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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 20.djvu/652

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édition latine à Londres, en 1792, précédée d’une notice intéressante sur le collège de médecine anciennement établi à Salerne. Le docteur Andry, de la faculté de Paris, a soutenu, dans le Journal des savants de novembre 1724, que l’École de Salerne avait été composée par Tusa et Rebecca Guerna, deux dames célèbres par leur savoir, et qui se sont autrefois signalées à Salerne par d’autres écrits. Cependant la plupart des critiques attribuent l’ouvrage en question à Jean le Milanais ; et quelques-uns le donnent à Amand de Villeneuve : mais cette dernière opinion ne peut s’accorder avec le temps de la publication de ce recueil poétique et médicinal.


JEAN, peintre, né en Italie, vraisemblablement entre les années 960 et 970, obtint une telle réputation dans son pays, qu’il mérita de fixer les regards du jeune empereur Othon III. Ce prince ; qui avait établi sa demeure à Aix-la-Chapelle, voulant faire orner de peintures un oratoire de son palais, qui n’avait point encore été peint (cum autem nondum eo in loco picturæ ullæ haberentur), l’appela auprès de lui, et le chargea de cet ouvrage, qui valut à l’artiste des éloges universels. Othon, étant parti pour Rome, le nomma, pour le récompenser, à un évêché vacant dans une ville d’Italie que les historiens n’indiquent point. Le duc de la province dû cet évêché se trouvait situé ne lui permit pas d’en prendre possession. Jean revint alors en Allemagne, et demeura quelque temps à la cour d’othon. Il se rendit en, suite à Liége, soit avec la permission, soit par l’ordre de l’empereur, qui le recommanda à l’évêque Notker, et il orna de peintures les murs du cloitre de la cathédrale de cette ville. Notker et Othon étant morts, Jean persuada à Baldric, successeur de Notker, de bâtir une église et un monastère en l’honneur de l’apôtre St-André. Il parait qu’il dirigea la construction de cet édifice comme architecte. Il s’établit ensuite au couvent avec les bénédictins qu’on y appela d’une maison voisine, et il y mourut dans un âge avancé. Les peintures qu’il exécuta au palais d’Aix-la-Chapelle subsistaient encore, quoique endommagées par le temps, en 1612, lorsque Gilles Boucher publiait ses recherches historiques sur les premiers évêques de Liége et de Tongres. Au-dessous d’un des tableaux, on lisait ce vers :

A patriæ nido rapuit me tertius Otto ;

et sous un autre, celui-ci :

Claret aqui sane tua qua valeat manus arte.

Son épitaphe, conservée par le même écrivain, renfermait ces deux vers, qui n’expriment pas moins vivement l’admiration que ses ouvrages d’Aix-la-Chapelle avaient inspirée :

Qua probat arte manus, dat aquis, dat cernere plenum
Picta domus Karoli, rara sub axe poli.

On remarquera sans doute ces mots, picta domus, de même que ceux-ci, cum antea nondum eo in loco picturæ ullæ haberentur : ils contribuent à prouver l’usage pratiqué presque généralement au temps de Charlemage, ainsi que dans le 10e siècle, de couvrir de peintures les murs intérieurs des églises, dans tout leur pourtour. Cet usage, dont nous avons donné d’autres exemples (voy. Godehart, Guido da Sienna, {sc|Hugues}}, etc.), subsistait toujours, quoiqu’il fût moins général, non-seulement en Italie, mais encore en Allemagne et en France, à l’époque de la renaissance de Part, c’est-à-dire lors du retour du bon goût. Les éloges exagérés accordés au peintre Jean, comme à plusieurs autres peintres et sculpteurs du même temps, ne prouvent pas sans doute que les ouvrages de cet artiste renfermassent de véritables beautés ; mais ils attestent la haute opinion qu’on s’en était faite, et surtout l’honneur qu’on attachait à les posséder, trait assez important de l’histoire du 10e et du 11e siècle.

E—c D-n.


JEAN. Voyez Avila, Eyck, Gaddesden, Gaza,Giovanni, Giscala, Leyde, Mehun, Salisbury, Second.

JEAN BON SAINT-ANDRÉ. Voyez Saint-André.

FIN DU VINGTIÈME VOLUME.

Á...