvent dans le principe universel. Les Dieux naissent et meurent à de longs intervalles. Le ciel est un composé de froid et de chaud ; les astres, d’air et de feu. Le soleil est au plus haut des deux ; il a la forme d’une roue, dont la circonférence est vingt-huit fois plus grande que celle de la terre. C’est par le moyeu de cette roue que s’échappent les torrents de feu qui produisent la lumière. Si le trou vient à s’obstruer, l’astre est éclipsé. La lune est une autre roue, dont l’obliquité produit les phases, et la conversion totale, les éclipses : elle n’a que dix-neuf fois la grosseur de la terre. Le vent, comprimé dans les nues, produit la foudre et les tonnerres. La terre a la forme d’une colonne ; elle occupe le centre de l’univers, et voilà pourquoi elle demeure suspendue sans tomber. Telles sont les opinions que Plutarque prête au disciple de Thalès. Celles que lui donne Diogène-Laërce en diffèrent un peu. Apollodore nous apprend qu’Anaximandre mourut peu de temps après la 2e année de 58e olympiade, âgé d’environ 64 ans. Il avait été contemporain de Polycrate, tyran de Samos. D. l.


ANAXIMÈNES, fils d’Eurystrate, fut le compatriote, le disciple et le successeur d’Anaximandre de Milet dans La secte Ionique. Quelques-uns veulent qu’il ait aussi suivi les leçons de Parménide. Pline lui attribue l’invention du gnomon ; dont d’autres font honneur à son maître. Nous avons, sous son nom, deux lettres à Pythagore, dans l’une desquelles il déplore la fin tragique de Thalès. Ses disciples les plus célèbres furent Anaxagore et Diogène l’Apolloniate. Anaximènes florissait vers la 56e olympiade ; il est donc évident qu’Apollodore et Laërce se sont trompés en fixant sa mort à l’époque de la prise de Sardes : tout porte à croire qu’ils ont voulu parler de la prise d’Athènes par les Perses, arrivée l’an 480 avant J.-C. Les opinions d’Anaximènes différent de celles de son maître. Il regardait l’air comme le principe de toutes choses ; principe divin, éternel, infini, toujours en mouvement. Suivant lui, la couche extérieure du ciel est composée de terre ; les étoiles sont des corps pyro-terrestres, soutenus par la force expansive de l’air. Le soleil est plat comme une lame ; c’est son cours seul qui détermine les saisons. La terre, également, est plate et soutenue par l’air. De ce dernier élément sont nés tous les autres ; en lui se résolvent tous les corps. D. l.


ANAXIMËNES de Lampsaque, fils d’Aristoclès, disciple de Zoïle et de Diogène le cynique, fut un des historiens les plus célèbres de l’antiquité ; malheureusement aucun de ses ouvrages n’est parvenu jusqu’à nous. Denys d’Halycarnasse (Epist. ad Ammaum) et Quintilien (lib. 5 c 6) parlent aussi de se talents comme orateur. Jaloux de Théopompe, il essaya de le perdre, en imitant fort habilement son style, et répandant, sous le nom de ce rival, plusieurs écrits également injurieux pour les Athéniens, les Thébains et les Spartiates, Anaximènes fit choisi pour enseigner les belles-lettres à Alexandre le Grand ; il le suivit dans la guerre contre les Perses, et ce fut alors que dans la guerre contre les Perses, et ce fut alors que, par une ruse ingénieuses, il préserva Lampasque, sa partie, des effets terribles de la vengeance du conquérant. Cette ville avait embrassé très-ardemment le parti de Darius : Alexandre résolut de le détruire, et, prévoyant les sollicitations d’Anaximènes, il jura d’avance de faire le contraire de ce que lui demanderait son maître. « Je viens te supplier, lui dit celui-ci, d’anéantir la coupable Lampasque. » Lié par son propre serment, Alexandre fut obligé de pardonner. L’ouvrage le plus important d’Anaximènes était une histoire de la Grèce, qui, divisée en 12 livres, commençait par la naissance des dieux, la formation de l’homme, et finissait à la 104e olympiade, après la bataille de Mantinée, il avait aussi écrit la vie d’Alexandre et celle de Philippe de Macédoine, toutes deux cités avec éloge par Diogène Laërce et Hippocration. Plusieurs savants, et entre autres Vossius, Robertello, Victorinus, lui ont attribué le traité de rhétorique qui porte le nom d’Aristore. Ch-s.


ANAYA MALDONADO (don Diégo), archevêque de Séville et de Tarsis, naquit à Salamanque, vers le milieu 14e siècle : les noms d’Anaya et de Maldonado, qu’il portait, appartiennent à deux maisons du premier rang de la noblesse d’Espagne, et qui, réunies par des alliances multipliées, subsistent encore aujourd’hui, sous les titres de comtes de Villagonzalo, marquis de l’Escale, et de comtes d’Hablitas. Don Diego fut précepteur des enfants de Jean Ier, roi de Castille, et il était évêque de Salamanque, lorsque le schisme de l’église fut poussé à son comble. Le fameux Pierre de Luna était reconnu par les rois d’Espagne et de France. Fort de ce double appui, rien n’était capable de le faire céder. Don Diégo fut envoyé auprès de lui, à Avignon, pour lui confirmer l’obéissance du roi d’Espagne, avec deux autres ambassadeurs. À son retour, il fut élevé à la première dignité de la monarchie, celle de président de Castille, et, bientôt après, il se rendit au concile de Constance, en qualité d’ambassadeur, avec Martin Fernandez de Cordoue. Ce fut dans ce concile qu’eurent lieu de vives contestations sur la préséance entre les représentants des différentes puissances. L’ambassadeur du duc de Bourgogne voulut disputer le siége d’honneur à celui de Castille, qui s’y opposait avec trop de modération, au gr’ de l’évêque Anaya. Celui-ci, s’étant mis entre les deux prétendants, écarta brusquement l’envoyé de Bourgogne, et, se tournant vers son collègue : « Comme prêtre, lui dit-il, j’ai fait plus que je ne devais ; à présent, c’est à vous, comme gentilhomme, à faire