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dit du saint avant que celui-ci eût embrassé l’état religieux parait puisé dans des mémoires peu certains.

V-VE.


DAMASCÈNE (JEAN), médecin arabe, vivait, suivant certains biographes, dans le 9e siècle ; selon d’autres, dans le 11e : ceux-ci le regardent comme fils de Mésué le jeune ; ceux-la lui donnent pour père Mésué l’ancien : quelques-uns veulent que ce soit le même que ce dernier. Fabricius distingue plusieurs Jean Damascène, les uns moines, les autres médecins, et parmi ceux-ci il nomme Jean Mésué Damascène, qui écrivait en arabe en 1200, et un autre qui était fils de Sérapion. L’obscurité répandue sur la vie et les ouvrages de ce médecin tient sans doute au nom qu’il porte, et qui en effet est celui de plusieurs hommes illustres nés à Damas. Heusler a pourtant levé cette difficulté historique en démontrant que Sérapion l’ancien (Jahiah Ebn), et Jean Damascene, sont réellement le même personnage, et le savant Sprengel partage cette opinion. Voici, du reste, les ouvrages qu’on lui attribue, et qui ont été traduits de l’arabe en latin par Gérard de Crémone (et non de Carmona en Espagne): 1° Aphorismorum liber, Bologne, 1489, in-4o ; Venise, 1497, in-fol., avec les Aphorismes de Rabbi Moyses et de Rhazès ; Bâle, 1679, in-8o : ces aphorismes méritent d’être lus ; 2° Medicinœ therapeuticœ libri septem, Bâle, 1543, in-fol. Cette production, corrigée et augmentée par Albanus Torinus, est, suivant Haller et Sprengel, absolument la même que ce qui nous reste de Sérapion : composition, maladies, médicaments, citations, tout y est identique, ce qui confirme la décision de Heusler. On reconnaît dans les œuvres de ce médecin une prudence peu commune, de sages conseils à ceux qui veulent s’élever à la dignité de l’art, et une grande vénération pour Aristote et Galien.

R-D-N.


DAMASCIUS, l’un des derniers philosophes éclectiques, prit naissance à Damas en Syrie. Il étudia d’abord à Alexandrie sous Théon et Ammonius, fils d’Hermias ; il alla ensuite à Athènes, dont l’école jouissait alors de la plus grande réputation, et il y prit des leçons de Zénodore, de Marin et d’Isidore. L'empereur Justinien ayant, vers le commencement de son règne, défendu aux païens d’enseigner la philosophie, et cette défense ayant été suivie de quelques persécutions, Damascius, Isidore, Simplicius et les autres philosophes allèrent chercher la tranquillité dans la Perse auprès de Chosroès, qui les reçut très-bien, et leur retour, avec la liberté de professer leur religion, fut une des conditions de la paix que ce prince fit avec Justinien l’an 533 de notre ère ; mais les écoles de philosophie restèrent fermées, et nous ignorons absolument le reste de la vie de Damascins. Zélé pour la religion païenne, telle qu’on la professât dans la secte a laquelle il était attaché, il n’avait pas osé en prendre ouvertement la défense ; mais il avait écrit une histoire des

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principaux chefs de la secte, dans laquelle il leur attribuait toutes les vertus des premiers chrétiens, et même le don des miracles. Cette histoire n’était peut-être autre chose que la Vie d’Isidore, son maître, qui était, suivant Photius, un ouvrage très-étendu, et divisé en 60 chapitres. On voit en effet, par le long extrait que Photius nous en a donné (Cod. 242) et les fragments nombreux que Suidas en cite, qu’il y faisait de fréquentes digressions sur les autres philosophes de cette école. Il serait à souhaiter que quelque savant prit la peine de rassembler ces fragments et de les mettre en ordre, ce qui ne serait pas très difficile, en suivant l’extrait de Photius. Il nous reste de Damascius un traité très-volumineux sur les premiers principes *nspl ågμîv, dont il existe un manuscrit a la Bibliothèque. Il n’a jamais été imprimé ; mais puisque Pinintelllgible Plotin vient de trouver en Allemagne un éditeur, il faut espérer qu’on exhumera l’ouvrage de Damascius pour en faire jouir les partisans de cette philosophie obscure. On en trouve quelques extraits dans le 3e volume des Anecdota de J. Ch. Wolff, et dans le Systema intellectuale de Cudworth.

C-R.


DAMAS-CRUX (LOUIS-ETIENNE-FRANÇOIS, comte DE), né vers 1750, au château de Crux, dans le Nivernais de l’une des plus anciennes familles de la noblesse de France, fut l’un des menins du dauphin (depuis Louis XVI), entra fort jeune au service, et fut nommé presque aussitôt colonel du régiment de Foix, puis de celui de Limousin, et enfin maréchal de camp et commandant de la province des Trois-Evêchés. Comme presque toute sa famille il émigra en 1792, et s’étant réfugié dans Maastricht il y commande une des compagnies de gentilshommes qui contribueront si efficacement, sous les ordres du brave d’Autichamp, à la défense de cette place dans le mois de février 1793. Appelé, en 1794, près la personne, du duc de Berri, il dirigea les premiers pas que ce prince fit dans la carrière des armes sous les ordres du prince de Condé. Nommé chevalier d’honneur de la duchesse d’Angoulême, après le mariage de cette princesse en 1799, il l’accompagna dans ses différents voyages en Russie, en Pologne et en Angleterre ; et ne rentra en France qu’en 1814, avec le roi Louis XVIII, qui lui conféra le grade de lieutenant général, et le créa pair de France le 2 juillet de cette même année. Le comte de Damas ne jouit pas longtemps de ces honneurs ; car il mourut le lendemain dans le château des Tuileries. — Son frère, l’abbé de Damas-Crux, grand vicaire et doyen du chapitre de Nevers, mourut dans cette ville en 1829.

M.-D j.


DAMAS-CRUX (ETIENNE-CHARLES, duc DE), lieutenant général, pair de France, et premier gentilhomme de la chambre du duc d’Angouléme, naquit en 1753. Il fit ses premières armes aux Indes, avec le régiment d’Aquitaine, dans les campagnes de la guerre d’Amérique contre les Anglais ; il y fut fait prisonnier. Quand la paix fut conclue, rendu à la liberté ; il rentra en France, et lors