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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/276

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ARN

la plupart des morceaux qui le composent. — Arnim a publié depuis : 1° Passe-temps de la solitude, contes et poésies, Heidelberg, 1808, in-4o, intitulé aussi : Journal des solitaires. 2° Le Jardin d’hiver, nouvelles, Berlin, 1809, in-8o. 3° Nuit de fête, cantate, Berlin, 1810, in-8o. 4° Pauvreté, richesse, faute et pénitence de la comtesse Dolores, histoire véritable, etc., Berlin, 1810, 2 vol. in-8o. 5° Halle et Jérusalem, farces d’étudiants et aventures de pèlerins, roman dramatique en 3 actes, Heidelberg, 1811. 6° Isabelle d’Égypte, premier amour de jeunesse de Charles-Quint, conte, Berlin, 1812, in-8o. Le même volume contient : Meluck, la devineresse d’Arabie, anecdote ; les Trois Sœurs charitables et l’Heureux Teinturier, peinture de mœurs ; Angélique la Génoise et Cosme le danseur de corde, nouvelle. 7° Théâtre, ibid., 1813, in-8o, 1er vol. 8° Les Gardes de la couronne, ibid., 1817, reproduit sous ce titre : Vie de Berthold I et II, roman. 9° Les Egaux (die Gieichen), pièce de théâtre en 6 actes, ibid., 1819, grand in-8o. 10° Séjour à la campagne (Landhausleben), contes, Leipsick, 1826, in-8o, 1er vol., le seul qui ait été publié. Il renferme trois nouvelles en prose, un conte en vers, l’Encan de Rembrandt, et une tragédie, Marino Caboga, écrite en prose, et dont le tremblement de terre de Raguse, en 1667, a fourni le sujet. Cette pièce n’a point été destinée à la scène ; mais on la lit avec intérêt. Quelques coupures, quelques modifications légères suffiraient probablement pour qu’on la vit représentée avec non moins de plaisir. — Arnim a montré, dans tous ces ouvrages, un talent que ses qualités et ses défauts rendent également remarquable, mais dont il est difficile de donner en peu de mots une idée suffisante. Son imagination est d’une fécondité inépuisable, mais sans mesure, sans goût, et d’une bizarrerie qui parait avoir nui au succès de la plupart de ses productions. Il a beaucoup d’esprit, de gaieté, une observation fine et judicieuse ; mais ce qu’il pourrait avoir de verve et de feu est noyé dans une prolixité fatigante ; il s’abandonne trop à sa facilité pour inventer et pour écrire. Les contes de revenants, les histoires d’apparitions, de démons, de sorcières, ce mélange qui s’est fait, dans l’imagination des peuples du Nord, des mystères du christianisme et des superstitions du moyen âge avec les antiques croyances mythologiques des Scandinaves et des Germains : tel est le sujet de la plupart de ses romans ; mais il a trouvé le moyen d’innover dans ces inventions, qui semblaient épuisées, et de se distinguer au milieu de tous les autres écrivains de la même école. Une des ressources dont il s’est servi pour produire des effets neufs et originaux, c’est d’entremêler les êtres fantastiques les plus follement imaginés avec les personnages les plus vulgaires de notre société. Ainsi, après avoir formé, par le moyen de quelques abominables procédés magiques dont l’imagination d’Arnim a seule eu le secret, un personnage qui n’a d’humain, dans la forme et dans la pensée, que ce qui lui est strictement indispensable pour vivre sur cette terre, il se complait à le promener bourgeoisement par les tavernes, les tables d’hôte et les diligences de Saxe ou de Wurtemberg. Ce mélange de tout ce qui se peut concevoir de plus monstrueux avec des scènes de grotesques bourgeois est la réunion des deux genres dans lesquels excelle l’imagination allemande : il explique la disparate par laquelle on a pu citer Arnim au nombre des romanciers fantastiques, tout en louant la vérité comique des peintures de mœurs dont il a semé ses romans. Son style est ingénieux, spirituel, quelquefois animé et semé de traits heureux ; mais on pourrait lui reprocher l’abus de termes recherchés, d’expressions nouvelles, d’alliances de mots, de périodes contournées, qui le rendent obscur, diffus, pénible a lire. En somme, on ne saurait garantit que les productions de la plume d"Arnim lui survivront longtemps, et le recueil des chants populaires d’Allemagne parait être son titre le plus durable, sinon même le seul durable, dans l’avenir. L’extrême bizarrerie qu’il a recherchée a restreint, ainsi que nous l’avons dit, sa popularité, et le genre de sujets qu’il a choisi commence à perdre beaucoup de sa vogue. Mais il est, sans contredit, après Jean-Paul, un des auteurs dans lesquels le caractère littéraire allemand est le plus complétement et le plus nettement représenté ; et ce caractère, dans ses qualités comme dans ses défauts, est de tout point si différent de l’esprit des peuples classiques, qu’il doit être pour les gens de lettres nourris de cet esprit en France, en Italie, en Angleterre, un objet de curiosité et d’étude. S’il peut leur être donné de raviver encore les sources de leur inspiration, ils ne sauraient nulle part puiser avec plus d’abondance ; et le philosophe même, qui ne tiendrait compte que des littératures de l’Europe méridionale, serait loin d’avoir une idée suffisante de l’étendue des développements dont l’esprit humain est susceptible. Arnim a publié, avec une préface, la traduction, par W. Muller, de la tragédie du Docteur Faust de Ch. Marlowe, 181, in-8o. Il a rédigé pendant quelques mois, vers 1810, le Correspondant prussien. — Il a d’ailleurs coopéré à la rédaction de beaucoup de journaux ; nous pouvons citer l’Annuaire littéraire d’Heidelberg, que publiait Jean-Paul ; la Vesta de Schrœetter ; le Phœbus de H. Kleist et Ad.-H. Muller ; les Analectes de F.-A. Wolff ; l’Isis de M. Olsen ; l’Europa de M. Schlégel, et le Morgenblatt. — Arnim vivait simplement, dégagé de toute fonction publique, et livré aux soins de l’éducation d’une famille nombreuse, à Berlin et dans ses terres, à quelque distance de cette capitale. Il y est mort le 21 janvier 1831. F-ll.


ARNISŒUS (Henningus), né aux environs d’Halberstadt, dans la Basse-Saxe, étudia la médecine, et voyagea en France et en Angleterre pour se perfectionner dans cette science. Il l’enseigna ensuite avec beaucoup de réputation à Francfort-sur-l’Oder, et à Helmstadt, au duché de Brunswick. Arnisœus, pour suppléer à ce qui manquait a cette dernière université, y fit bâtir, a ses frais, un laboratoire de chimie, et y créa un jardin botanique. Pour remplacer les dissections anatomiques, qui ne s’y faisaient que très-rarement, il avait exécuté, par ordre du duc de Brunswick, vingt-cinq planches représentant les