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cette partie de son ouvrage, jusqu’aux moindres particularités ; son récit est simple et sans ornement ; mais il porte tellement l’empreinte de la vérité, qu’on croit être témoin des événements qu’il raconte. Ses chapitres sur les prescriptions de Marius et de Sylla, sur celles des triumvirs, seront toujours une lecture attachante pour ceux qui ont eu le malheur d’étudier le cœur humain à l’école des révolutions. Montesquieu a beaucoup profité de la lecture d’Appien ; à l’aide du récit de l’historien, il peint à grands traits la corruption des Romains ; mais le simple et véridique Appien la décrit peut-être d’une manière plus énergique ; car, après avoir énuméré tous les crimes qu’enfantent l’ambition et l’avarice, il consacre un chapitre aux vertus qui se montraient au milieu du désordre général, et, dans ce chapitre, il ne trouve à louer que la conduite des femmes et des esclaves. Il ne nous reste que des extraits de ses 5 premiers livres, contenant l’histoire des Romains sous leurs rois, de leurs guerres en Italie, de celles des Samnites, de celles des Gaulois (dont nous n’avons qu’un abrégé très-succinct), et de celles de la Sicile et des îles. Les 5 livres suivants, qui contiennent les guerres d’Espagne, celle d’Annibal et les Puniques, nous sont restés ; nous avons cependant perdu la seconde partie des Puniques, qui contenait les guerres de la Numidie. Il nous reste des extraits du 9e sur les guerres de Macédoine. Le 10e, sur les guerres de la Grèce et de l’Ionie, est entièrement perdu. Il ne nous reste que la première partie du 11e livre, qui contenait les Syriaques et les Parthiques. Ce que nous en avons en effet sous le nom d’Appius, sur la guerre des Parthes, n’est point de lui. C’est tout simplement un extrait des vies de Crassus et de Marc Antoine, de Plutarque. Le 12e livre, sur les guerres de Mithridate, est entier. Les livres 15e et 14e contiennent l’histoire des guerres civiles jusqu’à la mort de Sextus Pompée, et sont entiers. Il ne nous reste rien des cinq suivants, qui contenaient la suite des guerres civiles, et l’histoire de l’empire romain sous les empereurs pendant cent ans. Le 23e, sur les guerres d’Illyrie, nous reste. Le 24e, sur les guerres d’Arabie, est entièrement perdu. La première édition grecque d’Appien a paru à Paris chez Charles Estienne, 1551, in-fol. Il y manque les guerres d’Annibal, et les Puniques qu’Henri Estienne publia pour la première fois en 1557, in-8o, et les guerres d’Illyrie, publiées par D. Hœschelius, Augsbourg,1599, in-4o. Ce dernier livre manque aussi dans l’éd. gr. et latine donnée par Henri Estienne, 1592, in-fol., et dans celle qui a été donnée par Alex. Tollius, Amsterdam, 1670, 2 vol. in-8o. Les extraits qui nous restent des livres perdus sont tirés des Excerpta de legationibus, publiés par Fulvius Ursinus, Anvers, 1582, in-4o, et des Excerpta de virtutibus et vitiis, publiés par Henri de Valois, Paris, 1634, in-4o. Tous ces extraits se trouvent réunis dans l’excellente édition d’Appien que Schweigbæuser a donnée à Leipsick, 1785, 3 vol. in-8o, grec et latin. l’histoire d’Appien a été traduite en allemand par Seybold, 1793 ; en français, par Claude Seyssel, Lyon, in-fol., 1544 ; par Odet-Desmarres, Paris, in-fol. 1659. Les 5 livres des guerres civiles ont été traduits séparément par M. Combes-Dounous, Paris, 1808, 5 vol. in-8o. M-d.


APPIET, dit HANZELET (Jean). Voyez Hanzelet.


APPIUS CLAUDIUS, chef de la famille Claudia, l’une des plus illustres de Rome, et surtout remarquable par une opposition constante aux plébéiens. L’an 250 de Rome (504 avant J.-C.), Appius Claudius vint s’établir à Rome. Il était né chez les Sabins, de parents distingués, et s’appelait alors Actius Clausus. Il s’était opposé aux préparatifs de guerre que ses compatriotes faisaient contre les Romains, et, n’ayant pu les déterminer à prendre un parti pacifique, il avait renoncé pour toujours a eux, emmenant avec lui, dans sa patrie adoptive, 5,000 familles qui lui étaient attachées par les liens du sang ou par ceux de la dépendance. On reçut avec joie cet accroissement de population. Appius fut classé dans l’ordre des patriciens, et admis au nombre des sénateurs. On lui donna vingt-cinq acres de terre, et chacun de ceux qui étaient venus avec lui en eut deux, avec tous les privilèges des citoyens romains. Dans la neuvième année de son séjour à Rome, il fut nommé consul. Le sénat voulait l’opposer au peuple qui murmurait, surtout à causes des rigueurs exercées contre les débiteurs. l’inflexible Appius soutint que tout adoucissement aux volontés de la loi était une injustice envers les créanciers. Lorsqu’il fallut marcher contre les Volsques, empressés de profiter des circonstances, aucun citoyen ne s’enrôla. Servilius, collègue d’Appius, ne put, malgré sa popularité, mener contre l’ennemi qu’un petit nombre de soldats. Ils lui suffirent cependant pour vaincre ; mais, à l’intérieur, Rome n’en fut pas plus paisible. La vue d’un vieillard qui s’était trouvé à vingt-huit batailles, et qui, chargé de fers, montra au peuple ses cicatrices et les marques récentes des verges dont on l’avait frappé, mit les citoyens en fureur ; Appius fut contraint de se réfugier dans sa maison ; mais il se montra de nouveau dans le sénat, et soutint que toute faiblesse serait une source de troubles. Sur ces entrefaites, les Volsques tirent une nouvelle irruption, plus redoutable que la première, et Servilius obtint enfin que le peuple combattrait sous ses ordres. Il remporta une victoire complète, et, pendant ce temps, Appius, resté à Rome, fit trancher la tête à trois cents otages donnés par les Volsques. Lorsque son collègue revint, et demanda les honneurs du triomphe, Appius engagea le sénat à les lui refuser, sous prétexte que Servilius s’était montré trop complaisant et trop libéral envers les soldats, ce qui fut cause que Servilius donna un exemple de mépris pour les lois et le premier corps de l’État, qui, dans la suite, ne fut que trop suivi. Il se décerna lui-même les honneurs du triomphe, et marcha au Capitole, aux acclamations du peuple et de l’armée. Appius, invariable dans sa conduite, ne vit pas plutôt cette guerre terminée, que, malgré les assurances données au peuple par Servilius, il ordonna qu’on livrât de nouveau à leurs créanciers ceux qui avaient été mis en liberté pour marcher contre l’ennemi. Lorsque, dans la suite, le