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Barbier, Examen critique. Page 295, et d’après M. Quérard lui-même, France lütéraire. t. È, pag. 755. — lüumçons, avocat à Macon avant la révolution. fut du petit nombre des membres de cet ordre.qui ne s’en montrèrent pas partisans et vint à Paris vers la fin de 1790, pour réclamer la liberté du comte de Bussy, arrêté près de Villefranche. lfayant obtenue à force de zèle, il suivit ce gentilhomme à Turin, où il concourut à l’éducation des ducs d’Angouleme et de Berry. Revenu à Paris secrètement en 1795, François y fut employé auprès des commissaires du roi Brotier et Villeurnoy, et se rendit ensuite en Angleterre, d’où il revint avec une mission du comte d’Artois. Arreté par les agents de la police, il allait périr sur l’échafaud, lorsqu’il racheta sa vie par une somme considérable (200,000 franes) et l’engagement de servir la police. Il ne recouvra cependant pas la liberté et resta détenu au Temple jusqu’après le 18 brumaire. Fouché le fit alors sortir et l’employa dans son cabinet particulier à la rédaction du bulletin de chaque jour. François s’acquitta de ces fonctions à la satisfaction du ministre, et ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’il faisait parvenir les parties les plus importantes de ses bulletins à Louis XVIII en Angleterre, que ce prince lui en fit témoigner sa satisfaction, et qu’il l’accueillit parfaitement quand il lui fut présenté à son retour en 1814. François continua même à être employé dans les bureaux de la police. Lorsqu’il prit sa retraite en 1820, le roi lui fit une pension sur la liste civile ; mais M. Decazes lui en refusa une sur les fonds de son ministère, sous prétexte qu’il avait dévoilé les secrets de la police et que c’était un tort irrémissible, bien que ce fùt au profit du roi légitime. François est mort à Paris vers 1850. P-c—1* et P—nr.


FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU (Nicolas-Louis), fut un de ces hommes, très-nombreux parmi les contemporains, dont la vie politique et les travaux littéraires méritent également d’être remarqués. Il naquit à Saffais en Vosges, province de Lorraine, le 17 octobre 1750. Quoiqu’on ait publié qu’il était enfant de l’amour (1), la version la plus accréditée sur sa naissance, longtemps enveloppée des nuages, lui donne pour père un instituteur de village. Des gens riches et puissants étaient alors une providence pour les enfants de familles pauvres. Le jeune François ressentit de bonne heure les effets de la bienveillance toute particulière du bailli d’Alsace (d’Hénin-Liétard), qui habitait la ville de Neufchâteau. Élevé par les (l) L’auteur d’un Essai sur la vie et les écrits de François de Neufchâteau, entremêlé de quelques conseils qu’on lui donne sur son ministère, par un ermite de Seine-et-Marne (Dorat-Cubières), Paris, an 7, in-8°, dit au commencement de cet écrit biographique : « Des bruits ont couru que pour la naissance il a eu avec trois hommes célèbres, Surger, d’Alembert et Chamfort une ressemblance qui sous le règne des préjugés aurait pu lui faire tort, et qui ne peut que l'honorer depuis la révolution. J’ai employé tous mes efforts pour découvrir si ces bruits étaient fondés ou non, et n’ayant pu recueillir jusqu’à ce moment que des traditions vagues et incertaines, je suis encore dans le doute. »

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soins de ce seigneur, il fit des progrès si rapides dans ses études, que dès Page de douze ans il put adresser à son bienfaiteur un remercîment en vers et composer d’autres poésies qui lui mériterent l’honneur d’être reçu, à l’âge de treize ans, dans les Académies de Dijon, de Lyon, .de Marseille et de Nancy, faveur précoce dont il jouit en personne, sous les auspices de son protecteur. Uannée suivante on publia ses premiers opuscules, sous lo titre de Piéces fugilive : de M. François de Neujlzhdleau, en Lorraine, âgé de quatorze ans, Neufchâteau, 1766, in-8°. Ces poésies se ressentent de l’extrême jeunesse de l’auteur ; faibles d’invention et de coloris, elles se relevaient par les grâces de la diction. L’auteur adressa son recueil à Voltaire, qui en le remerciant dans le langage qui lui était le plus familier, celui des vers et des compliments, alla jusqu’à lui dire : Il faut bien que l’on me succède,

Et j’aime en vous mon héritier.

Peut-être le jeune adepte des Muses prit-il au Mrieux uné de ces hyperboles qui ne coútaient rien au malin vieillard, quand il voulait plaire et railler à la fois. Il ne reconnut sans doute plus pour son héritier celui qui, le jour de la cinquième représentation d’Irène (1778), lui demandait deux

billets en une longue supplique qui se terminait ainsi :

Mn muse à toi se recommande ; ›

Mais tout l“objet de ma demande

Sant deux billets pour ce soir.

Les premières œuvres de l’enfant -poëte n’avaient dû une partie de leur succès qu’à l’âge de l’auteur. Cet intérêt s’affaiblit lorsque deux années plus tard il mit au jour, en société avec M. de Maillí, les Poésie : diverse : de deux anis. 1768, in-8°. En 1770 il lut, à la distribution des prix du collége de St-Claude à Toul, une ode qui reçut de vifs applaudissements (1), et qui lui valut une chaire d’éloquence et de poésie que hl. Drouas, évêque de Toul, s’empressa de lui offrir. Mais il n’occupa que peu de temps ce poste. On l’accusa de déisme, d’ency¢ : lap¿di.rme. et le prélat se crut obligé de lut retirer sa confiance (2). Éloigné du professorat, François dut prendre un autre parti. L’Église et le barreau attiraient à eux les jeunes gens de mérite que leur naissance ou le défaut de fortune écartait des emplois réservés aux classes privilégiées. Il préféra le barreau, et se rendit i Paris pour suivre les cours de la faculté de droit, (1) Ode sur la distribution solennelle des prix du séminaire ÿucopnl de St-Claude, en forme de collège et de pensionnat. onde en 1769 par M. Drouin, évêque-conn de Toul, Toul, 0 ’ -4 cti -8°

177 in ° n.

(2), François de Neufchâteau commit la faute d’attirer quelques unnées après Psttention du public sur des faits qui s’étaient passés dans l’intérieur du séminaire, enTpubliant une Lellre à M. l’abb¿ Drome (frère de l’evêque de cul et vicaire génénl du diocèse) ù Poccfuíon dis bruits répandue contre le séminaire de Toul, Ilan-is 1714, in-8° de 66 pages. Ces bruits tendaient ù le faire considérer comme la csusc du dérangement qu’on svaitremsrque dans lseouduitedestlèvesdscettexuhon.