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produisit à Castelnaudary une sensation douloureuse. Il y était estimé et aimé. Ses restes, portés dans cette ville, y furent reçus et inhumés au milieu de la tristesse générale. Il était grand-aigle de la Légion d’honneur, et il prenait encore à Constantinople, au mois de février 1814, les titres de commandeur de la Couronne de fer et de grand chancelier de l’ordre des trois Toisons d’or[1]. On a de lui : 1o Histoire du canal du Midi, connu précédemment sous le nom de canal du Languedoc, 1800, in-8o ; 2o édition considérablement augmentée, et contenant un grand nombre de cartes et plans topographiques, Paris, 1804, 2 vol. in-4o. Cet ouvrage peut être regardé comme classique sur les canaux en général. (Voy. l’article précéd.) 2o Mémoires sur le lac Menzalch ; sur la vallée du lac de Naron ; sur le Fleuve sans Eau, Paris, 1800, in-4o, et dans la collection des mémoires sur l’Égypte. 3o Campagne sur le Mein et la Rednitz, de l’armée gallo-batave aux ordres du général Angereau, 1802, in-8o. 4o Voyage à l’embouchure de la mer Noire, ou Essai sur le Bosphore et la partie du Delta de Thrace, comprenant le système des eaux qui abreuvent Constantinople, 1818, in-8o, et atlas ; traduit en anglais à Londres la même année. 5o De la Direction générale des subsistances militaires, sous le ministère de M. le maréchal de Bellune, Paris, 1824, in-8o. C’est une réfutation de ce qui avait été écrit contre cette administration au sujet des approvisionnements de l’armée d’Espagne pour la campagne de 1823, et à l’occasion des marchés Ouvrard. 6o Mémoire sur ce qui concerne les marchés Ouvrard, Paris, 1826, in-8o. 7o Mémoire sur les dépressions de la surface du globe, Paris, 1826, in-8o. L’auteur considère ces dépressions dans le sens longitudinal des chaînes de montagnes, et entre deux reliefs maritimes adjacents. Ce mémoire fut lu aux séances de l’académie des sciences du 13 et du 20 février 1826[2]. M-d j.


ANDRÉOZZI (Gaetan), compositeur dramatique, né à Naples vers le milieu du 18e siècle, fit ses études musicales sous la direction de Jomelli, son parent. Ses premiers ouvrages des cantates à une seule voix et des duos pour deux soprani et basse. En 1782, il publia à Florence six quatuor pour deux violons, alto et basse. En 1786, il donna Virginia à Rome ; en 1787, Catone in Utica, à Crémone ; Arbace, à Florence, 1787 ; Olimpiade, ibid., 1787 ; en 1788, l’Agésilas, à Venise ; en 1794, il Catone in Utica, à Genève ; il finto Circo, Paris, août 1791 ; Virgine del sole, Paris, décembre 1809 ; Saule, oratorio, à Naples, au théâtre del Fondo ; Sofronia ed Olindo, à Naples, au théâtre St-Chnrles. En 1792 il passa en Espagne, et y composa la Didone abbandonata et l’Angelica e Medoro, qui furent représentés à Madrid. De retour dans sa patrie, il donna encore quelques opéras, entre autres Giovanna d’Arco, qu’on regarde comme un de ses meilleurs ouvrages. Parmi ses oratorio, on remarque la Passione di Giesu-Cristo et Saule. Gaetan Andréozzi mourut dans les premières années du 19e siècle. F-t-s.


ANDRÈS (le Père Jean), l’un des hommes les plus instruits et les plus laborieux du 18e siècle, naquit en 1740 à Planès, dans le royaume de Valence, d’une famille noble, et mourut à Rome le 13 janvier 1817. Après avoir terminé ses études au collège de cette ville, il embrassa la règle de St-Ignace, et professa quelque temps les belles-lettres à l’académie de Candia. Lors de la suppression de leur institut, les jésuites espagnols furent tous arrêtés et dirigés sur Rome ; mais le pape Clément XIII n’ayant pu les admettre dans ses États, ils furent contraints de débarquer dans l’île de Corse, où Paoli ; touché de pitié, consentit à leur donner un asile, Andrès, quoiqu’il ne fût pas encore lié par des vœux solennels, n’avait point hésité à partager l’exil de ses confrères. Il fit en latin le récit de tous les mauvais traitements qu’ils avaient éprouvés depuis leur départ

  1. Par un décret daté de Schœnbrunn, le 15 août 1809, Napoléon avait institue l’ordre des trois Toisons d’or. Chaque régiment devait avoir un de ses officiers commandeur avec pension de 4,003 fr., et un sous-officier ou soldat chevalier avec pension de 1,000 fr. Les commandeurs et les chevaliers ne pouvaient plus quitter leur régiment, et devaient mourir sous les drapeaux. Les grands chevaliers devaient être au nombre de cent, les commandeurs au nombre de quatre cents, et les chevaliers au nombre de mille. Excepté les ministres qui auraient conservé le portefeuille pendant dix ans sans interruption ; les ministres d’État qui, pendant vingt ans d’exercice, auraient été appelés au moins une fois par année au conseil privé ; les présidents du sénat qui auraient présidé ce corps pendant trois années ; et les descendants directs des maréchaux lorsqu’ils se seraient distingués dans la carrière par eux embrassé, nul ne pouvait être admis dans l’ordre des trois Toisons d’or, s’il n’avait fait la guerre et reçu trois blessures dans des actions différentes. Pour être grand chevalier, il fallait avoir commandé en chef dans une bataille rangée ou dans un siége, ou dans un des corps de la grande armée. Enfin la décoration des trois Toisons d’or devait être attachée aux aigles des régiments qui avaient assisté au grandes batailles de la grande armée. Le général Andréossi fut nomme grand chancelier de cet ordre, dont Napoléon s’était fait le grand maître. On avait déjà arme dressé l’état des corps qui avaient participé aux grandes batailles de la grande armée, commandée par S. M. l’Empereur et roi en personne. Tout le travail était prêt, et les promotions allaient commencer, lorsque le mariage de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise fit renoncer à l’établissement d’un ordre qui aurait contrarié le beau-père. L’ordre des trois Toisons annulait, en l’absorbant, l’ancien ordre de la Toison d’or qui existait dans les deux maison d’Espagne et d’Autriche. Le comte Andréossi perdit alors son titre de grand chancellier, et moi celui de secrétaire général, qui m’avait été promis. Mais en 1814, Napoléon n’avait plus à ménager son beau-père, et le général Andréossi reprit à Constantinople le titre d’un ordre qui, sans la chute de l’Empire, aurait été organisé. V-ve.
  2. Les éditeurs des Voyages pittoresques du Bosphore, d’après les dessins de Melling, avaient fait annoncer (Journal des Savants, décembre 1816), que dans la 12e livraison de cet ouvrage serait comprise une carte topographique du Bosphore, dressée par Barbié du Bocage, d’après les matériaux authentiques apportés de Constantinople et communiqués par le général Andréossi. Ce dernier fit insérer dans les journaux (mars 1818) une note portant qu’il n’avait point communiqué à M. Barbié du Bocage de simples matériaux, mais une carte entièrement terminée, et qui avait été présentée par M. Barbié du Bocage lui-même à deux classes de l’Institut ; que cette carte n’avait point été faite pour entrer dans l’ouvrage de M. Melling, mais pour rester la propriété de son auteur ; qu’en reste M. Barbié du Bocage n’avait pu se donner aucun soin pour dresser cette carte, puisque, levée sur les lieux, elle avait été apportée de Constantinople rédigée, mise au net, et topographiée dans toutes ses parties, avec les côtes de nivellements barométriques, et tous les ouvrages relatifs au système des eaux qui achèvent la capitale de l’empire ottoman, et que c’est dans cet état qu’elle était venue à la connaissance de M. Barbié du Bocage. V-ve.