Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
ANT

quos S. Evaristus romanis presbyteris distibuit, Rome, 1725, in-8o ; 2° Ragioni della Sade apostolica sopra il Ducato di Parma e Piacenza exporte a’ sovrani e principi Cattolici dell’Europa, 1742, 4 vol. in-4o, sans nom de lieu, d’imprimeur ni d’auteur, mais écrit par Antonelli et imprimé à Rome ; 3° S. Athanasii archiepiscopi Alexandriæ Interpretatio Psalmorum, etc., Rome, 1746, in-fol. ; ouvrage qu’il a eu le mérite de publier pour la première fois, et qu’il avait tiré d’un manuscrit original de la bibliothèque Barberini. Il y a joint une traduction latine, imprimée en regard du texte grec, des corrections et des notes. 4° Vetus Missale romanum, præfationibus et notis illustratum, Rome, 1756, in-4o. 5° Il cultivait aussi la poésie italienne, et l’on trouve des morceaux de lui dans le 10e volume des poésies degli Arcadi di Roma, 1747, in-8o. Plusieurs des ouvrages de N.-M. Antonelli, imprimés d’abord séparément, ont été rassemblés en 1 vol. in-fol., Rome, 1756. G-é.


ANTONELLI (Léonard), cardinal de l’Église romaine, naquit en 1730 à Sinigaglin, dans le duché d’Urbin. Malgré ses talents et le crédit de son oncle, le cardinal Nicolas Antonelli, il ne parvint que fort tard aux dignités de l’Église ; et, ce qui est bien digne d’être remarqué, ce fut son opposition aux doctrines philosophiques qui retarda son avancement. Le zèle avec lequel il défendit les jésuites éloigna de lui Clément XIV, qui venait de prononcer leur abolition. Ce ne fut que sous le pontificat de Pie VI qu’Antonelli fut décoré de la pourpre. Nommé depuis évêque d’Ostie et de Velletri, il devint préfet de la congrégation de la Propagande et membre de la congrégation d’État. Dans cette dernière place, il montra des vues dignes d’un habile politique ; mais il donna souvent lieu, par sa fermeté, aux réclamations des novateurs et aux plaintes des hommes timides, qui auraient voulu que l’on combattit avec faiblesse les prétentions et les entreprises les plus audacieuses. Cependant il ouvrit, en 1791, au sacré collége, l’avis que les prêtres français fussent autorisés à prêter le serment à la constitution civile du clergé que l’assemblée nationale venait de décréter. Gardien né des prérogatives de l’Église romaine, personne n’était moins disposé que lui à souffrir qu’on y portât la moindre atteinte ; mais il voyait, dans le refus du clergé français de se soumettre aux nouvelles lois, un motif pour le persécuter ; et il craignait que l’éloignement des prêtres, et la cessation du culte pendant un temps qu’il était impossible de calculer, ne fissent en France un tort irréparable à la religion. Les vues de ce prélat dans cette circonstance ont été travesties, par quelques jeunes publicistes, d’une manière qui fait peu d’honneur à leurs lumières et à leur impartialité. Plus tard, ses liaisons avec le fiscal Barbieri, qu’explique assez la charge qu’il occupait dans le gouvernement, le firent accuser de n’être pas étranger aux troubles qui éclatèrent à Rome, et dans lesquels le général français Duphot fut tué. Les événements qui suivirent prouvent que les instigateurs et les auteurs de ce mouvement n’étaient pas, comme on le répandit alors, les défenseurs du saint-siége, mais au contraire ceux qui ne demandaient qu’un prétexte pour le renverser[1]. (Voy. Duphot.) Doyen du sacré collége depuis 1797, Antonelli concourut l’élection du pape Pie VII en 1800 ; et il accompagna ce pontife dans son voyage à Paris en 1804. Expulsé de Rome par les Français en 1808, il fut conduit à Spoleto, puis à Sinigaglia, où il mourut presque subitement le 25 janvier 1811. La Lettre d’Antonelli aux évêques d’Irlande. publiée en Angleterre, et recueillie dans l’Ami de la religion, n° 457, suffirait pour prouver que ce prélat était bien éloigné d’avoir les opinions intolérantes que certains biographes lui attribuent dans un but trop facile à deviner. Pour achever de faire connaître cet illustre prélat, on doit ajouter que, malgré ses fonctions, il ne cessa jamais de cultiver les lettres. Sa réputation d’habile archéologue était si bien établie en France, qu’en 1785 il fut élu membre de l’académie des inscriptions, dans la classe des associés étrangers, où il remplaça le P. Pacciaudi. Possesseur d’une précieuse bibliothèque qu’il avait formée lui-même, il en confia la direction au savant abbé Cancellieri (voy. ce nom), dont la touchante reconnaissance atteste qu’Antonelli joignait aux dons de l’esprit les qualités les plus propres à se faire aimer. W-s.


ANTONELLO. Voyez Antoine de Messine.


ANTONI (Alexandre-Victor Papagino d’), directeur de l’école royale d’artillerie du roi de Sardaigne, naquit le 20 mai 1714, à Villefranche, dans le comté de Nice, où son père était capitaine du port. Le nom d’Antoni, sous lequel il est plus connu, est celui de sa mère, qu’il ajouta au sien. Il entra au service à l’âge de dix-huit ans, dans le corps d’artillerie, et s’éleva au grade de capitaine ; il fut même employé dans quelques négociations délicates ; mais, au milieu des camps et des fatigues militaires, d’Antoni trouva le temps de s’occuper aussi des études théoriques relatives à son art, et se lia avec ceux qui pouvaient lui fournir des lumières. Il gagna surtout l’estime du comte Bertola, directeur des écoles d’artillerie qui venaient d’être fondées à Turin en 1739. D’Antoni fit tant de progrès en ce genre, qu’en 1755 il fut nommé lui-même directeur de ces écoles. C’est en cette qualité qu’il compose son Cours de mathématiques, d’artillerie et d’architecture militaire (traduit en français par Montrozard, 1777, in-8o). Il fut aidé dans quelques parties par Tignola et Bozzolino, officiers de son corps, et par Rana, architecte et professeur aux mêmes écoles. Ce cours a été adopté pour l’enseignement dans les écoles d’artillerie de Prusse, de Venise, etc. De toutes les parties qui le composent, celle qui fit le plus d’honneur à d’Antoni, c’est l’Esame della Polvere, ouvrage qui renferme un grand nombre d’expériences originales sur la force et les effets de la poudre à canon. Ce livre, traduit en plusieurs langues (en français, par Flavigny, 1773, in-8o), lui ac-

  1. On peut, à cet égard, consulter le tome 5 de la précieuse collection publiée récemment sous le titre de Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État.