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à la révolution du 48 brumaire, et fut un des membres chargés de rédiger une nouvelle constitution. Il présenta, le 27 décembre 1799, un long rapport sur les moyens de relever le crédit public, annonçant que sa renaissance était un des effets assurés de la révolution qui venait de s’opérer. Son zèle lui valut une place dans le tribunat. On croit qu’Arnould eut alors la prétention de devenir ministre des finances ; mais il ne put y réussir, quel que fut son dévouement à Bonaparte. Ce fut lui qui, d’accord avec celui-ci, proposa à cette époque de donner à Sièyes la terre de Crosne pour récompense des services rendus à la république par ce député. Arnould se montra encore en 1804 un des premiers et des plus ardents à mettre sur le front de Bonaparte la couronne impériale, et dans la discussion qui eut lieu sur cet important objet, il combattit Carnot avec beaucoup d’aigreur ; il se permit même, dans la discussion, des personnalités inconvenantes contre son collègue. Après la suppression du tribunat, Arnould fut nommé maître des comptes, officier de la Légion d’honneur, puis conseiller d’État ; et il continua à jouir de toute la faveur impériale jusqu’à sa mort, qui eut lieu en 1812. On a encore de lui : 1° Répartition de la contribution foncière, ou division, en huit classes fondamentales, des quatre-vingt-trois départements, Paris, 1791, in-8o ; 2° Point de terrorisme contre les assignats, Paris, 1794, in-8o ; 3° Mémoires sur différents sujets relatifs à la marine, Paris, 1799, 2 vol. in-8o ; 4° Résultats des guerres, des négociations et des traités qui ont précédé et suivi la coalition contre la France, pour servir de supplément au droit public de l’Europe, par Mably. Paris, 1803, in-8o ; 5° Histoire générale des finances depuis le commencement de la monarchie, pour servir d’introduction au budget annuel, Paris, 1806, in-4o. Arnould fit hommage de cet ouvrage au corps législatif, dans la séance du 10 mars 1806. M-d j.


ARNOULT (Jean-Baptiste), ex-jésuite, né en 1689, et mort à Besancon en 1753, a composé quelques ouvrages assez singuliers. Le premier est un recueil de proverbes français, italiens et espagnols, intitulé : Traité de la prudence, petit ouvrage assez rare (Besancon), 1733, in-12. L’auteur se cacha sous le nom d’Antoine Dumont, pour éviter les désagréments que n’auraient pas manqué de lui attirer les plaisanteries qu’il s’était permises contre les jansénistes, puissants à cette époque. Il publia, en 1738, sous le même nom, en latin, un traité de la grâce. Son ouvrage le plus considérable est intitulé : le Précepteur, c’est-à-dire huit traités, savoir : une Grammaire française ; une Ortografe françèse ; les Éléments de l’arithmétique ; un Abrégé de la Cronologie, de la Géografie ; les Éléments de la religion chrétienne, et l’Art de se sanctifier, 2250 (Besancon, 1747), in-›4°. Suivant Sabatier, cet ouvrage est mal écrit, mais il contient des réflexions utiles. L’abbé Arnoult attachait beaucoup d’importance à ses idées sur la réforme de notre orthographe ; et il, se proposait de les appliquer dans des éditions qu’il préparait des dictionnaires français-latin, et latin-français, de Joubert et Danet. Ce projet n’a pas eu de suite. W-s.


ARNOULT (Charles), né au village de Bèze en Bourgogne, vers 1750, était avocat au parlement de Dijon et conseiller des états de la province, lorsqu’il fut nommé député du tiers état de Bourgogne aux états généraux en 1789. Il vota dans cette assemblée avec la majorité et dans le sens de la révolution. Sa première proposition fut pour la suppression des dîmes, et la seconde pour que la branche des Bourbons d’Espagne fut déclarée inadmissible au trône de France. Il se plaignit ensuite de l’exportation des grains, et proposa, pour l’empêcher, de supprimer la communion des subsistances, afin de faire peser sur le ministère une plus grande responsabilité. Dans la séance du 24 juin 1790, à la suite d’un long rapport, il fit décréter qu’un tribunal provisoire serait établi à Dijon, pour remplacer le parlement, qu’il représente comme entièrement désorganisé par l’émigration d’une partie des juges et la mauvaise volonté des autres. Après la session, Arnoult se retira dans sa province, où il reprit ses anciens travaux, et mourut en 1793. On a de lui : 1° Collection des décrets des assemblées nationale, constituante et législative, 1792, 7 vol. in-4o ; 2° Collection des décrets de l’assemblée constituante, Dijon, 1792, in-8o. Z.


ARNOUX (Jean), né à Riom, dans la Basse-Auvergne, vers le milieu du 10e siècle, entra dans la compagnie de Jésus à l’âge de dix-sept ans et y professa successivement les humanités, la philosophie et la théologie. Il prêcha à la cour avec succès, devint en 1617 confesseur de Louis XIII, à la mort du célèbre P. Cotton. Grégoire, qui n’était pas l’ami des jésuites et qui ne l’était pas davantage des confesseurs des rois, avoue néanmoins que le P. Arnoux avait des qualités louables, et qu’on doit lui tenir compte de ses efforts pour réconcilier Louis XIII avec Marie de Médicis, sa mère[1]. En effet, l’abbé Archon rapporte qu’à l’époque où leur division était le plus éclatante, Arnoux avait en le courage, en chaire, de rappeler au roi que le trône ne le dispensait pas d’honorer celle qui l’avait mis au monde[2]. Éloigné de son emploi, en 1621, par la jalousie du connétable de Luynes, Arnoux, après beaucoup d’intrigues pour se maintenir, fut contraint de se retirer à Toulouse, ou on le considéra toujours comme un religieux édifiant, savant et éloquent[3]. L’année qui suivit sa disgrâce, il fit un voyage à Rome avec le jeune Amable de Bourzéis (voy. ce nom), et y séjourna quelque temps. Le duc de Montmorenci, qui fut décapité le 30 octobre 1632, le choisit pour se préparer à la mort, et le roi le lui accorda par l’intercession du cardinal de la Valette. Sur la fin de ses jours, Arnoux, suivant l’abbé Faydit, se croyait métamorphosé en coq ; il chantait comme les coqs, s’efforçait de voltiger, de s’élancer sur des perches

  1. Histoire des confesseurs des rois et les princes. p. 334.
  2. Histoire de la chapelle des rois de France, t. 2. p.733.
  3. Historia prostratæ a Ludovico XIII sectariorurn in Gallia rebellionis, p. 474.