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phes l’ont répété d’après Froissart ; mais il s’était fait inscrire dans la corporation des brasseurs, afin de prendre plus d’ascendant sur la bourgeoisie. Son adresse, son éloquence, ses richesses, le rendirent plus absolu, dans le 14e siècle, à la tête du parti populaire, que jamais aucun comte de Flandre ne l’avait été. Suivi de la populace, il ne cessait de déclamer contre le prince et la noblesse, et ne paraissait qu’escorté d’une troupe de satellites qui exterminaient, au moindre signal, ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. En vain le comte de Flandre voulut s’opposer aux entreprises de ce nouveau tribun du peuple : il fut contraint de se réfugier en France. Artevelle se vit, par cette retraite, souverain absolu, et ce fut par son entreprise qu’Édouard III, roi d’Angleterre, régla les conditions d’un traité de commerce avec les Flamands. Cette alliance ne tarda pas à prendre un caractère politique. Édouard, ayant déclaré la guerre a la France, Artevelle mit tout en œuvre pour décider ses compatriotes à faire cause commune avec l’Angleterre. Une assemblée générale de tous les alliés fut indiquée à Bruxelles. Artevelle y parut avec le cortége d’un souverain, traînant à sa suite les députés des villes de Flandre, tous dévoués a ses ordres. Un scrupule arrêtait encore les Flamands : ils s’étaient engagés, par serment, à ne point faire la guerre à la France, sous peine d’excommunication. Ce fut pour lever ces difficultés qu’Artevelle conseilla, dit-on, au roi d’Angleterre, de prendre le titre et les armes de roi de France, et, aussitôt après, à la tête d’un corps de troupes, il vint ravager le Tournaisis, en combinant ses mouvements avec l’armée anglaise ; mais les comtes de Salisbury et de Suffolck ayant été battus et faits prisonniers par la garnison de Lille, Artevelle se retira. Convaincu qu’il était allé trop loin pour pouvoir se soustraire à la vengeance du comte de Flandre, il résolut de faire passer la souveraineté au prince de Galles, fils d’Édouard et héritier présomptif de la couronne d’Angleterre. Suivi des députés des villes de Flandre, il vint trouver Édouard et le prince de Galles à l’Écluse ; mais il employa vainement son éloquence et son autorité : les députés furent inébranlables, et répondirent unanimement qu’ils ne consentiraient jamais a déshériter leur comte pour un prince étranger. Artevelle prit alors d’autres mesures avec Édouard : il introduisit secrètement cinq cents Anglais dans la ville de Gand ; mais le peuple se souleva contre lui, investit sa maison, et le perça de mille coups, en 1345. Édouard se hâta de retourner en Angleterre. B-p.


BARTAVELLE (Philippe d’), fils du précédent, fut choisi pour chef par les Gaulois, révoltés contre Louis III, comte de Flandre, en 1582. Le nom d’Artevelle, toujours cher aux Flamands, ne fut pas plutôt prononcé par les factieux, qu’ils coururent en foule a la maison de Philippe, le conduisirent sur la place publique, et lui prêtèrent serment de fidélité comme à leur souverain. Son premier acte d’autorité fut de venger la mort de son père, en faisant mourir, sous ses yeux, douze des principaux auteurs de ce meurtre. Il déclara ensuite la guerre au comte de Flandre, qui vint investir Gand, mais sans succès. Artevelle le défit, s’empara de Bruges, et fut proclamé régent de Flandre. Enflé de cette victoire, il affecta le faste d’un souverain ; mais le comte de Flandre implora le secours de la France, et Artevelle s’efforça en vain de conjurer l’orage. N’ayant pu obtenir de secours ni du roi d’Angleterre, ni des maillotins de Paris, il essaya d’entamer des négociations avec les conseillers de Charles VI, qui rejetèrent ses propositions. Une nombreuse armée française, commandée par le connétable de Clisson, et à la tête de laquelle on voyait le jeune roi Charles VI, pénétra en Flandre. Artevelle fit prendre les armes à tous ceux qui étaient en état de les porter, et il eut la témérité de se mesurer avec les Français dans une bataille rangée, qui se donna dans la plaine, entre Bosbec et Courtray, le 27 novembre 1382. Les Flamands furent taillés en pièces, Artevelle périt, et son corps, trouvé sous un monceau de cadavres, fut pendu à un arbre. Cette défaite étouffa la révolte, et le comte de Flandre rentra sans obstacle dans ses États. B-p.


ARTHUR, ou ARTUS. La vie de ce fameux prince de la Grande-Bretagne est tellement mêlée de fables, que quelques critiques ont nié jusqu’à son existence ; mais ces fables nombreuses suffisaient elles-mêmes pour prouver qu’il vécut et qu’il ñt des exploits mémorables. Voici au reste son histoire, telle que nous l’ont transmise Geoffroi de Montmouth, et d’autres anciens historiens, sans mélange de contes incroyables. Arthur était fils d’Igerne, femme de Gorlois, duc de Cornouailles ; mais Uther, pendragon ou dictateur des Bretons, était, dit-on, son père, et pour relever ce commerce adultère, on inventa une histoire semblable à celle de Jupiter et d’Alcméne, et dans laquelle on fit intervenir le pouvoir magique du fameux Merlin. Lorsque Uther mourut, en 516, Arthur lui succéda, et commença, contre les Saxons envahisseurs de l’île, cette suite d’exploits qui ont rendu son nom illustre. Il mit en déroute, sur les bords de la rivière Douglas, dans le Lancashire, une armée combinée de Saxons, d’Écossais et de Pictes. Il marcha de le sur Yorck et mit le siége devant cette ville ; mais un puissant renfort étant arrivé aux Saxons, il se retira sur Londres, obtint des secours de Hoel, roi de l’Armorique, fils de sa sœur, marcha de nouveau à la rencontre des Saxons, assiégea Lincoln, qu’il prit, et força ce qui restait des défenseurs de la place à se rendre, sous la condition de quitter l’Angleterre. Un autre parti de Saxons débarqua dans l’Ouest, fit de grands ravages, et mit le siége devant Badon ou Bath. Cet événement détourna Arthur d’une expédition projetée contre les Écossais ; il marcha rapidement contre les Saxons, les défit dans un combat sanglant, qui dura deux jours, et tua deux de leurs chefs. Alors il retourna au Nord, avec la même, rapidité, pour débloquer son neveu Hoel, que les Écossais et les Pictes avaient investi dans Dunbritton. La encore il fut victorieux ; il obligea l’ennemi, qui fuyait, de capituler, et plaça en Écosse un souverain