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soit prouvé, que la raison de Desaguliers s’altéra totalement dans la dernière année de sa vie, et que ses accès de folie lui causèrent la mort. Il mourut en 1743.

N-y.


DESAIDES. Voyez Dezede.


DESAINTANGE. Voyez St-ANGE.


DESAIX DE VOYGOUX (Louis-Charles-Antoine), général français, né en 1768 d’une famille noble à St-Hilaire-d’Ayat en Auvergne, fut élevé à l’école d’Effiat, et entra à l’âge de quinze ans comme sous-lieutenant dans le régiment de Bretagne, où il se fit connaître par un caractère grave et studieux. En 1791 il fut nommé commissaire des guerres, et peu de temps après aide de camp du général Victor de Broglie. La guerre de la révolution vint alors lui donner occasion de se distinguer. Il obtint un avancement rapide, et se fit remarquer surtout à Lauterbourg, où il reçut une légère blessure. Il commandait, en 1796, une division de l’armée de Moreau, et ce fut lui qui enleva Offenbourg au corps du prince de Condé ; il contribua beaucoup ensuite au bon ordre avec lequel s’exécuta la retraite de Bavière, et fut chargé de la défense du fort de Kehl, où il repoussa avec tant de valeur les attaques multipliées de l’archiduc Charles. Il suivit Bonaparte en Égypte, et y fut chargé des opérations les plus importantes. Il obtint d’abord une victoire sur les Mamelouks à Chébréiss, et défit ensuite complétement leur chef Mourad Bey dans une bataille sanglante qui le rendit maître de toute la haute Égypte. Il gouverna ce pays avec beaucoup de modération, et s’y fit donner par les habitants le nom bien flatteur de sultan juste. Il quitta ce pays après le traité d’El Arisch, et arriva en France au moment où le général Bonaparte devenu premier consul marchait contre l’Italie. Desaix se hâta de se rendre à son armée, et il y arriva peu de jours avant la bataille de Marengo, où il commanda la réserve le 25 prairial au 8 (14 juin 1800). Déjà les ailes de l’armée française étaient tournées, et sa cavalerie enfoncée, lorsque cette réserve accourut à leur secours, et chargea les Autrichiens avec une vigueur qui détermina la victoire. Ce fut dans cette charge que Desaix reçut un coup mortel. Ce général était d’un caractère doux, et surtout d’un rare désintéressement. Son corps embaumé a été transféré dans l’hospice du grand St-Bernard, où un monument lui a été élevé par outre du gouvernement. Deux autres monuments ont été élevés à sa mémoire sur la place Dauphine et sur la place des Victoires, à Paris. MM. Garat et Lavallée l’ont célébré dans des Éloges funèbres qui ont été imprimés, et dont le premier, réuni à celui de Kléber, a été prononcé solennellement dans une cérémonie publique sur la place des Victoires, en septembre 1800. M. Simien Despréaux a publié la même année un Précis de la Vie et Éloge funèbre du général Desaíx.


DESARGUES (Gérard), habile géomètre, né à Lyon en 1593, d’une famille ancienne, embrassa d’abord la profession des armes ; il se trouva au siège de La Rochelle, où il connut Descartes, et il se lia avec lui d’une amitié d’autant plus solide, qu’elle était fondée sur une estime réciproque. À la paix, il renonça au service, et vint demeurer à Paris. Il fut du nombre des savants qui se réunissaient les mardi chez Chantereau Lefèvre, pour discuter des objets de mathématiques. Ce fut dans cette société qu’il connut Gassendi, Boulliau, Roberval, Carcavi et Pascal, qui, jeune encore, était déjà le rival des plus grands géomètres. Descartes s’était retiré en Hollande pour y cultiver le goût qui l’entraînait vers les hautes sciences, et son livre des Principes (voy. Descartes) avait jeté les fondements de sa réputation. Desargues profita de la publication de ce livre pour recommander son ami au cardinal de Richelieu, et il ne tint pas à lui que ce grand homme ne fût fixé dans sa patrie. Mais il ne borna pas là les services qu’il lui rendit ; il lui envoyait tous les livres qu’il croyait nécessaires à ses études, et prit hautement sa défense contre le P. Bourdin et Fermat, qui avaient attaqué quelques-unes de ses opinions. Dégagé de toute ambition, cherchant moins à se produire qu’à se rendre utile, Desargues quitta Paris pour revenir à Lyon. Il y passait les hivers à étudier ou à donner des leçons sur la coupe des pierres aux ouvriers dont il était entouré ; il passait l’été dans son domaine de Condrieux, cultivant lui-même son jardin, et faisant des expériences qui tournaient à l’avantage public. Il mourut à Lyon en 1662. Desargues écrivait agréablement ; mais, soit qu’il se défiât trop de lui-même, soit qu’il préférât donner à la recherche des vérités nouvelles le temps qu’il aurait employé à écrire, il confia le soin de rédiger ses ouvrages à Abraham Bosse, qui s’en est si mal acquitté, qu’on ne les lit plus guère. Le P. Colonia annonçoit que Richer, chanoine de Provins, en préparait une édition complète, mais ce projet n’a point eu de suite. On a de Desargues : 1o un Traité de la perspective, 1636, in-fol. ; 2o á 5o, la Manière universelle pour poser l’essieu, — la Pratique du trait à preuves pour la coupe des pierres, — la Manière de graver en taille-douce et à l’eau-forte, et la Manière universelle pour pratiquer la perspective (voy. Bosse) ; 6o Traité des sections coniques, 1639, in-8o. Lorsque Pascal publia son Traité sur le même sujet, Descartes l’attribua à Desargues, le regardant comme le seul mathématicien en état de produire un semblable ouvrage.

DESAUDRAY. Voyez SAUDRAY (de).


DESAUGIERS (Marc-Antoine), né à Fréjus, en 1742, apprit la musique sans maître, et s’initia lui-même dans la science de la composition. Il vint à Paris en 1775, et ne tarda pas à s’y faire connaître avantageusement par la traduction des Réflexions sur le chant figuré, de J.-B. Mancini, qu’il publia en 1776. Cet ouvrage lui mérita les suffrages de Gluck, qui, depuis, eut toujours pour lui une estime particulière. En 1779, il donna aux Italiens le Petit œdipe, pièce en 1 acte ; et, l’année suivante, à l’opéra, Erixène, Ou l’Amour enfant,