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donné par les Hongrois au moment même de l’action, il fut enveloppé et fait prisonnier ; s’étant évade, il se réfugia dans la forêt de Boxon, ou il mourut bientôt de chagrin et de misère. Son frère Bela se fit couronner à sa place. B-p.


ANDRÉ II, roi de Hongrie, surnommé le Hiérosolymitain, second fils de Bela III, se révolta contre son frère aîné, Émeric, qui avait succédé à leur père ; mais il fut abandonné de tous ses partisans, et obligé de se mettre à la merci de son frère. Le caractère d’André, après cet événement, changea tellement à son avantage, qu’il devint un des plus fidèles appuis du trône. À la mort de son neveu Ladislas, en 1204, il lui succéda, du consentement général des états du royaume. Pendant les douze premières années de son règne, la Hongrie jouit d’une paix profonde. Ce ne fut qu’en 1217 qu’André partit avec une armée de Hongrois pour la guerre sainte, non par terre, comme l’assure, Bonfidius, mais sur des galères de Venise. Les annales de cette république rapportent que le roi de Hongrie fut transporté avec ses troupes en Palestine, sur la flotte vénitienne, et qu’en récompense, il céda aux Vénitiens tous ses droits sur la Dalmatie. On assure d’ailleurs que ce fut pour accomplir un vœu de son père Bela qu’André fit son expédition ; mais il parait plutôt que ce fut dans la crainte des censures de l’Église, dont le pape Honorius III le menaçait, s’il différait plus longtemps d’aller combattre les infidèles. Bonfidius et Blondus prétendent que le roi de Hongrie ne revint dans ses États que trois ans après son départ ; mais Jacques de Vitry, témoin oculaire, atteste qu’André reprit la route de son royaume des l’année suivante 1218, malgré les prières des autres chefs de la croisade, qui insistèrent vivement pour que ce monarque les accompagnât au siége de Damiette. L’excommunication dont le frappa le patriarche de Jérusalem ne fit pas plus d’effet. André promit toutefois, par un serment solennel, en présence des évêques et seigneurs allemands, qu’il ne ferait point la guerre au duc d’Autriche, pendant tout le temps que ce prince resterait à la croisade, et qu’il laisserait même la moitié de ses troupes en Palestine, sous son commandement. Relevé alors de l’excommunication lancée contre lui, André, après s’être baigné dans le Jourdain, partit pour la Hongrie avec la moitié de ses troupes. Il n’avait séjourné que trois mois en Palestine, et il parait certain que la nouvelle de quelques mouvements excités dans son royaume accéléra son retour. Selon plusieurs historiens, ce fut pendant son expédition que la reine Gertrude, sa femme, fille de Berthold. duc de Moravie, fut assassinée dans son palais, par le palatin Ranchanus, à qui il avait confié la régence. Ce seigneur lava dans le sang de la reine l’outrage faite à sa femme par le frère de cette princesse. On assure qu’André, avant acquis la preuve que la reine avait trempé dans la violence criminelle de son frère, pardonna au palatin. (Voy. Banchanus.) Quoi qu’il en soit, le roi de Hongrie revint par mer sur la flotte vénitienne, et fut reçu avec de grands honneurs à la cour d’Azon, marquis d’Est, dont il épousa la fille, nommée Beatrix. Ce fut aussi pendant son voyage de la terre sainte qu’il maria son fils aîné Bela avec la fille de Théodore Lascaris, empereur grec. De retour en Hongrie, André trouva tout son royaume dans le désordre et la confusion. Les grands avaient profite de son absence pour augmenter leur pouvoir et usurper les domaines et les revenus de la couronne. L’expédition de la Palestine ayant occasionné des dépenses extraordinaires, le roi fit de vains efforts pour remédier à l’épuisement des finances et aux maux de l’État. Il prit enfin le parti de convoquer, en 1222, une diète générale, et, résolu de s’attacher plus étroitement à la noblesse et le clergé, il confirma et étendit même les privilèges que leur avait accordés St. Étienne, et composa, dans cette assemblée ce décret ce célèbre, ou bulle d’or, véritable droit publié des Hongrois, monument authentique de son amour pour ses peuples. André y explique la nature du gouvernement établi par les coutumes et les capitulations ; il y renouvelle les privilèges et immunités de cette partie de la nation appelée militantes, ou servientes patriæ ; il promet de n’imposer aucune taxe sur les biens de la noblesse et du clergé, sans le consentement de ces deux ordres, et termine par ce fameux : « Si moi ou mes successeurs voulions enfreindre, en quelque temps que ce soit, vos privilèges, et porter atteinte à la présente constitution, qu’il vous soit permis, en vertu de cette promesse, à vous et à vos descendants, de résister et de vous défendre à force ouverte, sans pouvoir être traités de rebelles. » Une copie de ce serment fut envoyée au pape, et une autre mise en dépôt entre les mains du palatin chargé de veiller sur les intérêts de la nation : « Afin, est-il dit, qu’ayant toujours cet écrit devant les yeux, il ne s’écarte pas de son devoir, ni ne consente que les rois ou les nobles s’écartent du leur. » Vers la fin du règne d’André, les Tatars firent quelques incursions en Hongrie. Ce prince mourut le 7 mars 1235, après avoir régné 30 ans. Il est regardé comme un des plus grand rois qui aient porte la couronne de Hongrie, et comme le souverain dont la mémoire inspire aux Hongrois le plus de reconnaissance et de vénération. Il eut pour successeur son fils aîné, Bela, à qui il avait déjà résigné le souverain pouvoir. B-p.


ANDRÉ III, roi de Hongrie, surnommé le Vénitien, parce qu’il était né à Venise, était fils d’Étienne de Hongrie, fils posthume d’André II, et de Thomassine Morasini. Sa mère l’ayant amené très-jeune à la cour de Ladislas, ce monarque le reconnut pour son héritier ; mais André était absent lorsque Ladislas mourut. En passant par les États d’Albert, duc d’Autriche, pour aller prendre possession de son royaume, il fut arrêté, contre le droit des gens, par de ce prince, et n’obtint la liberté qu’en promettant d’épouser sa fille Agnès. De retour à Bade, André fut proclamé et couronné, le 11 août 1290. Non seulement il refusa de tenir la parole que lui avait si indignement arrachée le duc d’Autriche, mais il voulut encore se