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unis, chez Anquetil, a l’amour sincère de la vérité, à une mine philosophie, à un rare désintéressement, et aux plus éminentes qualités du cœur. On se rappellera toujours, avec un sentiment d’admiration, qu’il refusa des Anglais 50,000 liv. qu’ils lui offrirent pour son manuscrit de la traduction du Zend-Avesta. Comme tous les hommes d’un mérite supérieur, il fut en butte a l’envie, parce qu’il combattit toujours le faux mérite ; mais le monde savant, en reconnaissant dans ses ouvrages quelques erreurs ou imperfections, l’a placé néanmoins au rang des hommes les plus érudits qu’ait produits le 18e siècle. J-n.


ANSALDI (le Père Casto-Innocente), antiquaire, naquit en 1710, à Plaisance, et fut dans sa jeunesse sur le point de périr, entraîné par des chevaux fougueux qui s’arrêtèrent comme par miracle au bord d’un précipice. Effrayé du danger qu’il avait couru, il résolut de consacrer à Dieu la vie qu’il lui avait conservée, et son admission dans l’ordre des servites ayant éprouvé quelque obstacle, il prit en 1726 l’habit de St-Dominique. Il avait reçu de la nature un caractère indépendant. Les efforts qu’il fut obligé de faire pour se plier à la règle lui occasionnèrent une maladie grave. Dès qu’il fut rétabli, ses professeurs l’envoyèrent continuer ses études de philosophie et de théologie à Milan, puis à Alexandrie et à Bologne, où il soutint des thèses publiques avec un succès brillant, mais dont il ne fut que médiocrement flatté. Quoique bien jeune encore, il gémissait sur les entraves qu’apportait aux progrès de la saine philosophie la méthode scolastique qui régnait encore dans toute l’Italie. L’amitié dont l’honora le P. Orsi, depuis cardinal (voy. Orsi), et la permission qu’il obtint de fréquenter la bibliothèque Casanate, lui firent paraître moins long le temps qu’il dut passer à Rome pour achever ses cours de théologie. Dés qu’il les eut terminés, il fut envoyé à Naples, où ses talents le firent bientôt connaître. Admis à l’académie ecclésiastique, fondée par monseigneur Ruffo, et qui se réunissait chez ce prélat, il y lut plusieurs mémoires qui donnèrent l’idée la plus avantageuse de son érudition. En 1757, Ansaldi fut nommé professeur extraordinaire de théologie à l’université de Naples, et il se préparait à prendre possession de cette chaire, lorsqu’il reçut de ses supérieurs l’ordre de revenir à Bologne. Ignorant les motifs de cet ordre et craignant d’être victime de quelque dénonciation, il quitta Naples furtivement le 29 novembre 1758, et, après avoir couru mille dangers, vint à Chieti demander un asile au marquis Cipagatti, qui l’accueillit avec bienveillance et le tint caché quelque temps. Il sentit pourtant la nécessité de s’éloigner, et passa dans les états de Venise, où il erra quatre ans, craignant, s’il était découvert, d’être puni de sa désobéissance par une prison perpétuelle. Enfin le cardinal Quirini se chargea de faire sa paix avec ses supérieurs, et en 1715, sur la demande expresse du pape Benoit XIV, il fut nommé premier lecteur et professeur en théologie au couvent de son ordre a Brescia. Il remplit ensuite la même chaire à Ferrare, puis à Milan, avec un succès qui chaque année augmentait le nombre de ses auditeurs. Il prit part à la dispute que fit naître en Italie l’Essaie de philosophie morale de Maupertuis, ouvrage dans lequel cet écrivain s’attache à montrer l’insuffisance de la morale des stoïciens pour assurer le bonheur de l’homme. (Voy. Maupertuis.) Le P. Ansaldi se déclara pour le sentiment de Maupertuis, dans deux dissertations latines insérées dans la Raccolta di trattati di diversi attori concernenti alla religionz naturale, etc., Venise, 1757, 2 vol. in-4o. Peu de temps après, sa réputation toujours croissante le fit appeler à Turin, pour y professer la philosophie à l’université de cette ville. Il remplit cette chaire pendant prés de vingt ans avec la plus grande distinction, et mourut en 1779, professeur émérite. Les ouvrages d’Ansaldi sont très-nombreux : il serait inutile d’en donner ici la liste complète ; il suffira d’indiquer ceux auxquels il doit sa réputation et qui méritent d’être consultés. 1o Patriarchæ Josephi. Ægyptii olim proregis, religio a criminibus Basbaguu vindicatus, Naples, 1738, in-8o ; Brescia, 1747, même format. 2o Dissertatio de veteri Ægyptiorum idolatria, insérée dans la Raccolta calogerana. t. 23, p. 135-226. 3o De causis inopiæ veterum monument, pro copia martyrum dignoscenda. — De Martyribus sine sanguin Dissertatio, in qua et nonnulla Romani maetyrologii loca a criminationibus Baelii vindicatur Ces deux dissertations, dans lesquelles l’auteur s’attache a réfuter les sentiments de Dodwell sur le petit nombre des martyrs (voy. Dodwell), doivent être réunies. Elles ont été imprimées à Milan,1739, 1745, in-8o, et 1741-44, in-4o. 4o De principorium legis naturalis Traditione libri tres, ilan, 1742, in-4o. 5o De forensi Judæorum Buccina Commentarius, Brescia, 1745, in-4o. Suivant Lenglet-Dufresnoy, il y a dans cet ouvrage plus d’érudition que de justesse de raisonnement. (Voy. Méthode pour étudier l’histoire, t. 10, p. 221.) 6o De romana tutelarium deorum in oppugnationibus urbium Evocatione liber, etc, Brescia, 1745, in-8o. Ce savant ouvrage est très-estimé. Il a été réimprimé plusieurs fois en Angleterre. La 4e édition, Oxford, 1765, in-8o, passe pour la meilleure. 7o De authenticis S. Scripturæ apud sanctps Patres Lectionibus, Vérone, 1747, in-4o ; ouvrage savant et plein de recherches curieuses. 8o Epistoa ad Alb. Mazzolenum, de Tarensi Hercule in viridi jaspide insculpto, Brescia, 1749, in-4o. 9o De Baptismate in Spiritu Sancto et igni Commentarius philologicus ; cui aecedunt Orationes duæ in Athenæ Ferrariensi habitæ, Milan. 1752, in-4o. 10o De sacro et publico apud ethnicos pictarum tabularum cultu, adverstu Græcos recentiores, Dissertatio, Ferrare, 1752, in-8o ; Venise, 1755, in-4o ; Turin, 1768, même format. 11o Della necessità e verità della religione naturale e rivelata, Venise, 1755, in-8o. 12o Herodiani infanticidii Vindiciæ, etc., Brescia, 1757, in-4o. Cet ouvrage, dans lequel l’auteur cherche à prouver la vérité du massacre des innocents, lui fit, en Italie, un très-grand honneur. 13o De futuro sæculo ab Hebrais anie captivitatem cognito, adversus Jo. Clerici cogitata, Commentarius, Milan, in-8o. 14o Della speranza, e della