mignon d’Édouard II, roi d’Angleterre, tirée des chroniques de Thomas Walsingham, et tournée de latin en français, dédiée à monseigneur le duc d’Épernon, sans indication de lieu, 1588, in-8°. C’est une vive satire contre le duc d’Épernon.
GAVIN (Antoine), prêtre apostat`, né vers 1680 à
Saragosse, acheva ses études au collége ou à l’Académie
de Huesca, et, après avoir subi ses examens,
fut admis à l’état ecclésiastique. C’est, à ce qu’il
nous apprend lui-même, la conduite scandaleuse
de la plupart des moines espagnols qui lui fit
naître des doutes sur la vérité des dogmes particuliers
à l’Église romaine. Ne pouvant les éclaircir
en Espagne, comme il le désirait, il quitta Saragosse
déguisé en officier, et vint à Paris avec le
dessein de profiter de la première occasion pour
passer en Angleterre. Le P. Letellier, confesseur
de Louis XIV, jouissait alors d’une autorité presque
illimitée ; Gavin lui fut recommandé par quelques
personnes qu’il avait intéressées à son voyage,
sans les mettre toutefois dans sa confidence. Mais
le rusé jésuite, ayant conçu des soupçons, lui
refusa le passe-port qu’il demandait ; et Gavin
craignit, s’il était découvert, d’être mis à la Bastille :
il repartit donc avec précipitation. Arrivé à
St-Sébastien, il s’embarqua sur un vaisseau qui
mettait à la voile, et se rendit à Lisbonne, d’où il
gagna l’Angleterre. Le comte de Stanhope, qu’il
avait connu en Espagne, l’accueillit avec bienveillance
et le présenta à l’évêque de Londres, qui
reçut son abjuration en 1716, et, après lui avoir
conféré les ordres suivant le rite anglican, lui
donna l’autorisation de prêcher dans l’église espagnole.
Le premier sermon de Gavin ayant eu du succès, il le fit imprimer avec une dédicace à son généreux protecteur lord Stanhope. En 1720, il remplissait les fonctions de chapelain sur un bâtiment de l’État. Depuis il fut pourvu d’une cure en Irlande, et l’on peut conjecturer qu’il y mourut dans un âge encore peu avancé. Le seul ouvrage que l’on connaisse de lui est : le Passepartout de l’Église romaine, ou Histoire des tromperies des prêtres et des moines en Espagne, traduit en français par Janiçon, Londres, 1726 ou 1728, 3 vol. in-12. Le premier traite des abus de la confession auriculaire, des sacrements, de l’inquisition, des indulgences, etc. Le second renferme une histoire sommaire des papes et des divisions qui ont désolé l’Église, et le récit des diverses intrigues galantes attribuées à des prêtres ou à
des moines. Enfin, dans le troisième, l’auteur traite de la messe, de son origine et de ses diverses cérémonies, et donne un long catalogue de miracles apocryphes. Il promettait un quatrième volume qui sera, disait-il, un Passe-partout de l’Église romaine et de l’enfer. Gavin était devenu, comme on voit, un protestant fougueux et intolérant. Pour lui, le pape est l’antéchrist même, une abomination ; et il se montre si peu scrupules :
sur les sources où il va puiser ses anecdotes scandaleuses, qu’il en a tiré plusieurs des contes de Boccace et de la Fontaine. C’est par erreur que l’on a confondu cet ouvrage avec un autre du même genre intitulé Histoire des tromperies des prêtres et des moines de l’Église romaine, contenue en huit lettres écrites par un voyageur pour le bien du public ; la première édition de cet Ouvrage parut sous le voile de l’anonyme, Rotterdam, 1695, 2 vol. petit in-8° ; l’édition de 1708, annoncée comme la quatrième, porte le nom de l’auteur. Barbier, qui ne l’a point connue, en indique une de 1719, qui doit être au moins la cinquième. Gabriel d’Émiliane, ou l’écrivain qui s’est caché sous ce nom, était comme Gavin un prêtre apostat. Ainsi Barbier a mieux rencontré qu’il ne pensait en disant : « Il n’y a pas plus de ressemblance entre les deux ouvrages qu’entre les deux « auteurs » (Examen critique, p.466). Le prétendu d’Émiliane était moins violent que Gavin. C’est la seule différence que l’on remarque dans leurs ouvrages
évidemment composés dans le même but, non de corriger les abus qui se sont introduits dans l’Église romaine, mais d’en préparer et d’en amener la ruine.
GAVINIÉS (Prunus), né à Bordeaux le 26 mai
1726, d’autres disent le 11, parut à treize ans au
concert spirituel et réunit tous les suffrages par
la supériorité de son jeu sur le violon. Il fut en
effet l’un des virtuoses les plus parfaits qu’ait
produits la France. Son exécution était brillante
et rapide ; il lisait in livre ouvert et sans hésiter
toute espèce de musique. Les sons qu’il tirait de
son instrument étaient si beaux et si touchants,
que Viotti, après l’avoir entendu, n’hésita pas de
l’appeler le Tartini français. À l’expression la plus
pathétique dans Padagio, Gaviniés unissait un talent
totalement opposé, celui de broder et de
varier la musique qu’il exécutait, au point qu’on
l’a entendu jouer plusieurs fois de suite le même
concerto de manière à le rendre méconnaissable.
Tout Paris a connu sa fameuse romance, dont il
improvisait sur le violon les variations avec tant
d’art, qu’il arrachait des larmes à tous ses auditeurs.
Dans sa jeunesse une intrigue d’amour lui
fit quitter brusquement Paris ; il ut arrêté à quatre
lieues de la capitale et demeura un an en prison.
En 1794, le Conservatoire de musique le
nomma un des professeurs de violon de cet établissement.
Il en remplit les fonctions jusqu’à sa
mort, arrivée le 9 septembre 1800. On a de Gaviniés
un opéra en 5 actes, intitulé le Prétendu,
joué avec succès aux Italiens en 1760 ; des concerti,
des sonates et un recueil intitulé Les vingt-quatre matinées, dans le genre des Caprices de Locatelli[1]. Madame Pipelet (depuis madame de
- ↑ Gaviniès avait de la littérature ; il fut lié particulièrement avec J.-J. Rousseau. Nous tenons de feu l’abbé Roussier, intéressé à connaître la vérité du fait, que Gaviniès fut le véritable auteur de l’Examen sur la musique ancienne et moderne, de Laborde, publié sous le nom d’une dame, et dont on n’avait jamais connu l’auteur. On sait que Laborde fut un des détracteurs les plus acharnés de Rousseau. Le livre que nous venons d’indiquer, écrit avec une logique vigoureuse, a pour objet de venger le citoyen de Genève des injures du musicien français. Laborde se répondit en invectives nouvelles dans le Supplément à son Essai ; et la dame anonyme ou plutôt Gaviniés, si le fait est certain, réplique par un écrit intitulé : Mon dernier mot. Voyez les diverses éditions des Œuvres de Rousseau.