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dans ses Lettres qu’il aurait pu facilement obtenir la réputation de poète, mais il était dans son caractère de n’en ambitionner aucune. W—s et A. B—r.
DESMABETS DE ST-SORLIN (Jess), l’un des
premiers membres de 1’Académie française, né à
Paris en 1595, fut pourvu, dans sa jeunesse, de
différentes charges qui lui donnèrent accès près des
ministres. Sa gaieté et son esprit le tirent rechercher
dans les sociétés les plus brillantes ; il fréquentait
les assemblées de l’hôtel Rambouillet, et
on commit les jolis vers sur une violette, qu’il composa
pour la Guirlande de Julie. Le cardinal de
Richelieu, qui s’était déclaré son protecteur, l’engagea
ù tourner ses études vers le théâtre ; et ce fut
par déférence pour lui qu’il entreprit de faire une
tragédie. Aspasie fut son coup d’essai. Cette pièce,
très-médiocre, fut représentée avec succès en
1638 ; encouragé par les éloges qu’il recevait de
toutes parts, il composa, dans l’espace de quelques
années, plusieurs autres pièces parmi lesquelles il
faut distinguer les Visionnaires et Mirame. Pélisson
nomme les Visionnaires une pièce inimitable.
lféloge était exagéré, même dans le temps où écrivait
Pélisson. Les Visiormaires ne précédèrent que
de quatre ans le Menteur, comédie vraiment de caractère,
et qui lui est bien supérieure, sous le rapport
de l’art.et du style. Mii-ame fut composée pour
l’ouverture du théâtre que le cardinal de Richelieu
venait de faire élever dans son palais ; il en
avait donné àl’idée à Desmarets, et il passa même
pour en avoir écrit plusieurs scènes. La jeunesse
de Desmarets n’avait été rien moins que régulière ;
il eut des remords de sa conduite, et tout à coup
on le vit passer de l’excès du relâchement à une
dévotion outrée. Il commença à répandre ses idées
de réforme parmi les femmes. Il cornposa à leur
usage un 0/fiee de la Vierge, et des Prières remplies
d’une exaltation dangereuse, mais que le clergé
de Paris approuve, par haine pour les Jansénistes,
que Desmarets attaquait sans aucun ménagement.
La fumeur de Desmarets contre eux ne se
boma point a des déclamations. Il eut la hardiesse
de s’adresser au roi lui-même, dans un écrit intitulé :
Avis du St. Esprit. Ce pamphlet n’a point
été réimprimé, ou du moins il est devenu si rare
qu’aucun bibliographe ne dit l’avoir vu. Dans cet
écrit, dicté par le fanatisme le plus extraordinaire,
il annonce que : «son dessein est de lever une armée
<1 pour combattre et exterminer partout les impiétés
et les hérésies ; qu’elle doit être, selon la prophétie
de St. Jean, de 141,000 hommes qui auront
« la marque du Dieu vivant sur le front, c’est-àa
dire qui feront voir à découvert, par leur vie,
« que Dieu est vivant dans leurs cœurs. » Il propose
au roi de prendre le commandement de cette
armée, et ajoute : s< Votre royale compagnie du
a St. Esprit doit marcher à leur tête, si elle est
ii aussi noble et aussi vaillante, comme elle se pere
suade de l’être, et elle le sera beaucoup si elle
a est aussi prète que le reste de cette sainte armée
ii à tout sontlirir. » Il termine parannoncerque le
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roi a été désigné par les prophètes pour c asser les Tiu*cs, et étendre le royaume de Jésus-C rist par toute la terre. C’est en partie pourrçšpondre à cet écrit que Nicole a composé ses lettres intitulées les Visionnaires. Les curieux y trouveront des détails qu’il ne nous a pas été possible d’insérer dans cet article. Desmarets s’abaissa ensuite jusqu’à feindre de partager les opinions de Simon Ztlnrin, autre fanatique qui passait pour un prophète, dans un galetas. Lorsqu’il eut connu sa doctrine, il le dénonça au parlement, et se montra l’un des plus acharnés à la perte de cet infortuné (voy. Simon Moins). En poiusuivaut ceux qu’il nommait les impies, Desmarets était dangereux, mais lorsqu’il eut résolu de détrôner les plus grands génies -de l antiquité, il ne fut plus que ridicule. Il travaillait à son poème de Clovis au moment de sa conversion : sa tête se perdit alors, et il imagine que Dieu l’avait aidé in terminer cet ouvrage, parce qu’il avait surlui des mes particulières. Clovis, loué par Chapelain et les autres amis de Desmarets, ne fut cependant guère accueilli du public, et Boileau acheva, par ses épigrammes, de rendre l’ouvrage et l’auteur ridicules. Desmarets publia alors différents écrits, pour prouver que le système qu’il avait adopté dans son poême est supérieur à celui des anciens ; que les sujets chrétiens sont seuls propres à la poésie héroïque, et qu’il a sn triompher des poètes paiens, et se parer de leurs dépouilles, tout ainsi que le grand Tamerlan a triomphe de Bajalzet. C’est Homère et Virgile qu’il s’est pin surtout à humilier ; il déclare qu’il les a traités en vairgeus et foulée auœ pieds. Il n’épargne pas les poètes modemes qui ont pris les anciens pour modèles, et c’est surtout Boileau qu’il se plait à confondre. L’un des éditeurs de Boileau a rapporté plusieurs critiques de Desmarets, et, ce qu’on aura peine à croire, pour les louer et en faire sentir la justesse (voy. ST-MARC). Desmarets adressa son dernier ouvrage intitulé : Défense de la Poésie française, in Perrault, l’un des partisans de son système ; ainsi c’est Desmarets qui est le véritable chef de la ligue formée contre les anciens, par une foule d’auteurs, dans une succession non interrompue jusqu’à nous. Il mourut à Paris, le 28 octobre 1676, âgé de 80 ans. Iiabbé d’Olivet cite 40 ouvrages de Desmarets, et Niceron 43. lfious n’indiquerons que les principaux : 1° les Jeuœ historiques des rois de France, des reines renommées, de la Géographie et des Métamorphoses, 1667, in-16, 1698, in-8° ; ce volume est recherché pom* les figures de la Bella ; 2° Théâtre de Desmarets, composé de 7 pièces, imprimées séparément : Aspasie, Scapion, Mirame, Iioœane, les Visionnaires, Erigone et Europe ; E, -[ gone etüilirumcont été imprimées in-12, Miramg l’est aussi in-fol. (Paris, 1041, tlg.), et les autres in-1° ; Aspcwie et les Visionnaires ont été insérées dans le tome 7 du Théâtre-Français et les Visionnaires dans le Recueil des Pièces choisies, publié par Lamonnoye ; 3° les Morales d’Epictète, de Socrate, de Plutarque et de Sénèque, au château de