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par leurs talents. Doué lui-même d’un goût exquis, il dirigea, avec Inigo Jones, dont il était le protecteur, les embellissements des bâtiments de Westminster ; et, en 1618, il fut chargé, avec d’autres pairs, de diriger les édifices de Lincoln’s-Inn-Fields, etc., dont les dessins, par Inigo Jones, sont aujourd’hui chez le lord Pembroke, à Wilton. Lord Arundel et lord Pembroke furent les premiers qui formeront en Angleterre des collections de monuments antiques. Arundel associa à ses travaux le savant Jean Evelyn, qu’il envoya à Rome. Il envoya ensuite dans le Levant Guill. Petty, et ce fut lui qui, en 1627, apporta en Angleterre les marbres connus sous le nom de marbres d’Arundel, parmi lesquels se trouve la célèbre Chronique de Paros, qui contient les époques les plus mémorables de l’histoire de la Grèce depuis 1582 avant J.-C., époque de la fondation d’Athènes, jusqu’en 264 avant J.-C., et plusieurs traités relatifs à Priéne, à Magnésie et à Smyrne. (Voy. Maittaire, Chandler, Peirest.) Dès que lord Arundel eut réuni les trésors qu’il avait rassemblés à Rome et dans la Grèce, les statues et les bustes furent placés dans sa galerie ; les marbres écrits furent appliqués aux murs du jardin de son hôtel, et les statues d’un mérite inférieur, ou qui étaient mutilées, occupèrent son jardin d’été à Lambeth. La collection contenait trente-sept statues, cent vingt-huit bustes, et deux cent cinquante marbres chargés d’inscriptions, sans compter les autels, les sarcophages, divers fragments, et des bijoux d’un grand prix. Arundel ne jouit du fruit de ses soins que jusqu’en 1642, ou la guerre civile le força de quitter sa patrie, et d’y laisser tous ses biens et sa collection, à l’exception de ses diamants, de ses pierres gravées et de ses tableaux, qui furent transportés à Anvers ; lui-même se réfugia en Italie, et s’établit à Padoue, où il mourut en 1616. À sa mort, il partages sa précieuse collection entre son fils aîné et Guillaume Howard, l’infortuné comte de Stafford. Le partage de l’aîné devint dans la suite l’héritage de son fils Henri Howard, comte d’Arundel, qui, en 1667, à la sollicitation de Jean Seldenet et de Jean Evelyn, fit don à l’université d’Oxford de tous ses marbres écrits, qui, depuis cette époque, ont été connus sous le nom de marbres d’Oxford (marmora Oxoniensia). On peut voir, dans la traduction que Millin a donnée de l’ouvrage de Dallaway, intitulé : Anecdotes des beaux-arts en Angleterre, quel a été le sort du reste de la magnifique collection d’Arundel. Ces marbres furent déchiffrés, aussitôt après leur arrivée, par le savant Jean Selden : il les publia, en 1629, avec une traduction latine et un commentaire, sous ce titre : Marmora Arundelliana, sive saxa græce incisa, est venerandis prime Ortentis gloriæ ruderibus, auspicis et impensis Thomæ, comitis Arundelliæ, etc. ; accedunt Inscriptiones aliquot veteris Latii, ex ejusdem vetustatis therauro selectæ, Londres, in-4o. En 1676, Homfroi Prideaux les publia de nouveau, avec d’autres marbres qui avaient été donnés a l’université d’oxford ; il les accompagna, dans cette édition (qui est intitulée : Marmora Oxoniensia, ex Arundellianis, Beldenianis, alisque conflata, Oxford, 1676, in-fol.) d’un commentaire auquel il ajouta les observations de Selden et de Thomas Lydiat. Cette édition a été réimprimée à Londres en 1752, in-fol., par les soins de Michel Maittaire, sous ce titre : Marmorum Arundelianorum, Seldenianorum, aliorumque academiæ Oxoniensi donatorum, etc., cum variis commentariis et indice. Maittaire y a disposé les marbres dans un meilleur ordre que Prideaux ne l’avait fait, et a ajouté aux commentaires de Prideaux et de Selden les observations d’autres savants qui se sont occupés de ces belles antiquités. La meilleure et la plus belle édition de ces marbres est celle du savant et célèbre docteur Richard Chandler, intitulée : Marmora Oxoniensia, Oxford, 1763, in-fol., format d’atlas. Il y a, cependant, dans les deux éditions précédentes, de bons commentaires qui ne se trouvent pas dans celle-ci, et qui les rendent nécessaires. Des inscriptions, mais sans gravures, ont été réimprimées à Oxford, 1791, in-8o. La Chronique de Paros a été traduite par Scipion Maffei, Lenglet-Dufresnoi, le docteur Playfair et M. Robinson. (Voy. la Dissertation de ce dernier, concernant l’authenticité de la Chronique de Paros, 1788, in-8o ; les Observations de Gibert sur le même sujet, Mém. de l’acad. des inscr., t. 23 ; une Réclamation en faveur de la Chronique de Paros, par Hewlett, dans une lettre à Robinson.) Lord Arundel a été peint par van Dyck, regardant la belle tête d’Homére qu’il possédait et qui est à présent dans le musée Britannique. C’est d’après ce buste qu’a été gravée la planche de la collection de Landon. On voit, au château de Waksop, son portrait et celui de sa femme, lady Alathea Talbot, réunis dans un même tableau, par Paul van Somer. — Un comte d’Arundel, de la même famille que les précédents, fut, à la fin du 16e siècle, emprisonné pendant trois ans, condamné à mort et exécuté, pour avoir entretenu une correspondance avec le cardinal Alan. (Voy. Alan.) K.


ARUNS, petit-fils de Tarquin l’Ancien, roi de Rome, et frère de Lncius Tarquin, dit le Superbe. Servius Tullius, successeur de Tarquin l’Ancien, était le tuteur des jeunes princes. Il résolut, pour s’attirer leur affection, de leur faire épouser ses deux filles ; mais il eut plus égard aux rapports de l’âge qu’à ceux des caractères. Lucius, qui était l’aîné, annonçait déjà des inclinations violentes : il eut une épouse douce et vertueuse. Aruns, bien plus humain que son frère, trouva dans Tullie une compagne ambitieuse et capable des plus grands forfaits. Plus Servius devint âgé, plus elle chercha à porter aux entreprises les plus hardies Aruns, qui ne faisait consister son bonheur que dans une vie paisible. Elle se plaignait sans cesse de la destinée qui avait uni son sort à celui d’un époux indolent, et désirait avec ardeur d’en être délivrée. Des inclinations également perverses lièrent bientôt Tarquin et Tullie. Tarquin empoisonna sa femme ; Tullie se délivra d’Aruns par un crime semblable, et ces deux coupables s’unirent vers l’an 218 de Rome, 436 avant J.-C. (Voy. Tullie.) D-t.


ARUNS, fils de Tarquin le Superbe. Voyez Brutus.