Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 22.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LAC
406

donna, au mois de mars 1800, celle du département des Bouches-du-Rhône, à Marseille ; il passa ensuite à celle de Bordeaux, et mourut dans cette ville au commencement de novembre 1808.

B-u

LA CROIX DU MAINE (François Grudé, sieur de), en latin Crucimanius, laborieux bibliographe, naquit au Mans en 1552. Son père, qui jouissait d’une grande aisance, le confia aux soins de Michel Troté, habile instituteur, nommé depuis directeur du collége de Bayeux à Paris. Le jeune La Croix se rendit dans cette ville à l’âge de dix-sept ans pour terminer ses études, et revint dans sa patrie vers l’an 1572. Avide d’instruction et doué d’une mémoire heureuse, il se livra tout entier à des recherches de bibliographie, et dépensa plus de 10 000 francs en achats de livres, somme prodigieuse à une époque où le marc d’argent ne valait que 16 francs. Le grand nombre d’ouvrages grecs, latins, français, espagnols, italiens, et de matériaux littéraires en tout genre qu’il avait amassés, lui inspira l’idée d’en rédiger un catalogue raisonné, plus complet que celui de Gesner, qui ne comprenait point les livres écrits en langues vulgaires, et de composer une espèce d’encyclopédie de toutes les sciences. Ce vaste plan est développé dans une lettre qu’il écrivit en 1579 au vicomte de Paulmy. Pour l’exécuter, il adressa, la même année, une circulaire (imprimée au Mans) à tous les savants de France et des pays étrangers, pour en obtenir des observations et le catalogue de leurs propres écrits ; mais le moment n’était pas opportun. Les guerres qui désolaient l’Europe donnaient à l’esprit humain une direction peu favorable aux lettres. La Croix du Maine s’en plaint lui- même, en disant que sur dix mille personnes et plus, qui avaient lu son projet, la plupart ne lui ont pas répondu. Ce contre-temps ne ralentit point le zèle de notre bibliographe. Il revint à Paris en mai 1582, « avec trois charrettes chargées de volumes et de livres, tant escrits à la main qu’autrement », parmi lesquels il y avait plus de huit cents mémoires de sa composition. L’année suivante il présenta inutilement au roi le prospectus de ses desseins, « pour dresser une bibliothèque parfaite de tous points, pour remplir cent buffets, chacun d’iceux contenant cent volumes. » Réduit enfin à ses propres ressources, mais non découragé par tant d’obstacles, l.a Crolx du Maine publia en 1581 sa Bibliothèque française. Il s’occupait d’autres compositions littéraires non moins importantes, lorsque des lâches, qui le soupçonnaient de professer en secret les principes de la réforme, l’assassinèrent à Tours, en 1592. Il n’était âgé que de 40 ans. De tous les recueils faits par cet infatigable compilateur, nous n’avons que le Premier volume de sa Bibliothèque du sieur de La Croix du Maine, qui est un Catalogue général de toutes sortes d’auteurs qui ont em-il en françois depuis cinq cents ans et plus jusqu’à ce jourd’/nui, avec un Discours des Vies des plus illustres entre les trois mille qui sont compris en cet Œuvre ; ensemble un récit de leurs compositions tant imprimées qu’autrement, dédié au roi. Paris, 1584, in-fol. L’auteur préparait deux nouvelles collections, dont l’une devait être distribuée suivant l’ordre méthodique des sciences, et l’autre contenir un catalogue des écrivains latins. La mort l’empêcha d’exécuter ce projet. Sa Bibliothèque est estimée, parce qu’elle offre le tableau des premiers essais de notre littérature et l’histoire abrégée de nos anciens écrivains. Cet ouvrage suppose des recherches immenses et pénibles ; il est rédigé d’après l’ordre alphabétique des prénoms. Antoine Duverdier, contemporain de La Croix du Maine (voy. Duverdier), publiait dans le même temps un Dictionnaire des écrivains français. Lyon, 1585, in-fol. Rigoley de Juvigny a rendu un service signalé aux lettres en donnant de ces deux Bibliothèques devenues fort rares, une nouvelle édition, corrigée et enrichie de remarques historiques, littéraires et critiques de la Monnoye, Bouhler et Falconet, Paris, 1772, 6 vol. in-4° ; mais cet éditeur a eu tort de ne pas profiter de tous les errata insérés par La Croix du Maine lui-même à la fin de son ouvrage imprimé en 1584. De là plusieurs inexactitudes dans les bibliographies modernes, où l’on s’est contenté de copier le texte de Rigoley. Nous avons aussi de La Croix du Maine un Éloge funèbre, en vers latins, du poëte Dumonin, son ami, assassiné à Paris (voy. Dumonin). On le trouve dans un Recueil d’épitaphes imprimé à Paris, 1587, in-8°. Un exemplaire de la Bibliothèque de La Croix du Maine et de Duverdier, chargé de notes et de corrections de Mercier, abbé de St-Léger, se conserve à la bibliothèque de Paris.

L-u


LACROSSE (Jean Raimond), contre-amiral français, naquit à Meilhan (Lot-et-Garonne), le 7 septembre 1760, d’une famille noble et distinguée. Son père était lieutenant des maréchaux de France pour cette province. Il lit ses études au collège de Juilly avec Talon, Duport, Laborde. À l’âge de dix-huit ans, il entra comme garde dans la marine royale sur la frégate la Friponne, qui, naviguant dans les mers d’Amérique (1780 à 1781) de concert avec la Gloire, s’empara d’une frégate anglaise, d’un bâtiment hollandais et de plusieurs corsaires. À leur retour à Brest, les deux frégates ramenèrent treize cents prisonniers anglais. Lacrosse était embarqué sur 1’Argonaute, lors du combat que soutint l’escadre française, aux ordres du comte de Guichen, le 12 décembre 1781. Au mois d’avril 1782, il fut nommé enseigne de vaisseau, et s’embarqua en cette qualité sur la Cléopâtre, qui allait rejoindre dans l’Inde l’escadre du bailli de Suffren. Il était second sur cette frégate au combat de Goudelour (20 juin 1785), qui ent pour résultat la délivrance de cette place assiégée par terre et par mer. Chargé pendant cette campagne du commandement d’une division de