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avec empressement. Il reçut néanmoins l’étoile d’officier de la Légion d’honneur, établit un majorat sous le titre de baron de St-Joseph, et fut nommé maire de Marseille en 1805, ce qui le mit à même d’acquérir de nouveaux droits à la reconnaissance publique. Des promenades, des édifices nouveaux, d’anciens monuments restaurés, enfin des embellissements nombreux, sont d’honorables souvenirs de son administration éclairée. En 1813, le baron de St-Joseph, dont la santé se trouvait affaiblie plus encore par les fatigués que par l’âge, cessa d’être maire, et passa ses derniers jours au sein d’une famille chérie. Cependant il accepta encore, en 1815, après le retour de Napoléon, la mission de député à la chambre des représentants pour le département des Bouches-du-Rhône. Il mourut à Marseille, le 22 juillet 1826. Il avait publié en 1805 les résultats de ses voyages et de ses vues commerciales sous le titre d’Essai historique sur le commerce et la navigation de la mer Noire, 1 vol. in-8o. Cet ouvrage, plein de recherches et d’observations utiles, a été réimprimé en 1820 avec des additions. Anthoine était membre de l’académie de Marseille. — Une de ses filles est veuve du maréchal Suchet. (Voy. Sucher.) St-t.


ANTHOINE (François-Paul-Nicolas), lieutenant général du bailliage de Boulay, député du tiers état de Sarguemines aux états généraux, s’y montra zélé partisan des idées révolutionnaires. Au commencement de 1790, il rendit compte de l’affaire entre Danton et le Châtelet, prétendit établir la prévarication de ce tribunal, et demanda la mise en accusation de ses membres ; mais ces débats n’eurent aucune suite, on se hâta de les étouffer. Le 5 avril, Anthoine parla en faveur de l’institution du jury ; et à la séance du 9 novembre, il fit prononcer la mise en liberté d’un nommé Meslé, qui colportait des écrits contre l’assemblée. En 1791, il réclama pour le roi la liberté d’organiser le ministère à sa volonté, vota le licenciement des officiers déformée, et appuya vivement la suppression des ordres de chevalerie. Il voulait néanmoins qu’on accordât au roi et à la famille royale la faveur de porter comme insigne un ruban tricolore. Après la dissolution de l’assemblée constituante, l’ancien député de Sarguemines continua de figurer parmi les plus ardents jacobins. Devenu maire de Metz, il vint à la barre de l’assemblée législative au nom de cette ville, qui avait été accusée d’entretenir des intelligences avec les frères du roi et avec le marquis de Bouille. Ànthoine s’efforça de repousser cette imputation, et, ce qui n’était pas alors très-difficile, de justifier différents meurtres commis par la populace, sans que l’autorité eût rien fait pour les empêcher. En septembre 1792, le département de la Moselle le nomma député à la convention nationale, et il vota la mort de Louis XVI, sans appel ni sursis. Anthoine fut envoyé presque aussitôt dans le département de la Meurthe ; on l’accusa d’y exercer de nombreuses vexations, et il se défendit par un mémoire imprimé. Il était en congé dans la ville de Metz, lorsqu’il mourut, au mois de mai 1793, après avoir légué tous ses biens à la république, ce que la convention refusa par des motifs tirés surtout de la nécessité de restreindre le droit de tester ; mais elle déclara, par décret du 26 août de la même année, que la mémoire du citoyen Anthoine était chère à la patrie. On a de ce conventionnel plusieurs écrits de circonstance, parmi lesquels on distingue ; 1° Observations sur quelques articles du projet pour l’organisation de l’ordre judiciaire, Paris, Clousier, 1790, in-8o. L’auteur n’approuve pas le travail du comité de constitution, et ses vues sont en général assez justes ; ce n’est cependant pas quand il cherche à établir que, même sous l’empire de l’ancienne législation, la justice ne se rendait pas, mais s’exécutait au nom du roi. 2° Essai sur les assemblées de communautés, de bailliages, etc., de la Lorraine, destinées à procéder tant aux élections qu’à la rédaction des cahiers pour les états généraux, Paris, 1789, in-8o. Ce dernier écrit a été publié sous le voile de l’anonyme. Ch-s.


ANTHONY (le docteur Francis), fameux empirique et alchimiste anglais, fils d’un riche orfèvre de Londres et né en 1550, étudia à l’université de Cambridge. S’étant établi dans la capitale, il commença d’y pratiquer la médecine sans avoir de diplôme, et publia, en 1598, un livre où il préconisait un remède tiré de l’or. Anthony eut beaucoup de vogue ; mais en l’an 1600, ayant été cité devant le président et les censeurs du collége de médecine, il fut condamné à la prison et a une amende, condamnation qui se renouvela pour lui deux ans agrès. Ses protecteurs ne l’abandonnèrent pas ; et il réussit à obtenir le grade de docteur en médecine dans une université. Il composa en 1610 un nouveau traité intitulé : Medicina chymicæ, et veri potabilis auri Assertio, in-4o. L’ouvrage est précédé d’une dédicace au roi Jacques, en style très-fleuri ; il est accompagné de certificats signés par plusieurs personnes de distinction, et même par des membres de la faculté. L’auteur fut attaqué par d’autres médecins, notamment par Gwinne ; il répondit sans pouvoir désarmer ses antagonistes ; mais il eut lieu de se consoler en voyant le grand nombre de malades qui se confiaient à ses soins. Du reste, sa conduite dans la vie privée était irréprochable ; il était modeste, et sa charité n’avait point de bornes. Ce docteur mourut en 1623. — L’un de ses fils, Charles Anthony, continua de prospérer en vendant l’or potable, et mourut en 1655. Celui-ci a publié Lucas redivivus, ou le Médecin de l’Évangile, prescrivant (par voie de méditation) un remède divin pour prévenir les maladies qui n’ont pas encore atteint l’âme, et guérir celles qui se sont déjà emparées de l’esprit, 1656, in-4o. Z.


ANTIBOUL (Charles-Louis), né à St-Tropez, homme de loi, administrateur du département du Var, député de ce département à la convention, refusa de prendre la qualité de juge de Louis XVI, vota la détention, fut envoyé en mission en Corse, arrêté à son retour à Marseille par les sections insurgées, délivré par le général Cartaud, décrété d’arrestation, pour avoir compromis la dignité na-