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hérétique par l’université de Paris, il s’enfuit en Sicile, où il fut accueilli par Frédéric d’Aragon, et par Robert, roi de Naples : le premier lui confia même des missions diplomatiques. Le pape Clément V, étant tombé malade à Avignon, réclama les soins d’Arnaud, qui revint pour le soigner ; mais, dans la traversée, le vaisseau qui le portait fit naufrage ; et Arnaud périt à l’âge de 76 ans, en 1314, et fut enterré à Gènes. Le pape fut tellement affligé de sa mort, qu’il ordonna, sous peine d’excommunication, qu’on lui remit fidèlement un traité de Praxi medica, que lui avait promis le docteur. Les divers traités d’Arnaud se ressentent généralement, pour le fond et pour le style, du temps où il écrivait ; ils sont courts, et paraissent être plutôt des mémoires, des consultations que des traités dogmatiques. Parmi ses ouvrages, nous citerons son commentaire sur l’école de Salerne, Scholæ Salernitanæ Opusculum, qu’il fit pendant sa retraite en Sicile ; un traité de conservanda Juventute et de regardante Senectute, qu’il dédia au roi Robert. Sans doute beaucoup des ouvrages qui lui sont attribués ne lui appartiennent pas ; car ce fut une pratique constante des alchimistes de mettre sous le nom de ceux qui avaient illustré leur secte un grand nombre de productions, afin de les faire passer à la faveur de ce nom célèbre : aussi plusieurs de ses œuvres véritables lui ont peut-être été dérobées. Il fut ridiculement accusé de magie, et Mariana va jusqu’à lui reprocher d’avoir essayé de former un homme avec de la semence, mêlée dans une citrouille à de certaines drogues ; ce bizarre essai ne supposerait tout au plus que la marche fausse d’un esprit bouillant et avide de connaissances ; du reste, c’était le reproche banal fait à tous les génies extraordinaires de ces temps de ténèbres. La condamnation qu’avaient portée contre Arnaud les théologiens de Paris, suspendue par la protection du pape Clément V, fut renouvelée, trois ans après la mort de ce pontife, par l’inquisiteur de Tarragone, et quinze des propositions de notre docteur furent censurées. Toutes les œuvres d’Arnaud ont été réunies en un volume. La première édition parut à Lyon en 1504, in-fol., avec une préface de Thomas Murchius. Il en a paru ensuite plusieurs du même format, Paris, 1509 ; Venise, 1514 ; Lyon, 1520, avec la vie d’Arnaud, par Symphorien Champier ; et à Bâle en 1515, 2 vol., avec quelques annotations de Jérôme Taurellus, de Montbelliard. Haitze, sous les noms de Pierre Joseph, a donné la Vie d’Arnaud, Aix, 1719, in-12. C. et A-n.


ARNAUD (George d’) naquit à Franecker, le 16 septembre 1711. Il appartenait à une famille de réfugiés français. Son grand-père, Antoine d’Arnaud, avait exercé les fonctions d’avocat au siége de Puy-Laurens, et son aïeul maternel, Philippe Couppé, celles de professeur de théologie à St-Hilaire, dans le diocèse de Poitiers. Honoré d’Arnaud, son père, fut élu, en 1728, pasteur de l’église française de Franecker, et parvint à une extrême vieillesse : il vivait encore en 1763. George d’Arnaud publia, à l’âge de douze ans, des vers latins et grecs, où l’on remarqua de élégance et de l’harmonie. Après ce brillant début, il entra à l’université de Franecker, et y reçut les leçons de Wesseling et de Hemsterhuis. Encouragé par ce dernier, il mit au jour, en 1728 : Specimen animadv. criticarum ad aliquot scriptores græcos, etc., in-8o, Harling. Ces auteurs sont : Anacréon, Callimaque, Eschyle, Hérodote, Xénophon, et le grammairien Héphestion. Deux ans après, il fit paraître un nouveau volume de critique : Lectionum græcarum libri duo, etc., in-8o, la Haye, 1730. D’Arnaud s’y occupe principalement d’Hesychius, d’Aratus, de Théon, d’Appien et d’Apollonius de Rhodes. En 1732, il donna une savante dissertation : de Diis παρέδροις, sive adsessoribus et conjunctis, in-8o, la Haye. Vers ce temps, il fit un voyage à Leyde, pour recueillir dans la riche bibliothèque de cette ville les matériaux d’une édition de Sophocle, qu’il avait projetée, mais qu’il ne donna pas. Revenu à Franecker, d’Arnaud, par les conseils de Hemsterhuis, se livra à l’étude de la jurisprudence : il eût préféré le ministère ecclésiastique, si la faiblesse de sa poitrine ne lui eut pas interdit les travaux de la prédication. Abr. Wieling fut son professeur de droit, et lui fit soutenir, sous sa présidence (le 9 octobre 1734), une thèse : de Jura servorum apud Romanos. Le jeune candidat montra dans cet acte tant de talent et d’érudition, qu’au mois de juin de l’année suivante il fut créé lecteur en droit. Ses deux livres de conjectures diverses (Variarum conjecturarum libri duo) virent le jour à Franecker en 1738, in-4o. Il y traite de plusieurs questions de droit civil, et explique ou corrige un grand nombre de passages pris dans les livres de jurisprudence et de littérature. Ce volume fut réimprimé à Leuwarde en 1711, in-4o ; et on joignit à cette seconde édition la dissertation : de Jura servorum, et une autre thèse dont il avait été président, le 17 juin 1739 : de iis qui pretii participandi caussa semet venundari patiuntur. Cette même année 1739, Abr. Wieling quitta l’université de Franecker pour celle de Leyde, et sa chaire fut donnée à d’Arnaud ; mais il mourut avant d’avoir pris possession, le 1er juin 1740, n’ayant pas encore 29 ans accomplis. Dans les vol. 4, 5 et 6 des Miscellaneæ Observat.. d’Amsterdam, il y a quelques morceaux de lui, signés des initiales G. D. A. Il avait laissé, manuscrite, une dissertation sur la famille des Scevola (Vitæ Scævolarum) ; elle a été publiée par H.-J. Arntzenius, à Utrecht, 1767, in-8o. On sait encore qu’il avait eu le projet de donner une nouvelle édition de la paraphrase grecque de Théophile. Son oraison funèbre fut prononcée par Hemsterhuis ; elle se trouve dans le recueil intitulé : Tiberii Hemsterhusii et L.-C. Valckenarii Orationes, Leyde, 1784, in-8o. B-ss.


ARNAUD DE RONSIL (George), habile chirurgien français, après avoir enseigné dans l’école de St-Côme, à Paris, se retira à Londres, où il jouit d’une grande réputation, et où il est mort le 21 février 1774. Ses ouvrages ont de la clarté et de la profondeur. En voici la liste : 1° Traité des hernies ou descentes, 1749, 2 vol. in-12, en anglais ; 1754, in-8o ; 2° Observations sur l’anévrisme, 1760, in-8o, qui parut aussi préalablement en anglais ; 3° Instructions simples et aisée : sur les maladies de l’urètre et de la