vision Dupont gardait la rive gauche du Danube.
Ce point semblait avoir peu importance, car
on ne pouvait croire que Mack pût choisir un
autre parti que celui de s’enfermer dans Ulm,
ou de tenter la retraite par le Tyrol. Le maréchal Murat, chargé par Napoléon du commandement
général des troupes laissées de ce côté,
s’obstinait à laisser la faible division de Dupont
dans cette position, qui allait devenir compromettante
si Mack s’apercevait de cette faiblesse.
L’armée autrichienne pouvait, en effet, s'échapper par là en écrasant les 6,000 hommes de Dupont.
Celui-ci cependant se rapprochait d’Ulm :
tout à coup, au village de Haslach, il se trouve
en présence de 60 000 Autrichiens établis sur la
colline du Michelsberg. Dupont n’a que trois régiments
d’infanterie, deux de cavalerie et quelques
pièces de canon. Mais, par un véritable
trait de génie militaire, il comprend que s’il
recule, il livre aux Autrichiens le secret de sa
faiblesse : ils lui passent sur le corps et s’échappent.
Attaquer, au contraire, c’est s’annoncer
comme l’avant-garde d’un corps imposant. Dupont
n’hésite pas. Avec ses 6,000 hommes, il
se rue sur 25,080 Autrichiens commandés par
archiduc Ferdinand. La baïonnette seule répond
au feu de l’ennemi, qui se retire en désordre
laissant quinze cents prisonniers. Deux
fois encore la ligne autrichienne s’ébranle :
deux fois elle est repoussée par deux régiments.
L'archiduc, renonçant alors à une attaque de
front, tâte les deux ailes de la petite armée. Sur
la droite de Dupont, le village de Jungigen est
pris et repris cinq [ois. Après cinq heures de
cette lutte inouïe, Dupont se retire sur Albeck,
emmenant 4,000 prisonniers. Cette vigoureuse
affaire arrêta les Autrichiens, qui allaient s’échapper
parla Bohème. Le 13 octobre, Napoléon
arriva à Ulm, reconnut d’un coup d’œil la
faute faite en laissant la division Dupont isolée
sur la rive gauche du Danube et, par ses ordres,
le maréchal Ney établit les communications entre
les deux rives dans la mémorable journée
d’Elchingen. Dupont prit une part glorieuse à
ce nouveau combat 2 il réussit à couper au corps
de Werneck le retour vers Ulm et contribua à
enfermer définitivement l’armée de Mack dans
la forteresse. Après la capitulation d’Ulm et
l'invasion de la haute Autriche, la division Dupont,
renforcée des Hollandais de Marmont, réunie
aux divisions Gasan et Dumonceau, et placée
sous le commandement du maréchal Mortier,
fut chargée d’éclairer, sur la rive gauche du Danube,
les routes de Bohème et de Moravie. Ce
corps se trouvait dans les premiers jours de novembre,
établi sur la rive gauche du fleuve. Il
n'était pas même concentré, et Mortier, avec la
division Gazan comptant à peine 5,000 hommes,
rencontra, le ll novembre, toute une armée
russe à Dirnstein. Après un combat terrible,
le maréchal était resté mettre du terrain, avait
XII
fait à l’ennemi 1,500 prisonniers et s’était
avancé jusqu’à Stein : mais bientôt, enveloppé
par des forces supérieures, il lui fallut essayer
de se faire jour jusqu’à la division Dupont restée.
en arrière de Dirnstein. Mais Dupont a appris le
danger du maréchal : il accourt, force les défilés
et dégage la division Gazan qui sans lui était
perdue. Victorieuses, mais mutilées, les deux héroïques
divisions allèrent à Vienne penser leurs
blessures : c’est ainsi que Dupont perdit l'occasion
d’assister à la victoire d’Austerlitz. La campagne
de 1806 retrouva la division Dupont sous
les ordres du maréchal Bernadotte. Après la défaite
d’léna, le prince Eugène de Wurtemberg
s’était porté sur Halle avec 18,000 hommes pour
recueillir les débris de l’armée prussienne. Dupont
fut chargé de détruire cette dernière ressource
de l’ennemi. Le prince de Wurtemberg
s’était posté derrière la ville, et on nie pouvait
arriver jusqu’à ui qu’en or t un ont ·
sur la Sms ! défenddl par uneçafdlrmiddiolîdgaxliüllorie.
Avec son entram ordinaire, Dupont culbute
les troupes qui défendent la tête du pont, ’
échappe par une incroyable rapidité de mouvement
aux terribles effets d’une décharge à bout
portant, entre dans ·la ville avec les Prussiens
qu’il y refoule et qu’il en chasse par Feutre extrémité.
Puis, sortant de Halle, il attaque avec
5, 000 hommes 42, 000 Prussiens retranehés sur
les hauteurs, et, secouru parla division Drouot,
rejette sur l’EIbelaréserve pruœienne ·déc.imée.
Deux jours après, Napoléon arrivait en personne
sur le terrain de ce brillant combat. ·Il jugea
d’un coup d’œil les immenses difficultés d’un
semblable coup de main et’prononça ce belélogedu
général vainqpenr : « ’eusse hésité àat-taquer
avec 60, 000 ommes » Dupontse fit encore
remarquer dans la campagne de Pologne. Plaeée
à Braunsberg sous les ordres du maréchal Bernadotte,
la division Dupont contribuait en juin
t807, à la forte occupation des cantonnements
immenses de l’armée ançaise entre la Passa
et la Basse Vistule. Le M, jour de la bataillerî:
Friedland, cette division formait, en avant de
Posthenen, ,la œte du corps de Bernadotte, temporairement
placé sous les ordres du général Victor.
Pendant que le maréchal Ney pénétrait à
travers les masses russes pour occuper les ponts
de Friodland et jeter l’enncmi dans l’Alle, Dupont
aperçoit une division d’infanterie prise entre
deux feux, la division Bisson qui commence
à faiblir : un désordre partiel peut amener
une défaite générale ; Dupont ne prend cong
seil que de son inspiration militaire. arri ve
avec ses soldats éprouvés au secours de la diviv
sion, arrète les Russes et permet aux soldats de «
Ney de se réformer. Les Russes sont refoulée
i vers ce gouffre qup le doigt de Napoléon avait.
marqué comme le but de la victoire. Leur
garde impériale tente un effort désespéré : elle
fond à la liaïonnette sur la division Dupont.
fl