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les leçons de Boerhaave. Ce savant, juste appréciateur du mérite, en leur procurant une existence honorable, leur fournit les moyens de développer leur génie. Il les plaça auprès de deux riches amateurs d’histoire naturelle, Linné chez Clifford, et Artedi chez le naturaliste Seba. Celui-ci avait employé une immense fortune à composer un cabinet d’histoire naturelle, le plus riche qu’on eût encore vu. Il en faisait imprimer alors la description avec de très-belles planches. (Voy. Seba.) Artedi s’engagea à concourir à ce magnifique travail ; de plus il profita de la position on il se trouvait pour composer une histoire des poissons, mais il ne put la faire paraître lui-même, car un accident terrible vint terminer sa carrière au moment où il donnait les plus grandes espérances. Artedi, sortant un soir de chez Seba, tomba dans un des canaux d’Amsterdam et s’y noya. Ce fut en 1735 ; il n’avait que 30 ans. On peut juger de la douleur qu’éprouva Linné ; mais il ne s’en laissa point abattre, et songea tout de suite à élever un monument à la mémoire de son ami : ce fut en faisant imprimer le traité des poissons qu’il avait laissé, sous le titre d’Ichthyologia, Lugd. Batav., 1738, in-8o, avec une vie d’Artedi par Linné, en latin. Cet ouvrage, plein de ces vues savantes qui ont illustré depuis Linné, est écrit dans la manière concise de ce grand naturaliste. Il est divisé en 5 parties, dont la 1re est la Bibliothèque ichtyologique ; la 2°, la Philosophie ichtyologique ; la 3°, la Description des genres ; la 4°, la Synonymie ; la 5°, la Description des espèces. C’était l’ouvrage le plus complet qui eût encore paru sur cette partie. On admire le plan, l’ordre et le goût avec lesquels l’auteur a su réunir et distribuer une si grande variété de connaissances. C’est un modèle à suivre, pour faire l’histoire complète et détaillée des êtres. Ce chef-d’œuvre n’a point encore été surpassé, et s’il a perdu de son utilité, c’est que le grand nombre d’espèces qui ont été observées depuis dans les diverses parties du monde ont nécessité de grands changements dans cette branche de la zoologie. Il en a paru une nouvelle édition, corrigée et augmentée, sous ce titre : Petri Artedi Ichthyologia, nova editio, emendata et aucta a Joanne Julio Walbaum, Grypswaldœ, 1788, in-4o. Jean Gottlob Schneider a aussi donné une nouvelle édition d’une partie de cet ouvrage, également corrigée et augmentée, avec trois planches ; elle est intitulée : Petri Artedi Synonymia piscium, etc., Lipsiœ, 1789, in-4o, tab. æneæ 3. Le seul reproche qu’on ait fait à Artedi, c’est d’avoir compris les cétacés parmi les poissons ; mais il n’a fait en cela que suivre l’opinion des auteurs qui l’avaient précédé ; c’était une erreur consacrée : ce n’était pas encore lui qui devait la faire disparaître. Artedi s’était occupé d’abord de la botanique, et il avait fait une étude particulière de la famille des ombellifères ; mais comme les tentatives que l’on avait faites jusqu’alors pour les ranger méthodiquement, ou pour établir leur genre d’après leurs fleurs et leurs graines, avaient présenté peu d’avantages, il crut trouver plus de certitude dans la considération d’une partie à laquelle jusque-là on avait fait peu d’attention ; c’est celle des feuilles ou folioles qui sont à la base de l’ombelle, et qu’il désigne par le nom d’involucré (involcrm) dans l’ombelle générale, et par celui d’involucelle (involucellum), lorsqu’il y en a dans l’ombelle particulière. Cette partie présente effectivement un caractère facile à saisir ; mais, comme tous les autres, il ne peut être employé seul, parce que souvent il sépare des plantes qui ont de l’affinité, et en réunit qui sont disparates. Linné consacra a la mémoire de son ami, sous le nom d’Artedia, un genre de plantes de cette même famille des ombellifères, qui avait été le sujet de ses observations. On n’en connaît qu’une espèce, qu’il surnomme écailleuse (squamata), faisant allusion aux poissons écailleux dont Artedi avait fait l’histoire. D-P-s.


ARTÈME (Saint), général des Romains, en Égypte, sous le règne de Constance, se chargea de commissions qui le firent soupçonner d’être ennemi de St. Athanase ; chargé de l’arrêter, il le chercha vainement dans le désert de la Thébaïde. Du reste, on a toujours pensé qu’Artème n’avait obéi à l’empereur que par faiblesse ; car il n’approuva jamais l’hérésie. Son orthodoxie parut plus tard d’une manière éclatante. Les païens d’Égypte l’ayant accusé d’avoir démoli leurs temples et brisé leurs idoles, l’empereur Julien le fit comparaître devant lui, à Antioche, en 562, et, sur cette simple accusation, ce prince le condamne à perdre la tête, au mois de juin de la même année. Les Grecs l’honorent parmi ceux qu’ils appellent grands martyrs. K.


ARTÉMIDORE, natif d’Éphèse, vivait sous le règne d’Antonin le Pieux. On lui donna le surnom de Daldien, parce que, par sa mère, il était originaire de Daldis, en Lydie. Il est auteur d’un traité des songes en 5 livres, intitulé : Oneirocriticon, publié pour la première fois, en grec, à Venise, Alde,1518, in-8o, et plusieurs fois réimprime. Nic. Rigaud en donna une édition grecque-latine, avec le traité d’Achmet sur la même matière, et des notes, Paris, 1603, in-4o. La traduction est du médecin Jean Hagnenbot, connu sous le nom de Janus Cornorius. Jo.-Goth. Reiff a publié de nouveau le texte grec, Leipsick, 1805, in-8o, 2 vol. Cet ouvrage a été traduit en italien par Pierre Lauro de Modène ; en français, les trois premiers livres seulement., par Ch. Fontaine, Lyon, 1546, 1555, in-8o ; Paris, 1547, in-16 ; et, en entier, par Antoine Dumoulin, avec le traité d’Augustin Nifo sur les augures, Rouen, 1661, in-12. — Un autre Artémidore, géographe, vivait environ 100 ans avant J.-C. Strabon et Pline parlent souvent avec éloge de sa description de la terre. Hudson a recueilli, dans le 1er volume de son édition des Geographiæ veteris Scriptores græci minores, Oxford, 1703, des fragments de cet écrivain. — Il y eut encore un Artémidore, dialecticien, cité par Diogène Laërce, qui écrivit un livre contre Chrysippe. K.


ARTÉMISE, fille de Lygdamie et reine d’Halicarnasse. Le nom de son époux ne nous est pas connu. Devenue veuve, elle régna en qualité de tutrice de son fils Pisindélas, suivit Xercés dans son expédition contre la Grèce, et se distingua dans les