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communément à Angeloni un ouvrage anonyme intitulé : il Bonino, ovvero Avvertimenti al Tristano intorno gli errori nelle medaglie del primo tomo de suoi Commentari istorici, in-4o ; mais il est prouvé que cette critique, qui a paru en 1649, sans date ni indication, de lieu, est de Bellori. Angeloni a encore écrit des épîtres, et plusieurs comédies, dont deux ont été imprimées : 1o gl’ Irragionevoli Amori, Venise, 1611, in-12. C’est un véritable imbroglio : un jeune homme devient amoureux d’une femme qui est élevée sous un nom supposé ; on leur apprend ensuite qu’ils sont fils du même père ; mais un second événement détruit cette erreur, et ils s’épousent. Cette pièce est écrite en prose, et dédiée au cardinal Aldobrandini. 2o La Flora, Padoue, 1614, in-12. Angeloni avait aussi composé un opéra intitulé Arcadia, à l’imitation de l’Arcadie de Sannazar ; des épîtres et des ouvrages d’agrément, savoir : 1o Dialoghi Piego del signor Agrestino de’ Calzanti ad Erasto Afrone, per fugir le fraudi delle cattive femine, Venise, 1615 et 1616, in-8o ; 2" Lettere de buone feste, scritte da principe a principi, Rome, 1638, in-8o. Ces lettres sont celles qui ont été écrites par Angeloni, selon l’usage italien, au nom du cardinal Aldobrandini, à divers princes, aux époques de Noël, de Pâques, ou d’autres solennités ; elles ont été publiées par Bellori. Angeloni a aussi laissé manuscrits Cento Scherzi amorosi, cent nouvelles dans le genre de Boccace, et vingt volumes de lettres sur différents sujets. A. L. M.


ANGELUCCI (Théodore), poëte italien, florissait, à la fin du 16e siècle ; il était né à Belforte, château voisin de Tolentino, dans la Marche d’Ancône. Il fut médecin de profession, et l’exercice qu’il fit de son art dans un grand nombre de villes lui procura dans plusieurs, entre autres à Trévise, le titre et les droits de citoyen. Il se rendit surtout célèbre par ses querelles littéraires avec François Patrizi, en faveur d’Aristote. Quelques auteurs ont écrit qu’il avait été professeur public à Padoue ; mais Riccobini, Tomasini et Papadopoli, historiens de cette université. n’en parlent pas. Il nous apprend lui-même, dans une de ses épîtres dédicatoires, qu’étant encore très-jeune, il avait fait quelque séjour a Rome, et qu’en 1593 il se trouvait à Venise, exilé de sa patrie, et accablé par le malheur. Il ne dit rien d’un prétendu séjour en France, dont il est à croire cependant qu’il n’aurait pas manqué de parler, surtout s’il y avait achevé ses études. il fut membre de l’académie vénitienne, et mourut en 1600, à Montagnana, où il était premier médecin, et d’où son corps fut transporté à Trévise. Il a laissé les ouvrages suivants : 1o Sentantia quod metaphysica sit eadem quæ physica, Venise, 1584, in-4o. F. Patrizi avait attaqué, dans un livre en 4 volumes, la philosophie d’Aristote, pour y substituer celle de Platon : Angelucci entreprit de le réfuter dans cet ouvrage. Patrizi lui répondit par un autre, auquel il répliqua par le suivant : 2o Exercitationum cum Patritio liber, Venise, 1585, in-4o. 3o Ars medica, ex Hippocratis et Galeni thesauris potassium deprompta, etc., Venise, 1593, in-4o. 4o De Natura et Curatione malignæ febris libri 4, Venise, 1595, in-4o. Cet ouvrage fut durement critiqué par Donatelli de Castiglione, auquel Angelucci répondit de même. Sa réponse est intitulée : Bactria, quibus rudens quidam ac falsus criminator valide repercutitur, etc. 5o Deus, canzone spirituals di Celio magno, etc., con due Lezioni di Teodoro Angelucci, Venise, 1597, in-4o. 6o Capitolo in lode della pazzia, inséré par Tommaso Garzoni, à qui il est adressé, dans son Ospitole de pazzi, Venise, 1586 et 1601. 7o L’Éneide di Virgilio, tradotta in verso sciolto, Naples, 1649. Cette édition, qui est la seule, est fort rare. Les auteurs du journal des Lettorati d’Otalia, Algarotti dans ses Lettres sur la Traduction d’Annibal Caro, le P. Beverini dans la préface de sa traduction de l’Énéide, in ottova rima, ont parlé avec éloge de la traduction attribuée a Théodore Angelucci ; d’autres ont pensé qu’elle est du P. Ignace Angelucci, jésuite, né en 1585, à Belforte, comme Théodore, et sans doute son parent ; mais ce P. Ignace n’a laissé aucun autre ouvrage qui puisse le faire croire capable d’avoir fait cette traduction. G-é.


ANGELUCCI (Liborio), né à Rome en 1746, était chirurgien-accoucheur dans cette ville, où il jouissait d’une assez grande réputation, lorsque les principes de la révolution française commencèrent à pénétrer en Italie. Il les adopta avec beaucoup de chaleur, et fut dès lors considéré comme le chef des démocrates dans la capitale du monde chrétien. Il prit en conséquence une grande part aux émeutes qui amenèrent le meurtre de Bassville. Le pape Pie VI le fit arrêter en 1793 et enfermer au château St-Ange, où il ne resta pas longtemps, grâce à la protection des cardinaux Albani et Antonelli. Cependant il fut de nouveau emprisonné en 1796, comme chef d’une conspiration, et transféré à la citadelle de Civita-Vecchia. Il ne recouvra la liberté qu’en 1797, après le traité de Bologne, et sur la demande du général Bonaparte, qui s’intéressait alors aux révolutionnaires de tous les pays. Angelucci fit l’année suivante le voyage de Rastadt et de Paris, probablement pour y lier quelques intrigues politiques et préparer son élévation ; mais ce voyage n’eut en apparence, d’autre objet que de remercier le général Bonaparte et de lui témoigner sa reconnaissance. Il ne retourna dans sa patrie que lorsque la révolution y fut consommée sous les auspices de l’armée française, qui avait envahi les États de l’Église. (Voy. Berthier) On conçoit qu’il eut peu de peine à obtenir un emploi important dans la nouvelle république. Devenu l’un des cinq consuls que nomma le général français, Angelucci déploya dans les palais pontificaux où il s’établit un faste tout à fait extraordinaire. Cependant, d’après les pasquinades du temps, il se fit remarquer par une bizarrerie assez difficile à concilier avec tant de vanité, si l’on ne se rappelait que les Fabricius et les Cincinnatus, consuls et dictateurs, n’avaient pas dédaigné leur première profession. Devenu consul romain et presque dictateur, Angelucci annonça qu’il s’occuperait en même temps et avec un zèle égal de gouverner Rome et d’accoucher les dames ; il aurait en conséquence fait poser a la porte du palais consulaire deux sonnettes au-dessus