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jeune, et de l’avènement de son fils Jean Paléologue. Il était d’une naissance obscure ; mais son esprit remuant et fécond en ressources, ses talents et son ambition l’avaient fait monter aux premiers grades de l’État. Dés qu’Andronic eut fermé les yeux, Apocauque voulut persuader au grand domestique Cantacuzéne de s’emparer du trône ; mais cet homme vertueux, nommé à la régence, fit couronner à l’instant Jean, fils aîné d’Andronic. Dès lors Apocauque devint l’ennemi de Cantacuzène, et ne songea plus qu’à le perdre et à le supplanter, en l’accusant de projets ambitieux et en semant la discorde entre lui et l’impératrice Anne de Savoie, mère du jeune empereur. Cependant les troupes se déclarèrent pour le grand domestique, et leur fureur pensa devenir fatale au fourbe Apocauque, que Cantacuzène eut la générosité de sauver, et qui n’en fut que plus acharné à sa perte. Le régent s’étant rendu en Asie pour défendre l’empire menacé par ses nombreux ennemis, Apocauque profita de cette absence pour conspirer contre son rival ; il forma le projet de l’assassiner et d’enlever l’empereur, qu’il voulait retenir prisonnier dans la tour d’Épibate, bâtie par ses soins près de Constantinople ; mais il fut bientôt forcé, par la découverte de la conjuration, de s’y enfermer lui-même. Apocauque, audacieux dans les revers, voulut encore dicter des lois du fond d’une retraite qu’il croyait inaccessible. L’impératrice le menaça de déployer contre lui la rigueur des lois ; Cantacuzène lui offrit de sages conseils et une médiation généreuse. Apocauque ne changea ni de sentiments, ni de ton, ni de résolution. On fut forcé de faire investir la tour, et Cantacuzéne, ardent à sauver cet homme dangereux, vint le trouver lui-même avec confiance, parvint à opérer une réconciliation, et obtint d’Apocauque quelques marques de soumission envers l’impératrice. Aussitôt qu’Apocauque fut en liberté, il en profita pour ourdir de nouvelles intrigues, dans lesquelles il entraîna le patriarche et les principaux officiers de la cour. Tous se réunirent pour dénoncer Cantacuzène à l’impératrice, qui rejeta d’abord cette accusation, mais qui finit par entreprendre une guerre ouverte contre le régent, qu’elle déclara déchu de cette dignité. Apocauque triomphait ; Cantacuzène, redoutent les malheurs d’une guerre civile, demanda des juges, et offrit de se remettre entre les mains de l’impératrice. Les prières de ses amis l’en détournèrent et le déterminèrent enfin à se faire associer à l’empire. Les villes et les provinces applaudirent à son élévation ; mais Apocauque, maître dans Constantinople, agitait les brandons de la discorde ; il fit traiter avec indignité des ambassadeurs que le nouvel empereur avait envoyés pour tenter un accommodement, et causa, par sa dureté et par les chagrins et les inquiétudes qu’il lui donna, la mort de la mère de Cantacuzène. Du reste, il se fit nommer grand-duc. La chance fut d’abord contraire à Cantacuzène ; Apocauque publia avec arrogance la défaite de son rival et sa retraite dans un cloître ; mais, après de longues variations de fortune, Cantacuzène, que les ennemis de l’empire, les Serviens, les Bulgares et les Turcs, servaient et abandonnaient alternativement, grâce aux intrigues d’Apocauque, se vit enfin en état de menacer Constantinople. Apocauque chercha à le faire assassiner par un prisonnier nommé Alusien, qui ne put exécuter ce projet ; cependant de nouveaux embarras et des guerres sans cesse renaissantes occupaient encore Cantacuzéne, contre lequel Apocauque multipliait ses calomnies et ses complots. Ce factieux remplissait les prisons de Constantinople, et, comme elles ne se trouvaient plus assez grandes, il en fit construire une plus vaste dont il pressait lui-même les travaux. Un jour qu’il les visitait, des prisonniers, saisis d’indignation à sa vue, formèrent tout à coup le projet d’en délivrer l’empire ; l’un d’eux, nommé Raoul, brisa ses fers et s’élança sur Apocauque, qui se défendit d’abord ; mais les autres prisonniers accoururent et l’assommèrent avec les outils des ouvriers qui bâtissaient la prison. On fit mille insultes à son cadavre ; mais sa mort fut cruellement vengée. L’impératrice, l’ayant apprise, fit entourer la prison, et permit à la veuve d’Apocauque de punir elle-même les coupables. Cette femme furieuse rassembla des matelots, leur distribua des largesses, les enivra de liqueurs fortes, et les conduisit à la prison, où elle leur ordonna le plus affreux massacre. Nicéphore Grégoras, témoin oculaire, en a fait un récit effrayant. La mort d’Apocauque arriva le 11 juin 1345. L-S-e.


APOLLINAIRE (Saint), évêque d’Hiéraple, en Phrygie, se rendit célèbre, dans le 2e siècle de l’Église, par de savants traités contre les hérétiques de son temps, où il s’attachait à montrer la source de leurs erreurs dans les anciennes sectes des philosophes ; par cinq livres contre les païens, deux contre les juifs, deux sur la vérité, contre Julien, où il combattait, par la raison seule, les fausses idées du paganisme sur la divinité ; par des commentaires sur plusieurs livres de l’Ancien Testament, dont on trouve des extraits dans les recueils intitulés : Catenæ Patrum. Apollinaire adressa vers l’an 177, à l’empereur Marc-Aurèle, une éloquente apologie pour les chrétiens. Elle produisit, du moins en partie, l’effet qu’on devait en attendre. Cette apologie était remarquable, en ce qu’il y prenait Marc-Aurèle lui-même à témoin du miracle opéré sous ses yeux, par les prières de la légion mélitine, toute composée de chrétiens, et auquel il avait du le salut de son armée, dans la guerre contre les Quades. On ignore l’époque de la mort de St. Apollinaire, qui dut arriver sous le règne de Marc-Aurèle. Il ne nous reste aucun de ses écrits ; mais Photius, qui les avait lus, en fait un grand éloge. T-d.


APOLLINAIRE l’Ancien, professa d’abord la rhétorique à Béryte, puis à Laodicée. Sa femme étant morte dans cette dernière ville, il y reçut l’ordre de prêtrise. Lorsque Julien eut défendu aux chrétiens l’étude des belles-lettres, Apollinaire composa, avec son fils, dont il sera question dans l’article suivant, plusieurs ouvrages en prose et en vers, pour remplacer les auteurs profanes : 1° une grammaire ou une rhétorique, dont les exemples, imités des plus beaux endroits des orateurs et des poètes païens, étaient présentés dans un sens conforme aux pré-