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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 22.djvu/6

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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
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KLAAS (Nicolas). Voyez Berghem.


KLAPROTH (Martin-Henri), célèbre chimiste prussien, professeur de chimie, membre de l’académie des sciences de Berlin, associé étranger de l’Institut de France et de plusieurs autres académies et sociétés savantes, naquit à Berlin, le 1er décembre 1745. Il avait reçu de la nature un esprit observateur, sérieux, réfléchi, et une patience à toute épreuve. Après avoir terminé ses études classiques, il se livra tout entier à celle de la minéralogie, pour laquelle il avait un penchant décidé ; mais il sentit qu’il ne pouvait y faire de rapides progrès sans y associer la chimie : il s’appliqua également à ces deux branches des connaissances physiques et naturelles. L’analyse des minéraux lui parut surtout d’une importance extrême pour bien classer les substances inorganiques, et des expériences multipliées lui donnèrent bientôt les moyens de varier les procédés chimiques et de reconnaître des éléments nouveaux dans les minéraux qui avaient déjà été soumis à l’analyse. C’est ainsi qu’il découvrit la zircone dans le jargon de Ceylan ; qu’il démontra la présence de la potasse dans des productions volcaniques ; qu’il fit connaître le sulfate de strontiane ; qu’il trouva la potasse dans la leucite ou grenat blanc ; qu’il découvrit dans la schorl rouge un nouveau métal qu’il nomma titane ; un autre dans la pechblende, qu’il appela urane ; un troisième dans la mine d’or blanche, et il lui donna le nom de tellure. Il fit aussi connaître le molybdate de plomb, et prouva que la mine d’argent rouge était un sulfure d’argent et d’antimoine. Ce sont là ses travaux les plus importants, ceux qui le placent parmi les chimistes les plus distingués de son siècle ; mais il a publié en outre une quantité considérable, d’analyses de substances fossiles, qui peuvent servir de modèles, et qui se trouvent dans le Journal de physique, les Annales de chimie, le Journal des mines et autres collections de ce genre. Il a rédigé un Système minéralogique principalement basé sur les principes constitutifs des minéraux. Ses Mémoires de chimie ont été recueillis et traduits en français par Tassaert, Paris, 1807, 2 vol. in-8°. Enfin, il a composé, en commun avec M. Wolf, un Dictionnaire de chimie, en 4 volumes in-8° ; ouvrage traduit en français, en 1810, par MM. Bouillon-Lagrange et Vogel. Klaproth a fait faire de grands pas à la minéralogie. Ses recherches ont jeté beaucoup de lumière sur le système de Werner et sur la classification de Haüy. Ses découvertes, et surtout ses moyens particuliers d’analyse, ont guidé plusieurs chimistes français, qui lui doivent une partie des heureux résultats qu’ils ont obtenus. Il est mort à Berlin le 1er janvier 1817.


KLAPROTH (Jules-Henri), orientaliste célèbre, né à Berlin le 11 octobre 1783, était fils du précédent, qui, frappé des dispositions qu’il montra dès l’âge le plus tendre, s’empressa de les cultiver. Il fit dès lors de grands progrès en chimie, en minéralogie, en botanique ; mais, à mesure qu’il approchait de l’adolescence ; ces études perdirent de l’attrait qu’elles avaient pour lui. Une impulsion irrésistible le poussait vers l’étude des langues orientales. La bibliothèque royale de Berlin possède une collection assez considérable de livres chinois. Dès que Klaproth les vit, le désir de connaître cette langue s’éveilla en lui. Un dictionnaire informe, rédigé par Mentzel (voy. ce nom), sous la direction du P. Couplet, et le dictionnaire chinois-espagnol du P. Diaz, ouvrage également imparfait, dont une copie se trouve dans cette bibliothèque, lui fourniront les premiers moyens de satisfaire sa curiosité. Il y joignit le Museum sinicum de Bayer (voy. ce nom). Une note écrite sur son exemplaire de ce livre, le 21 juin 1835, et que nous lûmes ce jour-là même, porte ces mots : « Le présent exemplaire a été le premier secours que j’ai eu en 1797, époque du commencement de mes études chinoises. » Il entreprenait donc seul, à quatorze ans, une tâche qui, selon l’opinion généralement répandue alors, exigeait en Chine même la vie entière d’un homme studieux. Son ardeur s’accrut avec le succès : les résultats neufs et curieux qu’il entrevoyait excitaient vivement son intérêt, et bientôt, captivé par les études de son choix, il négligea toutes les autres. Aussi, interrogé par l’examinateur du gymnase, il se trouva hors d’état de répondre aux plus simples questions. « Mais vous ne savez donc rien ? lui dit celui-ci. — Si, monsieur, je sais le chinois. — Comment le chinois ! qui vous l’aurait enseigné ?