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aquatiques, qui, accompagnées de demi-dieux et de nymphes, se parent pour aller a une fête qui doit être célébrée à la cour de Neptune ; dans le 4°, il décrit l’autre rive de l’Y, où s’élèvent plusieurs villes de la Nord-Hollande, et, à la fin du poëme, il s’adresse aux magistrats d’Amsterdam, et attribue à leur sagesse la prospérité de cette ville. Ce poème, où il y a de grandes beautés, excita l’admiration générale. Plusieurs personnes s’intéressèrent vivement à l’auteur, qui n’avait encore que vingt-quatre ans, et qui était dans la boutique d’un apothicaire. Ils lui firent étudier la médecine à Utrecht, où il fut promu au grade de docteur, en 1673. Pendant son séjour à Amsterdam, il avait été membre de la société des artistes, et il avait eu part à la composition de plusieurs pièces, notamment du Roi d’Albe, d’Orondate à Statire, etc. Un de ses protecteurs le plaça ensuite avantageusement dans l’amirauté, ce qui procure à Antonides le moyen de se livrer commodément à son penchant naturel. Il projeta alors un grand poëme, qui devait se composer de 12 livres, et contenir les actions mémorables de St. Paul, l’apôtre ; mais il fut enlevé aux lettres en 1684, dans sa 58e année. Les poètes les plus célèbres de son temps firent des élégies sur cette mort prématurée. La collection de ses œuvres a été imprimée à Amsterdam, en 1714, in-4o. D-g.


ANTONILES (Joseph), peintre, né à Séville en 1636, apprit dans cette ville les éléments de la peinture, et alla ensuite à Madrid pour se perfectionner. Ce fut surtout dans le paysage qu’il excella ; il avait un bon choix de sujets, sa touche était spirituelle et légère ; il s’exerça aussi, mais avec moins de succès, dans les sujets de dévotion et dans le portrait. Alcala de Henarès et Madrid possèdent quelques tableaux de cet artiste, qui moutut dans cette dernière ville, en 1676, âgé de 40 ans. D-t.


ANTONIN (Titus Aurélius Fulvius Antoninus Pius, connu sous le nom d’), tirait son origine de Nimes, et naquit à Lanuvium ou Lavinium, dans la campagne de Rome, le 19 septembre de l’an 86. Sa famille, nommée Aurelia, était très-ancienne ; mais elle n’avait été honorée de grandes charges que depuis peu de temps. Il dut le jour à Aurélius Fulvius, personnage consulaire, et à Arria Fadilla. Dès son enfance, la douceur de son caractère le rendit cher à ses parents, et tous l’ayant choisi pour héritier, il devint possesseur d’une fortune considérable. Sa naissance et les amis que lui acquirent ses vertus lui firent bientôt posséder des charges honorables. L’an 120, il parvint au consulat, et fut choisi par Adrien pour l’un des quatre personnages consulaires entre lesquels fut partagée la suprême magistrature de l’Italie. Il devint ensuite proconsul d’Asie, et surpassa dans cette dignité la réputation qu’y avait acquise son grand-père Arrius, ami de Pline le jeune. De retour à Rome, Antonin obtint la confiance d’Adrien, et fut admis dans le conseil de ce prince, où il inclina toujours pour les mesures de douceur. Ayant épousé Faustine, fille d’Annius Vérus, il évita tout scandale public dans sa manière d’agir envers cette femme, dont la conduite licencieuse a déshonoré la mémoire. Il en eut quatre enfants, dont trois moururent dans un âge peu avancé. Faustine, dite la jeune, qui survécut à ses deux frères et à sa sœur, devint l’épouse de Marc-Aurèle. Ce ne fut pas sans quelque résistance qu’Antonin consentit à être adopté par Adrien. Il redoutait de se charger du fardeau de l’empire, et hésitait à souscrire aux conditions de l’empereur, qui l’obligeait d’adopter L. Vérus et M. Annius Vérus, depuis si connu sous le nom de Marc-Aurèle. Il y consentit enfin, et, en 138, année même de son adoption, il parvint à l’empire, aux acclamations des Romains. Sous ses lois, l’État jouit d’une tranquillité qui fournit peu de faits à l’histoire. D’ailleurs il ne nous reste, sur le règne de ce prince, que sa vie, composée sans méthode et avec beaucoup de confusion par Julius Capitolinus. Ce que Dion Cassius en avait écrit est perdu. Au reste, il demeure constant que le sénat joignit aux honneurs ordinaires qu’il lui déféra le surnom de Pius, qu’Antonin mérita, dans quelque sens que l’on prenne la signification de ce mot, par son respect pour la religion, et par son attachement pour ses parents. Pausanias dit à ce sujet qu’Antonin méritait non-seulement ce surnom, mais encore celui de Père du genre humain, autrefois décerné à Cyrus. Dés le commencement de son règne, il signala sa clémence, lors des conspirations qui eurent lieu contre lui. Quoiqu’il ne pût empêcher la justice d’atteindre les principaux coupables, il défendit qu’on recherchât leurs complices, et prit sous sa protection spéciale le fils d’Attilius, un des conspirateurs. Ses lieutenants apaisèrent quelques soulèvements qui s’élevèrent dans diverses parties de l’empire. Dans la Grande-Bretagne, les incursions des Brigantes furent réprimées, et les limites de l’empire romain étendues par la construction d’un nouveau mur, au nord de celui d’Adrien, depuis l’embouchure de l’Esk jusqu’à celle de la Tweed. En général, le règne d’Antonin fut extrêmement pacifique, et il mit en pratique ce beau mot de Scipion, qu’il répétait souvent : « J’aime mieux conserver les jours d’un seul citoyen, que de faire périr mille ennemis. » Il donnait tout son temps au gouvernement de ses États, étendant ses soins jusque sur les contrées les plus éloignées, et s’occupant surtout de rendre ses peuples heureux. Il aimait à rendre compte au sénat des motifs de ses actions. En plus d’une occasion, il fit paraître la douceur de son caractère. Lorsqu’il était proconsul en Asie, il logea dans la maison du sophiste Polémon, alors absent. Celui-ci, étant survenu, s’en plaignit avec tant de violence, qu’Antonin sortit aussitôt et alla, au milieu de la nuit, chercher un autre logement. Lorsqu’il fut empereur, un comédien vint à se plaindre à lui de ce que le même Polémon l’avait chassé du théâtre en plein midi, et ajouta qu’il en appelait à sa justice. « Il m’a chassé minuit, répondit Antonin, et je n’en ai point appelé. » Il fit venir de Chalcis à Rome le philosophe stoïcien Apollonius, pour être précepteur de Marc-Aurèle. (Voy. Apollonius de Chalcis.) Par son ordre, l’infâme classe des délateurs fut anéantie ;