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anglais, et pour établir des principes d’une morale moins sévère sur la probabilité et la pénitence[1]. 2° Tradition de l’Église, touchant la dévotion des chrétiens envers la Ste. Vierge, in-8o, 1652, 1662, 1672. Bayle prétend que cet ouvrage fit plaisir aux protestants, qui s’en servirent pour l’opposer à l’Exposition de Bossuet. 3° La Vie du vénérable serviteur de Dieu, Vincent de Paul, 1664, in-4o. Cette édition, quoique la première, est préférable à celles qui l’ont suivie, et dans lesquelles on a retranché, plusieurs passages contre les jansénistes. Ces passages ayant déplu a quelques personnes, et ayant donné naissance a un écrit intitulé : Défense de M. Vincent de Paul, contre le faux discours de sa vie, publié par M. Abelli, 1668, in-4o, Abelli publia sa défense, à laquelle on fit une Réplique l’année suivante. La Vie de St. Vincent de Paul, par Collet, a fait oublier l’ouvrage d’Abelli. 4° La Couronne de l’année chrétienne, ou Méditations sur les plus importantes vérités de l’Evangile, formant d’abord 4 vol. in-12, et dont l’abbé Baudran a donné une nouvelle édition en 2 vol. La diction de cet ouvrage fait tort au fond. Il a été traduit en latin en 1732. 5° Un Traité des hérésies, Paris, 1661, in-4o. 6° Défense de la hiérarchie de l’Église et de l’autorité du pape, Paris, 1659, in-4o. 7° Considérations sur l’Éternité, 1 vol. in-12. 8° la Vie de St. Josse de Bretagne, Abbeville, in-18. 9° D’autres écrits polémiques sur le jansénisme, qui annoncent que l’auteur était grand ennemi de Port-Royal. Le style d’Abelli est dur en latin, lâche et plat en français ; c’était d’ailleurs un homme rempli de toutes les vertus de son état. A-B-t.


ABEN-BITAR (Abdallah-Ben-Ahmed), ou, correctement, Al Beïhar, le vétérinaire, célèbre botaniste et médecin arabe, né à Benana, village près de Malaga. Il voyagea longtemps pour se perfectionner dans la connaissance des plantes. Sa réputation était telle que, lorsqu’il alla en Égypte, il en fut, d’un concert unanime, nommé premier médecin. Mélek Al-Kamil, prince de Damas, le combla de bienfaits, et le nomma intendant général de ses jardins. Il mourut dans cette ville, l’an 646 de l’hégire (1248 de J.-C.). Aben-Bitar a laissé un monument précieux pour la botanique, sous le titre de Recueil de médicaments simples. Cet ouvrage, dont Casiri a fait connaître la préface (Bibl. arab.-hisp., t. 1, p. 278), se divise en quatre parties où l’auteur traite, en suivant l’ordre alphabétique, de toutes les plantes, pierres, métaux et animaux qui ont une vertu quelconque en médecine, avec une telle exactitude, que les ouvrages de Dioscorides, de Galien et d’Oribazius, sont souvent corrigés, et qu’on y trouve des faits et des détails qu’on chercherait en vain dans ces auteurs. On a imprimé à Paris, en 1602, la traduction latine de l’article consacré aux limons dans ce grand traité. J-n.


ABEN-HEZRA, ou ABEN-ESDRA (Abraham-Ben-Meir), célèbre rabbin espagnol, surnommé, a cause de la multitude de ses connaissances, le Sage, le Grand, l’Admirable, naquit, suivant l’opinion commune et d’après Rossi, à Tolède, en 1119. Il fut à la fois astronome, philosophe, médecin, poëte, philologue et grammairien ; possédant a fond toutes les langues savantes, et très-versé dans la littérature arabe. Les auteurs juifs le vantent, en outre, comme habile cabaliste, et l’un des plus fameux interprètes de l’Écriture sainte. Aben-Hezra embrassa, en effet, toutes les connaissances, et les perfectionna par de longs voyages en France, en Italie, en Grèce, en Palestine et en Angleterre. Il se fit surtout remarquer par ses explications hardies de l’Écriture sainte ; il soutenait que les Hébreux n’avaient pas traversé la mer Rouge par un miracle, mais que Moïse profita d’une basse marée, pour passer a l’extrémité du golfe. Aben-Hezra acquit tant de réputation dans l’astronomie, que les plus grands savants de son siècle adoptèrent ses découvertes. Cependant ceux qui lui ont attribué l’invention de la méthode de partager la sphère céleste en deux parties égales, par le moyen de l’équateur, paraissent avoir ignoré que cette méthode est aussi ancienne que l’astronomie. La bibliothèque de la Sorbonne possédait une introduction française de la Sphère, d’Aben-Hezra, faite en 1273 par maître Deïade. Ce savant aurait sans doute porté beaucoup plus loin ses travaux, si la mort ne l’eût enlevé a Rhodes, en 1174, à l’âge de 55 ans. Quelques auteurs l’ont fait vivre jusqu’à 75 ans. Quoi qu’il en soit, ce fut pendant ses voyages qu’Aben-Hezra, voué exclusivement à la culture des sciences et des lettres, composa une grande partie de ses ouvrages. Son Commentaire sur les livres saints a été publié par Bomberg, à Venise, en 1526. Quelques parties de ce grand ouvrage ont été imprimées séparément. On n’y trouve ni les allégories si familières aux rabbins, ni les ridicules futilités de la cabale. L’auteur n’ose pas censurer ouvertement les caraïtes, ennemis des traditions, parce que les docteurs et le peuple étaient fort attachés à leur méthode ; mais il n’en fait guère usage et se sert avec discernement de l’autorité des anciens, recherchant avec exactitude le sens grammatical des mots, et expliquant le texte le plus littéralement qu’il lui est possible. Son style est élégant, mais trop concis, ce qui le rend obscur, au point qu’il a fallu composer d’autres commentaires pour expliquer les siens. Arn. Pontacus publia une traduction latine des Commentaires d’Aben-Hezra sur Abdias, Jonas et Sophonias, à Paris, 1559. in-4o. Leusden en publia un autre a Utrecht, en 1657. Le texte hébreu d’Aben-Hezra, sur Joel, fut imprimé à Paris, en 1563 ; le même, avec des notes par Leusden, Utrecht. 1656. Robert Étienne imprima a Paris, en 1556, en 1 vol. in-4o, le Commentaire d’Aben-Hesra, sur Osias, avec celui de deux autres rabbins. Le Cantique des cantiques fut imprimé séparément, Paris, 1570. On publia aussi à Constantinople, en 1552. son Commen-

  1. Boileau reproche aussi a Abelli ses sentiments sur l’amour de Dieu dans l’épitre 12 : Apprenez que la gloire et le ciel nous appelle Un jour des vrais enfants doit couronner le zèle, Et non les froids remords d’un esclave craintif, On crut voir Abelli quelque amour négatif. (Note de l’éditeur.)